05 Sep

Politesse

Madame Trierweiler sort un livre que je ne lirai pas. D’abord parce que devant l’abondance de la rentrée littéraire, il me semblerait dommage de risquer de passer à côté d’un vrai livre. Encore une fois je vous le répète, je n’ai pas voté François Hollande.

Aussi, ne voyez aucune camaraderie machiste dans mes propos, du reste en général, loin de moi l’idée de juger une femme qui aurait souffert de la conduite d’un homme. Mais il se trouve qu’il s’agit du Président de la République, et l’humilier publiquement alors qu’il est encore en exercice, c’est tenter de le rabaisser vis-à-vis du monde, donc c’est salir la France. (Ciel ! Le patriotisme n’est pourtant pas vraiment mon truc !)

Or notre pays étant déjà la risée de la planète à force de s’en croire toujours le centre, choisir cette période pour régler ses problèmes de coeur participe d’un manque de responsabilité des plus infantile, accompagné d’un certain mépris pour le sort des Français. Je ne m’aventurerai pas à mettre en doute l’urgence des pulsions littéraires de cette dame, mais il me semble que la publication de cette «oeuvre» pouvait souffrir quelques mois de retard.

De même que je ne discuterai pas les raisons qui l’ont poussé à ce geste, mais à ce que je sache, elle n’est pas la seule femme à avoir été trahie récemment, il en existe heureusement certaines qui ont de la tenue. Aussi, devant cette regrettable histoire, la seule idée qui me vient à l’esprit c’est : VIVE ANNE SINCLAIR !

Politesse

Petites phrases du récent langage commun qu’il serait de bon ton d’oublier (acte 2 / cliquer ici pour lire l’acte 1) :

  1. C’est «ouf» !
  2. On s’est «frité grave».
  3. C’est quoi ton «06» ?
  4. Vu à la télévision : on est «SUR» une vraie bonne nouvelle pour les gens qui souffrent des gencives…
  5. «Y’a pas d’souçi»

Jean-Marie Périer

27 Août

Ah si seulement j’étais capable de rester vigilant comme ce magnifique chat !

Chat blog

Copyright Jean-Marie Périer

Petites phrases du récent langage commun qu’il serait de bon ton d’oublier :

  1. Je vais «SUR» Paris ( Entendu dans tous les médias et repris par les sommeliers à cause des préceptes déplorables de l’école hôtelière : on va aller «SUR» un Meursault…)
  2. Ridicule «DE CHEZ» ridicule, avec variante : «LE TOP DU TOP» (Plus + Plus = Moins)
  3. «Elle est pas belle la vie ?» (Peut donner des envies de suicide)
  4. Moi je dis ça j’dis rien… (Alors tais-toi)
  5. Les mots du genre «Meuf» ou «keuf», utilisés généralement pas les terrorisés du fauteuil Stanah courant après leur jeunesse (Stanah : objet déprimant permettant de monter des escaliers sur son cul)
  6. On va dire que… (Alors dis-le !)

Liste non-exhaustive qui appelle une suite…

Nouveau gouvernement.

Et allez ! En avant les annonces médiatiques dès le lendemain matin : «Une majorité de Français estime que la politique économique du gouvernement ne sera pas efficace». On voudrait peut-être nous faire croire à un sondage fait dans la nuit ?

Je n’ai pas voté Hollande mais vous ne m’entendrez jamais dire de mal du Président. Les français l’ont voulu, Il a été élu, donc silence. Le brouhaha médiatique ne sert à rien d’autre qu’à faire plonger le pays et un peu d’humilité serait bienvenue de la part de la classe politique. Pourquoi aucun membre de l’opposition n’a-t-il l’élégance de dire: «Laissons lui le temps, je souhaite pour la France qu’il réussisse». Pourquoi ? « C’est le jeu !»  me répond-t-on.

