13 Mai

Découvrez la voix du Métro de Toulouse qui fait chanter les langues régionales

Vous avez peut-être entendu sa voix dans les annonces du Métro toulousain. Muriel Batbie-Castell chante en occitan, plus rarement en français, sans artifice. Avec ce nouvel album « Par tous les chemins » elle étend son registre aux 6 langues régionales majeures de France. Un disque qui va à l’essentiel : une voix de soprano, des cordes de harpe ou de guitare pour accompagner, laisser le frisson et les émotions arriver…

Lo plaser de cantar (le plaisir de chanter)

La voix claire, légèrement voilée, va chercher dans les aigus, se régénère dans les graves. Le chant, Muriel Batbie-Castell le maîtrise. Cette Commingeoise a travaillé la technique vocale au conservatoire national de région de Toulouse. Diplômée de chant baroque au Conservatoire de Narbonne, de chant lyrique aux conservatoires de Lorient et Montauban. Au delà de ce bagage technique, on sent qu’il y a la passion du chant, de la voix, de tout ce qu’elle peut faire passer. Le plaisir de se confronter aux sons, de sentir jusqu’où ils peuvent amener et toucher.

Alors pas besoin d’avoir pléthore d’accompagnements. Juste de quoi poser sa voix, tel un oiseau sur le fil. Muriel a toujours aimé chanter comme ça. Même si elle faisait partie de formations plus fournies au début de sa carrière, comme l’ensemble Avinens pour interpréter les troubadours. On peut citer encore la formation baroque Hypocras, le trio Miegterrana avec le très bon joueur de oud Lakhdar Hanou. Mais depuis, elle vole beaucoup de ses propres ailes.

Per totes camins (par tous les chemins)

En 2019 un florilège poétique rassemble pour la première fois l’œuvre poétique d’auteurs contemporains qui écrivent en langue régionale. On y retrouve des écrivains occitans, basques, bretons, catalans, corses et alsaciens. L’Occitane Marie-Jeanne Verny qui a dirigé cet ouvrage avec le Corse Norbert Paganelli lui demande alors d’élaborer un récital avec des chansons dans toutes les langues pour présenter cet ouvrage. « Eri liure de causir los poèmas. Ne faguèri un recital pel CIRDOC de Besièrs, que tornèri far per l’Estivada de Rodés, l’Universitat Occitana de Nimes, en Corsèga tanben a Bastia. » « J’étais libre de choisir les poèmes. J’en ai fait un récital au CIRDOC de Béziers, puis à l’Estivada de Rodez ».

Avec la difficulté de chanter dans des langues que l’on ne comprend pas et de choisir parmi plus de 100 auteurs. Le récital fonctionne. Gérard Zuchetto des éditions Trobar Vox lui demande alors d’en faire un disque. Elle convie son amie harpiste Anne-Claire Cazalet pour jouer et faire les arrangements de 10 chansons.

D’envoladas liricas

Muriel Batbie-Castell a signé toutes les compositions, d’où l’importance de bien choisir les textes. « La causida se faguèt en fonccion de la metrica. Cal una forma pròcha de la cançon. Me cal m’enamorar dels textes, e m’enamorèri dels 17! » « Le choix des textes s’est fait en fonction de la métrique. Que ce soit une forme proche de la poésie. IL faut que je tombe amoureuse des textes. C’était le cas pour les 17 choisis ».

Le disque est comme un voyage de par les sonorités distinctes de chaque langue, de par la voix qui sait épouser les mots.

