Il est de bon ton dans les milieux autorisés de dire qu’on ne regarde jamais la télévision. Je constate donc avec plaisir que je ne dois pas en faire partie. J’aime tout « dans le poste », à part le sport parce que rien que le voir me fatigue en me culpabilisant et surtout la télé-réalité puisqu’à mon sens ce n’est ni de la télé ni la réalité.
Quiconque possède un zappeur peut constater la variété incroyable des possibilités qu’offrent les « bouquets » (mot très bien choisi, vingt roses valent effectivement plus que cinq). Ayant beaucoup voyagé, je peux vous assurer que la télévision française est vraiment ce qui se fait de mieux. Ma préférence allant aux débats politiques dont certains vous dirons que ce n’est rien d’autre que de la radio filmée. C’est faux ! L’image change tout, les silences à la radio sont aussitôt une erreur technique, alors que devant les caméras le spectacle continue et une hésitation en dit parfois plus long qu’un interminable discours.
En soi la chose politique m’est assez étrangère mais je suis fasciné par sa comédie. Et dans cet exercice je fais partie de ces nombreux téléspectateurs qui affectionnent Yves Calvi.
Il pose souvent la question juste parce qu’elle ressemble à celle qu’on aimerait poser. Il n’a pas ce travers absolument insupportable de beaucoup de ses confrères qui consiste à systématiquement interrompre ses invités au milieu d’une phrase. Il ne s’adonne pas à des mimiques de désapprobation à coups de regard vers le plafond pour déstabiliser l’autre, bref il n’invite pas des gens à seule fin de se mettre en valeur. Et s’il lui arrive d’être espiègle ce n’est jamais malveillant ou vulgaire. J’avoue que, quelqu’en soit la raison, j’enrage quand son émission est déprogrammée le lundi soir sur France 2.
Bref, pour moi Yves Calvi est à la politique ce que Pivot était à la littérature.
Bon. Si ça ce n’est pas du compliment, qu’on me les coupe.
Jean Marie Périer