Le jeu avec la vie des gens ? Décidément je ne crois ni à la gauche ni à la droite, je me méfie des extrêmes et de la politique en général, presqu’autant que des religions. Comment peut-on en 2014 se dire gaulliste, socialiste, communiste ? Tout ça sent la poussière et les dogmes destinés à des gens incapables de penser par eux-mêmes. J’appartiens à un des plus grands partis dont on ne parle jamais, celui de ceux qui ont mauvaise conscience, mes capacités politiques s’arrêtent là. Raisonnement de petit bourgeois. Oui et alors ? Je ne vais quand même pas m’excuser d’être un petit bourgeois…

C’est la rentrée, dans les médias je vais retrouver Yves Calvi (qui a l’art de poser les questions que je me pose) et Natacha Pollony (avec laquelle je suis toujours d’accord). Ils sont absents des programmes d’été, alors moi vous comprenez je perds mes marques, ce qui signifie sans doute que je me fais vieux. Dieu merci (il faut que j’arrête avec cette expression qui n’a aucun sens pour un athée). Je ne croirais en Dieu que si j’étais certain qu’il croit en moi. En même temps s’il croyait en moi, je ne le prendrais sûrement pas pour un Dieu.

Jean-Marie Périer

16 Août

Quelle époque formidable !

Une femme a tenté de passer à la douane un kilo et demi de cocaïne planqué dans ses implants mammaires. D’où lui est venue cette idée ? Du sein au lait ? La blanche lui aurait-elle rappelé le lait en poudre ? Si un jour elle accouche, j’espère qu’elle optera pour le biberon.

Aux Etats-Unis, dans une prison du Texas, faute de budget la direction a utilisé un produit moins cher pour administrer une peine de mort. Le condamné a mis deux heures à agoniser dans des souffrances horribles. Donc si j’ai bien compris, on peut relever la tête, la bas aussi il y a la crise.

Au Moyen-Orient, des fous de Dieu enterrent des gens vivants et en crucifient d’autres. Je ne comprends pas pourquoi je me fais engueuler à chaque fois que j’ose dire que tous les ennuis de la planète nous viennent des religions. Et de l’argent bien sûr, (ce qui revient parfois au même).

Sept-cents millions de femmes sont mariées de force dans le monde, et nous on se plaint parce que l’été est pourri…

jmp 4

Copyright Jean-Marie Périer

Vous voyez l’homme en face de Françoise Hardy sur la photo ? Il s’appelait Jacques Wolfsohn. Il fut dans les années 60 le seul vrai découvreur de talents de la chanson française. Il est au départ de la carrière de Johnny Hallyday qu’il impose dès 1958, alors que les journalistes et autres gens dits «du métier» se rient de ce jeune homme qui veut chanter et danser comme ceux qui, de l’autre côté de l’Atlantique, sont en train d’inventer le rock.

Alors qu’en 1962 les artistes prennent des pseudonymes américains, Wolfsohn lance Françoise, une belle chanteuse un peu triste, ceci en pleine vogue du twist. En 1966 il donne sa chance à son assistant en le faisant enregistrer, c’est Jacques Dutronc. Et on le retrouve même plus tard au début du groupe «Téléphone».

Il est certainement le type le plus étonnant que j’ai rencontré dans le monde du spectacle. Un humour à vif toujours tenté par la contradiction. Si vous lui disiez : «il fait beau», il y avait des chances pour qu’il vous réponde qu’il pleut. J’ai peut-être été son ami, mais je n’en serai jamais sûr, il n’était pas du genre à s’épancher. Nous sommes pas mal à Paris à lui devoir beaucoup.

Il est mort cette semaine, et ça n’a même pas fait une ligne dans les journaux.