Estivada de Rodés de 2019 © Muriel Batbie-Castell

Finalement, on se laisse porter par la voix souvent a capella, la sobriété de l’accompagnement. Rien n’est forcé mais très naturel, au gré des douceurs. Quelques notes de harpe pour montrer le chemin…M’arriscaré (J’oserai). Les mots s’égrainent, les sons fleurissent. On s’installe dans cette belle version de la poésie du Catalan Pere Figuères. Le temps est suspendu. « Es un messatge fòrt del Pere. Representa l’estat d’urgencia per la natura e l’environa ». « C’est un message fort de Pere Figuères. Il représente l’état d’urgence pour la nature et l’environement. »

Pere Figueres – M. Batbie Castell – M’arriscaré

Le disque est empreint de lyrisme, la voix sait se faire douce, scander au rythme des percussions comme pour la chanson Focchi Paoli, presque évanescente dans le très beau morceau Nòsti mot d’un poète occitan relativement peu connu : Michèu Courty. Tantôt posée, tantôt fragile et humaine, la voix nous attache au fil des cordes de la guitare ou de la harpe. Chacun des 17 morceaux a son univers, sa musicalité, son atmosphère. Des petites parenthèses très courtes, qui vont à l’essentiel.

Max Roqueta – M. Batbie Castell – Comba de la trelha (lo mèrle)

Les amoureux des mots y découvriront des auteurs, les passionnés de lyrique y entendront une belle maîtrise vocale comme dans Mercant d’oblit (marchant d’oubli) de l’auteur Brigitte Miremont-Orazzio. Un écrivain peu connu très bien mise en valeur par la composition de Muriel Batbie-Castell.  Un petit coup de cœur pour la Corse qui a l’air d’inspirer particulièrement la chanteuse. Notamment la poétesse Marianghjula Antonetti-Orsoni. « Sa poesia es deja musica. Era presenta quand cantèri en Corsèga. M’ofriguet un recuèlh de poèmas seus e quand los legissi, canti ! » « Sa poésie c’est déjà de la musique. Elle était là quand j’ai chanté en Corse. Elle m’a offert un recueil de poèmes et quand je les lis, je chante! » 

Une tournée était prévue pour porter ces beaux moments sur scène et trouver les échos du public. Le spectacle  « Par tous les chemins » reviendra. Sa voix dans le métro avait donné le ton. Ce disque montre l’étendue de sa gamme. Comme un petit bonheur tout simple dont il faut profiter.

Site de Muriel Batbie-Castell

Editions Trobar Vox

Benoît Roux

12 Mai

« Rough And Rowdy Ways » le double album de Bob Dylan sortira le 19 juin

Il aura été l’un des rares artistes assez prolifique durant ce confinement. Bob Dylan vient de sortir sur les plateformes de téléchargements 3 nouvelles chansons. Ce qui n’était pas arrivé depuis 2012. Le nouveau double album « Rough And Rowdy Ways » est annoncé pour le 29 juin. Et en plus, ces 3 nouvelles chansons sont plutôt bonnes.

Pochette du nouvel album

Nous avions laissé le Zim avec des reprises de Sinatra. Comme un aveu d’un manque d’inspiration, l’envie de faire une pause dans sa longue carrière. Mais que sait-il faire de mieux que d’écrire des chansons profondes, poétiques et pleines de sens?

Comme déjà évoqué ici, le titre Murder Most Foul renoue avec la veine créatrice de Dylan.

Un morceau digne d’un prix Nobel de littérature, où l’on retrouve aussi une voix plus affirmée, même si l’interprétation n’a jamais été son point fort. Nouveauté du moment, le 3ème titre False Prophet sorti le 7 mai.

Un bon vieux blues sorti de derrière les fagots, servi sur un tempo impeccable et une voix rocailleuse. Autant dire que les 3 titres sont tous très différents et laissent augurer un nouvel album de très bonne facture.

Il reste donc 7 chansons à découvrir au mois de juin. Le double album est en pré-commande sur plusieurs sites. L’attente n’a jamais été aussi longue.

