Ksenia Milicevic est une peintre de renommée internationale, née en Bosnie-Herzégovine. Elle y a posé ses toiles à Saint-Frajou, petit village du Saint-Gaudinois d’environ 200 habitants. Une donation qui a permis de monter un musée et d’organiser plusieurs événements dont une exposition unique en France : une biennale de peintures d’enfants du monde entier. En quittant la « Sava » de l’ex-Yougoslavie, pour la Save de la Garonne, l’histoire de Ksenia est faite de Save et de saveurs.
De pinturas de mainatges
Saint-Frajou mérite le détour. Pour ses collines verdoyantes, son petit village préservé et jusqu’au 8 mai, une exposition de peintures d’enfants du monde entier. Une idée parmi tant d’autres de Ksenia avec cette biennale qui est en à sa troisième édition. Sourire aux lèvres et pinceaux en main, elle a contacté des écoles, fait jouer ses relations. Résultat : plus de 300 dessins reçus venant de 17 pays différents.
Le thème demandé : « l‘architecture traditionnelle dans votre pays ». Et à voir le résultat, on est tout simplement espanté, bluffé. La qualité est tout bonnement extraordinaire dans les couleurs, les perspectives, les détails… mention spéciales aux élèves de Taiwan…
…et à ce tableau d’une grand maîtrise fait par une élève de Roumanie.
Avec de grandes originalité : des enfants de Colombie qui ont peint avec du marc de café, des peintures noirs et blancs d’une belle maîtrise, les couleurs vives et chatoyantes des élèves de Pologne…L’œil ne sait pas où se poser tellement c’est beau! A tel point qu’on pourrait se demander s’ils ont bien été réalisés par des enfants qui ont entre 6 et 14 ans… Selon Ksenia, « les enfants ont très certainement été aidés mais si l’on regarde de près les traits de pinceaux oui, il s’agit bien des enfants. » Vous pouvez découvrir ces merveilles jusqu’au 8 mai. Mais ce n’est pas tout.
Un musèu dins una escòla anciana
Alors qu’elle dispose d’un atelier à Montmartre au bateau-lavoir, Ksenia réside depuis 10 ans à Saint-Frajou. La beauté des paysages, son jardin et son mari Jean-Claude l’ont définitivement convaincue. Avec la volonté farouche de faire vivre cet écrin de couleurs. Elle décide alors de faire une donation à la commune d’une trentaine de toiles. Un geste fort tant les oeuvres de Ksenia sont présentes dans les musées du monde entier : Argentine, Brésil, Espagne, Mexique, Canada, Italie, France, Etats Unis, Japon, Allemagne, Norvège... L’école communale ayant rangé ses crayons depuis 1990, les habitants se disent alors qu’on pourrait la transformer en musée.
Le maire étant maçon, les voilà partis dans de grands travaux sur les murs, la toiture, l’extérieur. Tout le monde met la main à la truelle. Pas un sou de subvention mais la volonté des habitants. Et ils ne sont pas très nombreux… Environ 200. Le bâtiment de l’école des garçons est préservé dans son architecture, une première salle ouvre, puis une seconde dans l’ancien préau… Le musée est inauguré en 2011. Cet hiver encore, des travaux ont été faits dans la cour.
Les oeuvres de Ksenia sont donc exposées mais le musée organise aussi des expositions temporaires tous les 2 mois avec des artistes internationaux, nationaux et locaux. Et le salon Art résilience du 6 au 21 août 2016.
Las Savas de Ksenia e sas sabors.
Les parents de Ksenia ont été des résistants à l’armée allemande lors de la seconde guerre mondiale. Sa mère est née aux USA, son père au Monténégro où elle passe sa prime enfance. Entourée par la rivière Save qui coule dans 4 pays de l’ex-Yougoslavie et conflue à Belgrade. Voilà plus de 40 ans, c’est le coup de foudre avec Jean-Claude, un enfant de Saint-Frajou. Avec lui, ils voyagent et s’installent dans plusieurs pays notamment en Amérique Latine. Souvent Jean-Claude lui parle de la beauté exceptionnelle des paysages de son enfance. Quand Ksenia arrive enfin à Saint-Frajou, elle y découvre ces collines magnifiées : « C’est le Paradis! » Avec une belle surprise : la Save coule aussi ici ! Depuis, c’est son lieu de vie, sa source d’inspiration et de réflexion.
A l’image de ses tableaux avec juxtaposition de plans et belles perspectives, cette architecte urbaniste est en train de bâtir une oeuvre multiple et riche dans ce petit village commingeois qui se dénommait « Belle serre » durant la révolution. Encore un clin d’œil !
Lo Benaset