Jean-Marie Périer

23 Juin

Quelques questions en passant…

  • Pourquoi en France les gens votent-ils toujours « contre » au lieu de voter « pour » ?
  • Pourquoi le soir des résultats des élections, les politiques expliquent-t-ils qu’ils ont un peu gagné lorsqu’ils ont perdu ?
  • Pourquoi ces derniers parlent-ils toujours de « rassemblement », comme si la langue française n’offrait pas d’autre mots ?
  • Pourquoi assurent-t-ils en remontant leur col que la France est la cinquième puissance mondiale alors que c’est fini depuis trente ans ?
  • Pourquoi affirment-ils qu’un scandale est toujours « sans précédent » ?
  • Pourquoi les gens de gauche détricotent-ils systématiquement ce qu’ont fait les gens de droite et vice-versa ?
  • Pourquoi refusent-ils d’admettre que la France ne peut se diriger qu’au centre ?
  • Pourquoi serait-il impossible d’inventer un parti calme, efficace et serein loin des Mélenchonneries et autres Boutinades ?
  • Pourquoi mes chers amis les paysans Aveyronnais votent-ils pour un parti qui veut fermer les frontières alors que quatre-vingt pour cent d’entre eux ne pourraient survivre sans les subventions de l’Europe ?
  • Pourquoi les Parisiens aiment-ils si peu les chiens alors que ceux-ci apportent un peu d’humanité à leurs trottoirs ?
  • Pourquoi les journalistes politiques de radio et de télévision se croient-ils obligés de couper la parole à leurs invités ?
  • Pourquoi est-il si difficile de retirer de son carnet d’adresses le nom de quelqu’un qui vient de mourir ?
  • Pourquoi lorsqu’ils sont à court d’arguments, les gens finissent souvent par vous accuser d’être populiste ?
  • Pourquoi les deux choses qui m’insupportent le plus dans la vie sont les scènes d’accouchement dans les films et les étiquettes sur les pommes ?
  • Pourquoi même si l’engouement des gens pour le foot me réjouit, les matches me font-ils penser à la guerre ?
  • Pourquoi ne donne-t-on pas la légion d’honneur au plus beau sourire de la mode, à savoir celui d’Isabelle Marant ?
  • Pourquoi fait-on de plus en plus d’enfants puisqu’on sait de moins en moins les élever ?
  • Pourquoi les Français sont-ils aussi peu courtois avec les touristes étrangers qui les font vivre ?
  • Pourquoi n’y a-t-il que Mick Jagger qui ne prenne pas de ventre en vieillissant ?
  • Pourquoi les présentateurs télé continuent-ils à faire la promotion de la drogue pour avoir l’air « dans le coup » sans se soucier du mal qu’ils font ?
  • Pourquoi plus j’avance en âge, la chose dont je suis le plus sûr c’est que je ne suis sûr de rien ?
  • Pourquoi étaler ses « pensées » dans un blog quand on peut planter un arbre ?

Et surtout :

  • Pourquoi Albert Cossery, le grand écrivain, dernier Dandy de Saint Germain des prés, n’est-il plus de ce monde ? (voir photo)
Copyright Jean-Marie Périer

Copyright Jean-Marie Périer

Si vous avez des réponses, n’hésitez pas : http://jean-marie-perier.net/ ou commentez cet article.

Jean-Marie Périer

06 Juin

Chuck Berry, Mick Jagger, John Lennon

L’autre jour à la radio, j’ai entendu quelqu’un déclarer : «Moi je suis rock !». Cette assertion m’a semblé tellement dérisoire que j’aurais aimé pouvoir lui dire :

Le rock c’est d’abord une musique et une danse. Point.

La volonté de vouloir « être rock » de nos jours est une lubie d’admirateur fantasmant d’être John Lennon au début des années 70.

Les obsédés de la «branchouille» croient qu’il suffit de mettre des lunettes noires, un blouson de cuir et de jeter une télé par la fenêtre pour se forger une identité de rebelle, alors que ce n’est que l’apanage des suiveurs.

Quand j’ai rencontré les Beatles et les Rolling Stones, ils étaient en cravate, ce qui ne les empêchait pas «d’être» le rock, le vrai, celui que j’ai eu le privilège de voir de près à ses débuts. Je me méfie toujours de ceux qui ont la panoplie.

