10 Avr

Week-end en fête au salon du livre Jeunesse de Beaugency

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point… Et pourtant elles sont arrivées : le 33ème salon du livre Jeunesse de Beaugency se déroulera du 13 au 15 avril 2018, ouvert à tous publics, notamment les plus jeunes, c’est une bonne excursion de début de printemps et d’une valeur culturelle *** !

La particularité du salon Jeunesse de Beaugency n’est pas son exceptionnelle longévité, trente-trois ans, voilà un âge qui réjouirait bien des organisateurs de salon, ce n’est pas non plus son succès, environ quatre mille visiteurs en deux jours, qui en fait un des salons les plus visités de toute la région, ce n’est pas non plus la Jeunesse, car d’autres manifestations se consacrent également à la littérature jeunesse, mais c’est la particularité de son organisation.

En début d’année, les organisateurs dialoguent avec les représentants des écoles partcipant au salon, de façon à associer un écrivain ou un illustrateur pour la jeunesse à une classe — de la primaire au collège — avec laquelle chacun effectuera tout au long de l’année plusieurs interventions. Les enseignants mettent à profit cette rencontre d’exception pour développer soit une animation spécifique, soit une grande réalisation collective, ou encore une déclinaison d’un même thème par chacun des élèves.

En plus de stimuler la créativité des enfants, elle permet de valoriser une pédagogie dynamique, et ce n’est pas le moindre charme du salon que de voir les murs pavoisés des réalisations des enfants, résultat du travail de toute une année scolaire.

En général, si mes souvenirs sont bons, le samedi, vous voyez les enfants traîner leurs parents par la main pour leur présenter « leur » auteur ou « leur » illustrateur. À l’inverse, le dimanche, vous voyez plutôt des parents qui organisent la visite dominicale au salon et y amenant leurs enfants pour leur faire découvrir les animations du salon : atelier graphique, découverte de l’écriture par pictogramme, le salon de Beaugency est une fourmillière qui prend possession de la salle polyvalente des Hauts-de-Lutz.

Dans la salle principale, vous pourrez y trouver les vingt-deux auteurs et illustrateurs invités par les organisateurs et qui se feront un plaisir de dédicacer leurs ouvrages, dont on peut citer :

Avant de succomber au charme des réalisations des enfants exposés un peu partout, et du plaisir de participer aux ateliers de lecture ou de typographie à l’ancienne.

En plus d’y passer une journée trépidante, c’est un plaisir sans égal que de découvrir la richesse de l’édition pour l’enfance, depuis les albums pour les petits jusqu’aux romans de l’adolescence et c’est souvent une sortie très agréable de début de printemps, mi plein-air, mi-intérieur, avec des enfants qui courent dans tous les sens avec un album à la main…

Bernard Henninger

Copyright : Photos Bernard Henninger, l’affiche est l’œuvre d’Antonin LOUCHARD

04 Fév

Écume des Vieux-Fonds (Pierre Belsœur)

L’écume des Vieux-Fonds

Pierre Belsœur, dans la collection Black BERRY aux éditions La BOUINOTTE propose un polar riche et plein  de rebondissements : à recommander tout public !

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Deux plongeurs du dimanche, effectuant une sortie dans les anciennes ardoisières de Trélazé, près d’Angers, tombent sur un cadavre par 35 mètres de fond : le lieutenant Emmanuelle Champtin obtient de son commandant l’autorisation d’enquêter sur cet inconnu… mais du bout des lèvres, car le commissaire n’aime guère les cadavres anciens et les vieilles querelles qui remontent à la surface.

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Le légiste date le corps des années 70, époque où les très anciennes Ardoisières de Trélazé étaient en activité.

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Épluchant les archives de la presse, Emmanuelle est attirée par la disparition d’un certain Francis Beaudouin, ouvrier aux Ardoisières. Sa femme et ses deux fils, s’ils ont réussi à surmonter cette épreuve, ne sont jamais bien remis de sa disparition soudaine et que rien n’avait annoncé. Les fonctionnaires de police sont accueillis avec une certaine, défiance car il s’avère que l’enquête initiale a été bâclée. Néanmoins, remis en confiance par cette jeune enquêtrice sérieuse, les deux fils acceptent de donner leur salive pour une analyse ADN, seule capable d’identifier le cadavre…

À la suite des analyses ADN qui confirment l’identité du mort, le légiste parvient à démontrer qu’il y a eu assassinat. Le commandant refuse pourtant que ses enquêteurs se dispersent sur un meurtre vieux de quarante ans. Coïncidence ? Des incendies à Trélazé renvoient Emmanuelle sur les lieux du drame : les Ardoisières de Trélazé haut lieu de la mémoire ouvrière Angevine, riche d’une culture spécifique, qu’il va lui falloir appréhender pour comprendre la nature du drame qui s’est joué là quelques quarante ans plus tôt.