Bonus Track

Bob Dylan – Knockin’ On Heaven’s Door (Unplugged 1995)

Benoît Roux

11 Mai

Déconfinement : quand la musique classique se met au chaud

Premier jour de déconfinement, pas spécialement sous le beau temps. La musique classique est réputée un peu froide, parfois inaccessible. Voici quelques initiatives qui ont permis de la réchauffer singulièrement. Comme la Vème Symphonie de Beethoven dite « tragique » version salsa, Bach qui fait un voyage en Afrique, le Beau Danube Bleu en crue avec un orchestre turc. La musique classique comme vous ne l’avez jamais entendu, déconfinée sur des territoires plus chauds.

Les Klazz Brothers reprennent du classique version salsa. Photo : captation Youtube

Des orchestres et des arrangeurs spécialisés pour faire monter la salsa

Des congas, maracas, parfois une batterie, perdus au milieu des violons, contrebasses et violoncelles… Une forêt de cuivres qui brillent, vent debout face aux autres instruments… un pianiste déchaîné prêt à se lever, c’est le spectacle un tantinet inhabituel auquel nous pouvons parfois assister. De quoi dérider les partitions classiques les plus austères. De quoi réchauffer et donner de la légèreté par exemple à la très froide et lourde 5ème Symphonie de Beethoven. Et même si c’est un orchestre d’un pays froid, ça le fait grave.

Orchestre de la Radio Norvégienne & le Hovedøen Social Club : 5ème de Beethoven

Cet orchestre de la radio Norvégienne et cette formation cubaine se sont faits une spécialité des détournements de classiques. Ils ont sortis plusieurs disques et se sont attaqués à La Petite Musique de Nuit de Mozart, ou encore Carmen de Bizet qui commence comme du James Bond.

Carmen de Bizet

Le pianiste Sverre Indris Joner signe tous les arrangements. Sur la 5ème de Beethoven, pas franchement prédestinée à la salsa, il réussit à préserver l’original tout en l’amenant sur des contrées très surprenantes. 

Chez les Klazz Brothers, c’est avant tout une affaire de famille. Ces 2 frères musiciens allemands sont tombés amoureux de la musique cubaine. Ils ont rencontré les musiciens de Compay Segundo et reçu de nombreuses récompenses (dont un Grammy Award) pour leurs alliances classico-cubaines. Le Beau Danube Bleu valse avec le cha cha cha, au piano Tobias Forster, à la contrebasse son frère Kilian, avec des percussions cubaines. L’orchestre Symphonique Présidentiel d’Ankara (oui, oui, un orchestre turc !) est dirigé par Erol Erdinc. L’enregistrement date de 2013, le morceau est très réussi et la vidéo très étonnante. L’orchestre se prête au jeu et prend du plaisir, notamment lorsqu’une petite fille se met à danser d’abord dans la salle puis sur scène!

Klazz Brothers & l’Orchestre Symphonique présidentiel d’Ankara : Le Beau Danube Bleu

Bach to Africa

Et il n’y a pas que la salsa. En 1995, le musicien français Hugues de Courson sort une petite bombe musicale : Lambarena. Avec cette idée : marier la musique traditionnelle du Gabon avec Jean-Sébastien Bach! Inattendu et gros succès discographique pour ce type de production à la marge. Il faut dire que ça fonctionne parfaitement car les arrangements de Hughes de Courson et Pierre Akendengue sont très soignés. Pour la petite histoire, le disque s’appelle ainsi car Lambaréné est une ville du Gabon où le célèbre Dr Schweitzer avait fondé une léproserie. Ce brave Albert était lui même organiste et l’orgue, l’instrument de prédilection de Bach.

Lambarena : Sankanda + Lasset uns den nicht zerteilen

Hugues de Courson a récidivé avec 2 autres disques un peu moins réussis : O’Stravaganza , Vivaldi marié avec l’Irlande et Mozart qu’il envoie en Egypte.

Pour en revenir à Jean-Sébastien Bach, 2 années après Lambarena, le groupe Sweetbox sample le célèbre Aria de Bach (Suite pour orchestre N°3) et mélange musique baroque et rap. Un morceau hip-hop très inventif au tempo ralenti.