Copyright Jean-Marie Périer

Par exemple, Jean Genêt que j’ai côtoyé pendant quelques mois au début des années 70 avait l’air de tout sauf d’un écrivain. On aurait dit un peintre en bâtiment. Pourtant, Dieu sait s’il l’était «rock» selon la formule consacrée, mais il ne tentait pas de le paraître.

Chuck Berry, un des inventeurs de la musique rock, avec lequel j’ai traversé le Sud des Etats-Unis en 1966 ne voulait ni manager ni musiciens, il faisait sa tournée seul en décapotable, engageant des musiciens dans des bars pour le concert du soir et il n’entrait sur scène qu’après avoir reçu son cachet en cash. Son attitude était-elle donc «rock» ?

En tout cas c’était sans le rechercher.

Keith Richards, torse et pieds nus sur le tarmac de l’aéroport de Houston, trainant une écharpe sanscrite en buvant au goulot d’une bouteille de Bourbon sous un soleil de plomb avant de s’effondrer dans l’avion privé des Rolling Stones,  vivait ce que les autres désigneront plus tard comme l’attitude «Rock». Mais lui au moins il l’inventait.

Je me souviens aussi du grondement de pieds des spectateurs ébranlant le sol du Madison square garden de New York pour un concert des Stones. Des milliers de gens qui n’ont pu entrer hurlent au dehors tandis qu’un orage éclate affolant les chevaux des policiers débordés par la foule, vision d’apocalypse. Je retrouve Mick Jagger seul dans sa loge, le visage posé sur sa main, en train de se regarder dans un miroir. Il a l’air triste. Comme je lui demande si ça va, il me regarde et me dit :

«Oui. Je m’ennuie, c’est tout.»

Alors ce jour-là, d’accord, j’ai eu l’impression de toucher le rock du doigt.

 Mais aujourd’hui, «être rock» ça ne veut plus dire grand-chose, c’est vouloir à tout prix monter dans un ancien train de la mode. Terrorisé à l’idée d’être proscrit par les obsédés de «La Carte» le mouton devient caméléon pour épouser «le goût des autres», cette hantise de devenir celui qu’on préfère ne pas voir qu’Agnès Jaoui a si bien décrit dans son film. Si vous saviez combien j’en ai vu passer des types qui «avaient la carte»…

Où sont-ils aujourd’hui ? Il m’a toujours semblé qu’il ne fallait jamais être «dans le vent», mais être le vent lui-même ou rien, ou ne serait-ce que soi.

Le vent, bien sûr, ça balaie tout, ça chamboule avec force, et puis ça passe.

Finalement la seule chose qui compte, c’est de tenir la longueur.

Alors être « rock »…

Jean-Marie Périer

PS : Article paru dans « Le Villefranchois » le 5 juin 2014.

13 Mai

La Marseillaise n’appartient à personne

En 1960, lorsque je suis parti faire mes vingt-huit mois de service militaire, la première chose que l’armée m’a appris, c’est à respecter la Marseillaise. Et ceux que j’ai vu se faire tuer en Algérie m’ont surement aidés à en comprendre le sens (comme vous pouvez le voir, moi j’avais la chance de tenir une caméra et non un fusil, donc n’allez pas penser que je me prends pour un héros.)

Copyright Jean-Marie Périer

Copyright Jean-Marie Périer

Aussi, de la part de Madame Taubira, désigner la Marseillaise comme un «Karaoké» n’est certes pas des plus fins, mais j’ai le sentiment qu’elle a surtout traduit un malaise commun à certains de nos politiciens.

Moi ce qui me choque beaucoup plus depuis toujours c’est de voir les partis politiques de tous bords chanter l’hymne national à la fin de leurs meetings. La Marseillaise appartient d’abord à tous les français et non à une tendance qu’elle soit de droite, de gauche ou de quelque extrême. De quel droit un parti transforme-t-il un chant pour lequel tant d’hommes sont morts en slogan publicitaire pour ses idées ? Sans compter le spectacle affligeant de ces gens au garde à vous, les bras raidis par la recherche d’une dignité illusoire, l’oeil rivé vers le ciel pour tenter de cacher qu’ils ne connaissent que la première phrase du texte (généralement ils se détendent à : « Abreuve nos sillons ») et dans l’espoir qu’arrive la fin de cette mascarade, tout en s’adonnant au hit parade de celui qui chantera le plus faux.