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À mon goût, les décideurs de télévision gagneraient à s’intéresser à des auteurs régionaux tel Pierre Belsœur. Pour un polar du samedi soir, cette Écume des Vieux Fonds fournirait un récit palpitant… En attendant, la lecture d’un bon polar est aussi l’occasion d’enchaîner plusieurs soirées et de se détendre tout en apprenant des choses sur notre région.

Petit reproche : Les enquêteurs manquent un peu de chair, leurs relations auraient pu être plus fouillées, les oppositions plus marquées, la bonhomie générale qui baigne le milieu des enquêteurs manque de… d’âpreté, mais elle ne gêne ni la narration ni l’intrigue.

Le milieu policier est décrit en détail dans sa complexité labyrinthique et l’auteur évoque sans complaisance un certain laisser-aller, conséquence probable de trop de réformes et d’excès d’économies : police-gendarmerie, les archives… le tout inséré en harmonie dans la narration, avec un soin de documentariste, donne de la vigueur au récit, l’ancre dans la modernité, et rend toute la saveur d’une vie d’enquêteur.

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Les Ardoisières de Trélazé, dominent le cœur du récit : leur fonctionnement, la fin programmée de ces carrières exploitées depuis des siècles et autour desquelles se sont développées des communautés ouvrières Angevine ou Bretonne, une culture, avec ses jeux, ses danses et ses fêtes… La passion de l’auteur pour ces lieux est sensible, vivante, avec un brin de nostalgie, mais c’est toute la saveur et les excès d’une époque qui reviennent au grand jour avec ce cadavre qui a beaucoup plus à nous dire qu’il n’en a l’air. Enfin, le ton est léger, plaisant, parsemé de dictons et de citations drôlatiques.

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Pour résumer, je trouve ce polar bien écrit, l’histoire est originale, construite, les personnages ont une richesse et des secrets que l’enquêtrice va devoir débusquer, et je trouve bien conçue l’envolée finale (je sais tout ! mais je ne dirai rien). Il ne reste qu’à souhaiter longue vie à ces Black Berry’s Stories, en souhaitant qu’elles se développent encore plus dans les années à venir.

Bernard Henninger

16 Jan

Lire au Centre, votre nouveau blog de littérature

Dédié au livre en région Centre-Val de Loire, ce blog vise à vous parler des publications, et pour commencer, quelques mots pour en esquisser les contours…

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Bienvenue sur la plateforme de blogs de francetv info. Une rubrique « Lire au Centre » a existé sur le site pendant l’année 2013, mais, faute d’une santé suffisante, elle a dû s’arrêter. Toutefois, cette première expérience a continué à me travailler en profondeur, car, pour bref qu’il ait été, ce travail — ce désir de mieux connaître les livres publiés dans ma région — a été fécond, il a en particulier modifié mes propres écrits, amené à m’intéresser plus avant sur la poésie et ses formes actuelles, tout en offrant au travers de chroniques et de notes de lectures des livres et albums édités en région Centre-Val de Loire.

Aujourd’hui, la littérature est de plus en plus éclatée et impossible à appréhender dans son ensemble :

  • petits éditeurs se développant sur de nouveaux schémas économiques,
  • auteurs auto-édités de mieux en mieux organisés et professionnalisés,
  • développement des salons littéraires dans la région
  • développement de l’édition et de la lecture numérique

font que de nombreuses publications ne sont plus accessibles par les moyens traditionnels. En parallèle, certains organes de presse, restructurés dans des holdings œuvrant sur un vaste territoire peinent à traiter des publications locales.

Les libraires aussi sont parfois débordés par des publications de plus en plus nombreuses, et éphémères. Pour ceux qui se font un honneur de garder un intérêt neuf et bienveillant pour l’édition régionale, les moyens aussi se sont démultipliés. Un livre peut se trouver seulement dans trois ou quatre librairies de la région, ou accessibles uniquement par l’Internet, par des sites personnalisés  ou par le biais de librairies en réseau.

Cette multiplication des littératures et de leur diffusion donnent donc tout leur sel au plaisir que je peux prendre à découvrir un ouvrage, à écrire quelques mots pour tenter d’en rendre compte avec le plus d’objectivité et d’imagination possible et à les donner au public pour leur en proposer la découverte.

Donc, très modestement, je fais le vœu de reprendre, poursuivre et élargir ce travail de chroniqueur, parfois de critique, mais sans obligation à un rythme le plus régulier possible… et d’espérer recevoir votre patience et susciter votre curiosité.

Bernard Henninger