Sweetbox : « Everything’s gonna be alright »

Une bonne manière de faire entendre différemment la musique dite classique. Et autant il y a des incertitudes sur le déconfinement que nous allons vivre, autant pour celui de la musique classique… everything’s gonna be alright.  

Benoît Roux

10 Mai

3 600 amateurs chantent Gainsbourg avec la Maîtrise de Radio France

Des amateurs qui chantent et qui jouent avec des pros de l’orchestre ou des chœurs de Radio France, c’est l’expérience très intéressante que proposait le service public radiophonique. Le blog Ecoute Voir faisait part de cette initiative le 29 avril. Après la Valse N°2 de Chostakovitch partagée avec l’Orchestre National, voici donc La Javanaise que vous pouviez chanter avec les jeunes choristes (Maîtrise) de Radio France et Jane Birkin. Beaucoup d’internautes amateurs ont relevé le défi.

C’est encore une fois un succès. Plus de 3600 vidéos reçues par les équipes de Radio France pour chanter La Javanaise de Gainsbourg. Auparavant, 4000 internautes avaient interprété la célèbre Valse N°2 de Chostakovitch. Un succès tel que 2 autres vidéos seront publiées courant mai.

La Javanaise chantée par Vous et Jane Birkin

La voix de Jane en avant, celles des amateurs en réponse, c’est encore une fois une version très singulière qui résulte de cette expérience. Des voix solos, des chœurs, Jane en avant, Jane en retrait, 645 choristes qui poussent derrière, le résultat est assez agréable.

Un spectacle original imaginé par la Maîtrise de Radio France et le Théâtre du Chatelet avec France Musique. Avec ce projet intitulé Le temps d’une chanson, le célèbre morceau de Gainsbourg a été arrangé par une ancienne élève de la Maîtrise (chœurs d’enfants) de Radio France : Lise Borel. Des tutos en ligne permettaient de travailler son interprétation en fonction des 4 registres de voix. 

Le mixage des voix devait être encore plus périlleux que pour les instruments, il est vrai que l’on entend plus les voix soprano que les mezzos ou les basses…  Reste à savoir si Radio France mettra en ligne les autres vidéos comme elle le fera pour la Valse de Chostakovitch afin que chacun y retrouve son compte. Histoire d’éviter de la frustration du « J’avoue j’en ai bavé pas vous? », pour rien!

Sur le site de France Musique, Radio France et le Théâtre du Châtelet remercient les nombreux participants au projet Le temps d’une chanson. Ils concluent : « La musique et la chanson nous offrent ce terrain de rencontre rêvé ».

Bonus track : Gainsbourg, un compositeur très CLASSIQUE

Cette initiative Le temps d’une chanson est somme toute logique pour un artiste qui s’est toujours inspiré du classique et qui en écoutait beaucoup Frédéric Chopin.

Le morceau le plus évident est sans doute B.B. Initials où les cordes et le rythme rappelle le 1er mouvement de la symphonie N°9 d’Anton Dvorak (vidéo vers 1’45). Une déclaration d’amour a Brigitte Bardot très romantique sur fond de musique tchèque.

Beaucoup de titres de Jane Birkin ont aussi été inspirés par les compositeurs classiques. Notamment la très belle Lost Song empruntée au Chant de Solveig d’Edvard Grieg.

Lost Song Jane Birkin

Dernier exemple, le sulfureux Lemon Incest chanté avec sa fille Charlotte qui avait fait scandale à l’époque. On y reconnait la mélodie de l’Etude N°3 op.10 dite « tristesse » de Frédéric Chopin.

Lemon Incest Charlotte et Serge Gainsbourg (1984)

Gainsbourg avait trouve là une vraie source d’inspiration et une belle manière de faire découvrir la musique classique au grand public.