Je crois que ceux qui se taisent sont simplement conscients du ridicule de la situation et je suis convaincu que la plupart des politiciens seraient soulagés qu’on ne leur impose plus cette torture à la fin de leurs meetings.

Ainsi la Marseillaise retrouverait son rôle de lien de tous les Français, on la réserverait seulement aux vraies grandes occasions, rendant ainsi hommage à tous ceux qui ont donné leur vie en son nom. L’hymne national n’est pas un pensum, il est tout ce qui nous reste du temps où la France était dirigée par des gens qui la respectaient, quand elle était encore dans le peloton de tête des nations au lieu d’être en passe de devenir le jardin d’acclimatation du monde libre.

Jean-Marie Périer

03 Avr

Jean-Claude Luche

On ne peut pas s’intéresser sérieusement aux Aveyronnais sans rencontrer ceux qui les dirigent. Il est de bon ton dans la faune médiatique de s’adonner à l’admonestation forcenée des politiques du pays. Aussi permettez-moi de ne pas suivre cet exemple.

C’est donc avec plaisir et sans à priori que je me penche aujourd’hui sur le cas de Jean-Claude Luche, le président du conseil général de l’Aveyron.

Copyright Jean-Marie Périer

Copyright Jean-Marie Périer

Né à Pierrefiche, un petit village de l’Aveyron, son parcours de la ferme familiale à sa situation actuelle est édifiant. Après avoir commencé en travaillant au Crédit Agricole, il a vite pris goût à la vie publique en devenant maire de son village puis de St Geniez d’Olt, la ville voisine. Sa façon de faire de la politique n’a pas grand-chose à voir avec celle des joueurs d’échecs des salons de la capitale, sa promiscuité avec la population n’est pas feinte et s’il aime les gens de son pays, ces derniers le lui rendent bien. Je ne serais pas étonné que cet Aveyronnais pur sucre soit la fierté des gens d’ici, car sa réussite s’apparente un peu à celle d’un curé de campagne qui deviendrait pape.

Mais il n’est pas arrivé là par hasard. Il faut le voir évoluer dans les rues des villes, saluant les passants en les appelant tous par leur prénom. Quand j’imagine sa vie au quotidien je ne suis pas certain de l’envier. Etre responsable des finances d’un département signifie qu’il ne croise que des gens qui réclament, qui se plaignent ou qui râlent, et je crains que ceux qui remercient soient moins nombreux.

Déjà le rôle de maire d’une petite ville n’est pas une sinécure, il faut sans cesse décider, calmer, trancher, recruter, ne pas trop promettre tout en tenant ses promesses, ça sent l’emploi du temps chargé, alors vous imaginez gérer tous les maires d’un département ? En quelque sorte, ça revient à être un peu la mère des maires.

Son sourire ressemble à son terroir, il a l’aisance des gens du midi mais sans la roublardise de ceux des bords de mer. Je ne retrouve pas dans son discours les tics exaspérants des chantres de la langue de plomb qui toutes les trois phrases nous réclament l’indispensable

« RASSEMBLEMENT » devant le déclin « SANS PRECEDENT » de la France, « CINQUIEME PUISSANCE MONDIALE », tous ces mots vidés de leur sens par l’hégémonie des inévitables « éléments de langage » qu’on impose en intraveineuse à l’homme politique de base.

Tout en l’observant serrer des mains alentour je me demande finalement si la force de Jean-Claude Luche ne viendrait pas d’avoir une tête d’unité nationale.

