« Continuité » et « transversalité », voici la ligne de conduite fixée par la nouvelle municipalité de Toulouse qui a tenu à faire un bilan d’étape mercredi dernier, après 19 mois de mandat. Continuité dans le train de mesures engagé par l’ancienne majorité de gauche (signalétique bilingue, annonces bilingues dans le métro…) et transversalité pour que l’occitan ne soit pas un ilot mais qu’il circule en périphérie dans tous les services.
De simbèus
La grande réussite de ce bilan, c’est certainement la 20ème édition du Rio Loco avec un plateau occitan conséquent le dernier jour, des animations en amont et un guide bilingue. « Le samedi, le site a été saturé dès l’après-midi. C’est la journée où il y a eu le plus de monde et c’était pour des artistes occitans. Cette réussite me sert pour appuyer d’autres actions ». Jean-Michel Lattes, premier adjoint en charge de l’occitan, savoure cette réussite. Elle servirait presque à lui faire oublier « les critiques qui ont suivis les quelques mots supplémentaires en occitan dans le métro depuis quelques mois. J’ai été surpris par la vigueur de certaines réactions ». Simplement pour « Attencion, davalada a esquèrra » et « Estacion terminus, totes los passatgiers son convidats a quitar lo tren ». Comme quoi, tout n’est pas encore gagné. Comme le tramway par exemple où l’ancienne comme la nouvelle municipalité se sont cassées les dents. Officiellement pour des raisons techniques… Ce qui fait dire à Jean-Charles Valadier, lui aussi chargé de l’occitan pour Pierre Cohen : « Aquel tramvia qu’es lo d’Alsthom parla araba a Dubai, chinés a Shanghai e l’espanhòl en Argentina. Mas parla pas occitan a Tolosa. Es pas êr de rasons tecnicas. Es simplament un blocatge. Una fòrta resisténcia dels tecnicians que vòlan pas que parlèsse occitan. Esperavi lo Joan-Miquel lattes aquí dessus. Mon amic Stéphane Coppé (president de Tisseo en 2008) impausèt l’occitan dins lo metro tre la debuta, en 2009. E Joan-Miquel Lattes a pas sachut far aquòp tre la debuta pel tramvia. Ara, serà pas de bon far vist lo nivèl de resisténcias ».
Côté signalétique, le cœur historique de la ciutat mondina a désormais ses plaques de rues bilingues. Mais pas trop au-delà. En revanche, leur installation est automatique dans les nouveaux quartiers comme Borderouge. Dans la symbolique et la continuité, c’est aussi Magalie Blénet qui a animé cette première réunion. Recrutée comme chargée de mission auprès des services culturels de la Ville par Pierre Cohen, elle est restée en place.
De mesuras
La mairie entend poursuivre la socialisation de la langue. En rééditant son guide de la culture occitane distribué dans les offices de tourisme et autres centres culturels. Mais aussi dans sa communication institutionnelle pour noël par exemple ou encore pour l’Euro 2016 où la Joventut Mondina est intervenue pour que la langue soit présente, notamment pour le guide du supporter.
Côté équipements, le collègi calandreta a été relogé à Jolimont où un projet de cité scolaire plus complète est à l’étude. Le CFPO est lui aussi relogé à Arnaud Bernard et la calandreta de Còsta Pavada elle aussi trouvera un nouveau nid à la rentrée prochaine. Quand à l’Ostal d’Occitània, la mairie veut en faire un lieu de vie plus quotidien, avec l’aménagement d’un espace restauration. Les études de faisabilité ont été faites et le restaurant devrait ouvrir début 2016.
De partenaris
La mairie développe aussi une politique partenariale. Jean-Michel Lattes assure que tout se passe bien avec la région, mais aussi avec le conseil départemental qui compte désormais un élu chargé de l’occitan. Une réflexion est menée au niveau de la métropole où Jean-Michel Lattes est le vice-président. Pour l’instant c’est un peu le néant mais le premier adjoint entend y reproduire certaines actions de la ville. Des opérations vont être menées avec le CIRDOC de Béziers. Benjamin Assié était d’ailleurs présent mercredi dernier lors de cette réunion où le monde occitan était convié.
Le CIRDOC a traduit le système Rosalis (bibliothèque numérique de Toulouse) qui permet à tout un chacun d’avoir accès à certains documents libres de droits dont le plus ancien (La vie de Sainte marguerite) qui remonte au XIVème. Les livres occitans sont plus présents et peuvent être prêtés, ainsi que des méthodes d’apprentissages dans les 22 bibliothèques municipales. Une formation initiation à l’occitan est d’ailleurs proposée au personnel communal. C’est l’IEO qui a remporté le marché. Une journée en 2016 y sera consacrée dans le cadre du Droit Individuel à la Formation.
A destinations du jeune public, la ville organise aussi des parcours urbains. Des parcours éducatifs où les enfants font connaissance avec l’occitan comme à Jolimont, ou lors de séjours découverte à Saint-Laurent de Neste (65). Il existe aussi des passeports pour l’art avec les mêmes objectifs réalisées par le COMDT ou l’association d’Arts et d’oc. Le temps périscolaires est aussi propice à des activités occitanes. 8 CLAE y participent.
2018 annada occitana a Tolosa.
Dans cette voie de popularisation de l’occitan, l’idée a été lancée de fêter l’anniversaire de la mort de Simon de Monfort. Un projet quelque peu saugrenu mais qui ne se limitera pas à la seule journée du 25 juin 2018. « Il y aura des événements sur toute l’année. Imprégner la ville de l’occitan dans tous les domaines. Pourquoi pas un tournoi de soule pour le sport, un opéra occitan côté musique. Lors de la fête du 14 juillet, nous pourrions mettre des artistes occitans sur la grande scène… Nous avons 3 ans pour nous préparer. J’ai déjà écrit à toutes les délégations municipales ». Jean-Michel Lattes et les occitans ne manqueront pas d’idées. « Notre bilan vient très largement de leurs idées. L’enjeu c’est que nous ayons des rendez-vous réguliers qui permettent au monde occitan de mesurer les progrès réalisés ».
2018 comme une sorte de point d’orgue d’un encrage politique qui semble sincère, à quelques encablures de nouvelles élections municipales. Entre temps, la mairie compte bien rendre compte régulièrement de ses actions en faveur de l’occitan. Au vu de l’affluence lors de ce premier rendez-vous mercredi, la mairie et son premier adjoint peuvent y voir un encouragement certain.
Lo Benaset