Que faut-il retenir de l’heure de discours de François Hollande lors de son meeting hier soir à Besançon? Le candidat PS à la présidentielle, qui sent monter « la vague du changement », n’a pas hésité à répondre aux attaques de Nicolas Sarkozy, même s’il ne souhaite pas tomber dans un « pugilat obscur ». Verbatim.
« Je voulais aussi être avec Jean-Pierre Chevènement parce que je veux le rassemblement de la Gauche. Je veux le rassemblement des Républicains. Je veux dépasser ce qui nous a séparés. »
« Quel bonheur, je peux vous le confier, de pouvoir circuler sans CRS, sans barrières, sans protections, dans tous les quartiers, dans toutes les villes sans rien avoir à craindre, sauf quelques interpellations, mais c’est la vie démocratique. »
« Je composerai un gouvernement paritaire avec autant de femmes que d’hommes. Chaque membre de l’équipe gouvernementale devra respecter une charte éthique, ne devra pas cumuler un autre mandat que celui de servir le pays. »
« Je suis conscient de toutes les attentes. Mais j’ai un devoir : ne pas décevoir, ne rien promettre que je ne serai capable de tenir. »
« Rien n’est fait. Rien n’est acquis. Rien n’est conquis. C’est vous, peuple français, qui allez décider de votre avenir. »
« Les seuls que le candidat sortant aura protégés durant ces cinq dernières années, ce sont les puissants, ce sont les rentiers, ce sont les fortunés. »
« Dimanche, il [Nicolas Sarkozy] annonçait dans un entretien à un journal qu’il sentait « monter la vague ». Moi aussi ! Je la sens monter la vague, la vague de l’indignation, la vague de l’exaspération, la vague de la colère, celle du peuple qui n’en peut plus ! C’est cette vague-là, c’est la vague du changement qui arrive. Et si vous en décidez, rien ne pourra l’arrêter ! »
« Il [Nicolas Sarkozy] nous a dit qu’il est allé à Fukushima pour constater le tsunami et ses effets. J’ai vérifié : il n’est jamais allé à Fukushima. C’est donc la première fois dans l’histoire de la République qu’un candidat sortant relate un voyage qu’il n’a jamais fait. Nicolas Sarkozy aura donc été un précurseur en tout. »
« Je ne tomberai pas dans le piège grossier qui m’est tendu, me jeter dans une mêlée confuse, me tirer par la manche dans un pugilat obscur. Parce que le débat pour l’élection présidentielle mérite mieux que ces caricatures, que ces invectives, que ces dénigrements, que ces polémiques ! »
« Aucune politique n’a de sens, de portée ni de durée si elle n’intègre pas la dimension environnementale et écologique. Je suis socialiste et je me sens écologiste. »
« Je veux relancer l’Europe. Et je le dis ici à Besançon, « vieille ville espagnole » comme le disait Victor Hugo. Voyez que tout est lié : même quand on s’en prend à l’Espagne, vous êtes concernés! »
« Vous n’êtes pas n’importe quel peuple. Vous n’êtes pas n’importe quel pays. Vous êtes la Nation française ! »
« Je ne suis pas candidat contre le candidat sortant. Je suis candidat pour la France, pour le changement, pour l’espérance. »
« Je suis prêt à assumer la comparaison y compris pour la constance, y compris pour la capacité de décider. On l’avait dit « bling bling ». C’était possible. Il est surtout « zigzag » ! Il n’a pas de direction, pas de cap ! »
« J’en connais qui participent à toutes les manifestations, qui vont faire la grève autant qu’il sera nécessaire et qui doutent, à un moment, de la nécessité de voter. Eh bien moi je leur dis : la meilleure manifestation, la meilleure grève, la meilleure mobilisation, c’est le droit de vote, le jour où il est attendu ! »
« Si le 22 avril nous sommes forts, le 6 mai nous serons victorieux pour la République et pour la France ! »
Blagues, couac et autres lapsus…
C’est toujours comme ça dans un meeting: il y a des discours, écrits, et ce qui est dit par les différents orateurs. Sans compter ce qui est entendu par la salle. Voire lu et ça c’est nouveau. Bien pour les sourds et malentendants, la transcription en direct des discours. Mais qui peut faire sourire…
Forcément, en direct live, comme on dit, les petites erreurs de rien du tout prennent une grande importance devant quelques milliers de spectateurs.
Florilège.
Le maire de Besançon avait pourtant répété son discours… mais emporté par son enthousiasme, il affirme avec la véhémence de circonstance :
« Toutes les Françaises, tous les François… » Rires garantis. Il sourit. Tout content.
Après Jean-Pierre Chevènement, intervention du directeur de campagne du candidat et député du Doubs. Pierre Moscovici parle des 5 ans désastreux de Nicolas Sarkozy. Il énumère les différents fiascos du président-candidat et termine en disant «le bilan de Jean-Pierre Che… » Rires de la salle. Pierre Moscovici devait penser au 21 avril 2002 !
Le discours de François Hollande est transcrit sur les écrans en temps réel. Dur boulot ! Les erreurs de compréhension sont nombreuses :
François Hollande veut s’inscrire dans le grand mouvement progressiste de la gauche en France. A Besançon, il salue la mémoire des socialistes Utopistes, « les Considerant, Proudhon et autres Fournier » (erreur) « Fourrier » (avec deux R ! sic). On n’aura jamais la bonne orthographe !
Mais le pire, c’est le grand élan lyrique de François Hollande sur l’histoire sociale de Besançon, là où ont été inventés le RMI et l’APA. Et on l’on se souvient aussi d’Elipe. Incompréhension dans la salle. Flottement. Des Lipes. Quelques sifflets.
Il fallait comprendre des Lip. Heureusement, les spectateurs, eux, étaient à la bonne heure !
Mais je l’ai dit, c’est un dur boulot à assurer !
Catherine Eme-Ziri