Il m’a d’abord présenté son frère, lequel a repris la ferme familiale, puis sa belle-sœur qui tient l’épicerie du village après avoir participé à la traite du matin, enfin il n’a pu s’empêcher de me faire rencontrer sa meute, autrement dit sa passion. Autant sur sa vie personnelle il aurait tendance à faire court, autant il est infatigable sur ses chiens. Là bien-sûr je suis en terrain conquis, même si les exploits de ses bêtes au cours d’une partie de chasse ridiculiseraient ma chienne, laquelle prend la fuite devant la moindre taupe.

Soudain je comprends mieux comment il fait face à toutes ses responsabilités, il lui suffit de venir dans son chenil et de s’y asseoir tout en défaisant sa cravate, le regard d’un chien étant, comme chacun sait, la plus belle des récompenses.

Jean-Marie Périer

Post-scriptum : Madame Christine Boutin est une abomination.

11 Mar

Mon arrière-grand-mère Réjane, la plus grande comédienne de son temps

Ma famille est tellement variée que j’ai oublié de vous en présenter un des membres importants, et non des moindres.

Au début du siècle dernier mon arrière-grand-mère était, avec Sarah Bernardht, la plus grande comédienne de son temps.

Elle s’appelait Réjane. A une époque où sur la scène, les acteurs déclamaient de manière emphatique les grands classiques de la tragédie, Réjane, née du côté de la porte Saint Martin ne reniera jamais ses origines, apportant au théâtre populaire ses lettres de noblesse en gardant cet accent faubourien qui deviendra son style.

Réjane (collection privée Jean-Marie Périer)

Réjane (collection privée Jean-Marie Périer)

Son père, un ancien comédien dirigera plus tard le théâtre de l’ambigu, pendant que sa femme Alphonsine s’occupera de la caisse. C’est ainsi que petite fille, elle découvrira sa vocation en passant sa jeunesse dans les coulisses à imiter les acteurs aux heures où les enfants s’endorment.

En 1872, elle a quinze ans, et elle entre naturellement au conservatoire d’art dramatique de Paris. En fin d’année elle obtient le second prix d’interprétation et c’est à partir de là que la petite Gabrielle Reju devient la grande Réjane.

Lorsqu’il la rencontre, Paul Porel est le directeur du théâtre du Vaudeville, certainement l’établissement le plus prestigieux de Paris, c’est donc un homme puissant qui s’éprend de cette femme aussi belle qu’insolente. Il a quinze ans de plus qu’elle et il va lui vouer sa vie.

Ils deviendront bientôt un couple très en vue des soirées parisiennes.

A partir de là, Réjane va enchaîner les pièces. De « Georgette Lemeunier » à « Zaza », en passant par « La maison de poupée » d’Ibsen, elle interprètera enfin son plus grand succès, « Madame Sans gêne », la pièce de Victorien Sardou (aucun lien avec Michel, celui qui épousera ma sœur Anne-Marie, si ce n’est le talent). Ce rôle d’une femme du peuple est très nouveau dans l’univers du théâtre, et le fait qu’une pièce soit centrée sur un personnage de ce genre a pour effet de déclencher la fureur des conservateurs de l’époque, lesquels iront jusqu’à provoquer une interpellation à la Chambre. Prouvant ainsi que les hommes politiques n’étaient guère plus sérieux qu’aujourd’hui.

Réjane va désormais jouer sur les scènes du monde entier.

Il est étrange de penser qu’au début du vingtième siècle, alors qu’il n’y avait ni téléphone, ni internet, où qu’elle aille, outre-atlantique, en Russie, en Grèce ou en Italie, partout elle faisait salle comble.

Au moment de l’affaire Dreyfus, Réjane et Paul Porel entraîneront la moitié de Paris à leur suite dans la défense du malheureux capitaine. C’est ainsi que Marcel Proust deviendra l’ami de la grande comédienne, du reste il habitera chez elle dans les heures difficiles.

En ces temps-là, les défilés des grands couturiers n’existaient pas, c’est en choisissant les robes pour incarner leurs rôles que les actrices lançaient les modes.

Réjane avait pour habitude d’aller faire ses courses dans son petit cab, une élégante carriole à deux places tirée par les deux mules que lui avait offert le roi du Portugal.

Cette voiture était désormais très connue sur la terre battue des Champs Elysées car Réjane faisait mettre sous le harnais de ses deux mules des bouquets de violettes à la hauteur de l’oreille.

Aussi, lorsque, passant devant l’Elysées, elle croisait la voiture du président Emile Loubet, celui-ci ne manquait jamais de lever son chapeau pour la saluer au passage. Il arrivait qu’elle ne fût même pas dedans, c’est donc amusant de penser que le Président saluait parfois des mules.

Après un divorce d’avec son mentor et un dernier amour pour un jeune italien, Réjane ne cessera de parcourir le monde en soulevant l’enthousiasme des foules. Comme Sarah Bernhardt, Coquelin ainé ou Caruso elle restera un de ces monstres sacrés que l’on visite comme un grand monument.

Puis elle ira finir sa vie entre Venise et Paris afin de faire cadeau de ses derniers sourires à l’enfant de son fils, sa petite fille, ma mère Jacqueline Porel.

Et puis un jour viendra la fin qui verra Marcel Proust se pencher une dernière fois sur le corps de Réjane.

Ainsi le premier des écrivains du 20ème siècle dira adieu à la dernière des comédiennes du 19ème.

Je réalise une fois de plus en écrivant cette chronique combien il est agréable d’avoir la chance d’être fier de sa famille.

Jean-Marie Périer

19 Fév

Régis Pagniez

Ils sont rares les amis de cinquante-six ans, il ne m’en reste que deux, Daniel Filipacchi et Régis Pagniez. Vous ne connaissez pas le nom de ce dernier et pourtant il a façonné le visuel de la plupart des magazines que vous feuilletez depuis l’après-guerre et ce jusqu’à l’an 2000. Au début des années 50, il travaille à la maquette de « Paris-Match » et « Marie-Claire ». En 1962 il crée la mise en page on ne peut plus moderne pour l’époque de « Salut les copains », « Mlle âge tendre » et « LUI » magazine. Ensuite Régis sera également le directeur artistique de « ELLE » en France et aux Etats-Unis. Six journaux qui marqueront fortement soixante années de la presse de notre pays, c’est beaucoup pour un seul homme.

Copyright Jean-Marie Périer

Copyright Jean-Marie Périer

Régis était au groupe Filipacchi ce que l’ail est à la cuisine, sans lui rien n’aurait eu de goût. Quiconque le rencontre ne peut s’empêcher de s’y attacher, c’est une sorte d’anarchiste aristocrate qui pousse la coquetterie jusqu’à surtout n’avoir l’air de rien. Il cache une sensibilité à fleur de peau derrière un paravent de phrases négatives à la limite d’un cynisme trop énorme pour être sincère.

Je le rencontrai en 1956 et à mon retour d’Algérie j’ai eu la chance formidable de vivre avec lui et sa famille certainement les douze plus belles années de ma vie. En effet nous partagions à Paris des ateliers mitoyens, lui, sa femme Jamie et ses deux filles d’un côté et moi avec ma vie de célibataire insouciant de l’autre.

Cet arrangement tenait du mariage idéal, chez Régis on entendait des rires d’enfants et chez moi c’était la fête continuelle, il y avait de la musique tout le temps. Et fort, trop fort sûrement. Sauf pour Anne et Fanny, les deux fillettes de Régis que ce vacarme amusait. Avec les Pagniez, nous vivions un peu en communauté, bien avant que les hippies y pensent, mais sans les chemises à fleur et les chèvres du jardin. Dans les années 60-70 notre appartement voyait passer du beau monde, Anne et Fanny prenaient leur petit déjeuner avec Françoise Hardy, rigolaient aux blagues de Dutronc ou Johnny et venaient en douce danser le soir pendant que les « copains » musiciens  du monde entier se plaisaient à s’éclater la tronche au son des Rolling Stones ou de James Brown. Etait-ce un bon exemple ? Sans doute car aujourd’hui je vous rassure elles vont très bien.

Si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que je lui ai dédié ma dernière exposition au Bazacle de Toulouse et que beaucoup de visiteurs me demandaient de qui il s’agissait. Aujourd’hui il est toujours mon ami proche et comme il vient me voir de temps en temps dans l’Aveyron, si vous me croisez un jour au marché en compagnie d’un homme aux cheveux blancs et aux chaussures raffinées, vous saurez désormais que c’est lui, Régis Pagniez.

Jean-Marie Périer

05 Fév

Arrêtez de plaisanter avec la drogue !

Sans vouloir jouer les rabat-joies, il me semble urgent de mettre un frein à cette mode récurrente dans les médias qui consiste à faire de l’humour sur le cannabis et autre cocaïne. C’est bien joli de la part de certains chroniqueurs ou présentateurs parisiens de faire la promotion des drogues à seule fin de redorer leur petit blason de vieux jeune branchouillé, cela participe néanmoins d’un mépris absolu pour tous ces jeunes gens au quotidien défavorisé (ou non défavorisé) qui par ennui autant que par manque de repères, se piquant de vouloir ressembler à celui qui brille « dans le poste », finiront par se piquer tout court pour finir en légume sur le gazon des squares ou en momie agenouillée dans les toilettes d’une gare. Je connais personnellement un bac + 5 qui aujourd’hui ne parle plus qu’aux cailloux.

Drogues

Copyright Jean-Marie Périer

Croyez-moi, je n’ai rien à voir avec les cathos-bobos-neotrucs de la droite extrême qui fleurissent les rues des grandes villes ces temps-ci, pas plus qu’avec les impétrants-gauchos-bonne-conscience qui leur succèdent en confondant nos rues avec des déversoirs à idées mal digérées voire incomprises. Beaucoup d’entre eux manifestent pour être «CONTRE», ils me donnent le sentiment de ne même plus savoir vraiment contre quoi.

Je me permets ce sursaut d’énervement parce que je constate que cette mode de la plaisanterie sur les drogues est tellement entrée dans les moeurs des médias qu’on oublie que rien que le cannabis peut mener à des dérives mentales irréversibles chez des gens trop jeunes dont le cerveau est beaucoup plus fragile qu’on ne le pense. Ça fait quarante ans que j’assiste à cette débâcle et le phénomène ne fait qu’empirer. Alors bien sûr, j’en entends déjà qui me diront : «Et toi qu’est-ce que tu faisais avec les Rolling Stones en 67 ? » C’est vrai, mais d’abord moi j’avais 27 ans, je n’ai jamais touché à rien d’autre et en plus je fumais du Ganja qui arrivait direct de Peshawar, ça n’avait rien à voir avec les saloperies chimiques que les mômes ingurgitent aujourd’hui. Et puis j’ai arrêté dès que j’ai eu des gosses et en tout cas, je n’ai jamais poussé quelqu’un à le faire.

Pour ce qui est de la légalisation du cannabis, j’avoue être partagé. A part la possibilité de rapporter de l’argent à l’Etat, ce qui me semble toujours une bonne intention si ça permet de baisser les impôts (depuis quand n’a-t-on plus le droit de rêver ?), l’idée que la mettre en vente libre découragera les dealers me semble un peu naïve. Je vois mal les pontes du trafic aller pointer à l’ANPE du jour au lendemain. Je crains qu’au contraire ils mettent sur le marché un produit plus dangereux, moins cher et qui aura l’attrait de l’interdit. Car c’est pour beaucoup cet interdit qui pousse les jeunes gens à essayer, la posture de fraudeur rebelle en a fait plonger plus d’un. C’est pourquoi je demande aux irresponsables qui ont la chance d’avoir une tribune de cesser leurs plaisanteries sur les drogues diverses, ce faisant ils les banalisent, les excusent, ils les rendent fréquentables. Ça finit par des morts, je peux vous assurer que je sais de quoi je parle.

Jean Marie Périer

RSS