Benoît Roux

09 Mai

Little Richard la légende du Rock’n roll en 10 dates

L’interprète de l’inoubliable « Tutti Frutti » est mort ce samedi 9 mai à l’âge de 87 ans. Son fils l’a annoncé au magazine Rolling Stone. Après la seconde guerre mondiale, il a secoué l’Amérique de ses rythmes endiablés.  Retour sur un parcours musical assez atypique et une personnalité assez flamboyante. De son vrai nom Richard Wayne Penniman, Little Richard restera comme l’un des géants du rock’n roll.

Né le 5 décembre 1932, à Macon (Géorgie, sud-est des USA) est très vite passionné de musique. Il se réfugie dans les églises pour écouter beaucoup de gospel.

1955 : Tutti Frutti

France Info rappelle que le texte de cet énorme tube évoquait au départ le sexe entre hommes. Il a été réécrit pour ne pas heurter. Après avoir écouté et chanté beaucoup de gospel, ce titre est rodé lors de spectacles de drag queen de l’artiste. Il sera enregistré en studio quelques années plus tard. Le titre sera repris par Elvis Presley, Queen (Wembley 86), Sting ou encore Johnny Halliday et Eddy Mitchell chez nous.

1956 : Good Golly, Miss Molly 

Un an plus tard il récidive. Train d’enfer au piano (qu’il joue lui même), sax et cuivres en avant, voix éraillée, un vrai tube. La même année, il sort aussi Long Time Sally. Autant dire que sa carrière est bine lancée.

Version enregistrée (live) en 1964

1957 : Lucille

Même recette, du bon R&B extraverti, interprété par un artiste au sommet de son art, toujours à la limite de la rupture. La chanson est composé par Little Richard lui même et un guitariste qui allait faire un grande carrière aussi : Albert Collins. Little Richard est avec les meilleurs musiciens, la plupart jouaient avec Fat Domino. Les Beatles ont enregistré deux fois ce titre.

Alors que sa carrière est sur orbite, Little Richard se proclame missionnaire de la congrégation évangélique « Church of God ». Le voilà adventiste. Alors qu’il déclarait être gay, il se marie avec une femme de cette église. Mais très rapidement, il retourne voir les hommes.

1958-1962 : il travaille avec le producteur Quincy Jones

Il enregistre notamment avec lui un album de Gospel. En 1972, on retrouve Quincy Jones arrangeur et Little Richard interprète sur ce morceau. Do it-To it!

1962-1963 tournée européenne avec de futures stars

L’artiste n’est plus adventiste. Il effectue une tournée européenne. En première partie, quelques noms prestigieux. En 1962 avec les Beatles à Liverpool. 1963 : à Hambourg avec… les Rolling Stones! Une consécration et un succès plus grand que dans son propre pays.

Les Beatles reprennent Long Tall Sally en 1964

 

1964 : Little Richards rencontre Jimi Hendrix

En 1959, il rencontre Jimi Hendrix qui se faisait appeler Maurice James, les 2 familles habitant Seattle. Quelques années plus tard (1964), il rejoint la star américaine. Auparavant, Hendrix avait joué avec Wilson Pickett et Sam Cooke. Il avait à peine 20 ans.

I Don’t Know What You’ve Got, But It’s Got Me avec Hendrix à la guitare

1964 : il renoue avec le succès

Après quelques errances adventistes, l’artiste refait surface et se consacre au rock’n roll. Il enregistre ce titre qui le ramène sur le devant de la scène.

Little Richard « Bama Lama Bama Loo » + itv où il parle des Beatles et des Beach Boys

1969 :  Toronto Rock’n roll Revival Festival

Little Richards se retrouve à Toronto pour ce grand festival. Il partage la scène avec les rockeurs Bo Diddley, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry… mais aussi John Lennon et Yoko Ono.

Lucille live in Torronto

1993 : Grammy Award

Il reçoit un Grammy Award récompensant l’ensemble de sa carrière. Une distinction pour un grand prince du rock.

2006 dernier enregistrement

En 2006, il participe à l’album Jambalaya d’Eddy Mitchell. Eddy, Johnny et Little richards interprètent un autre tube d’une autre étoile du rock : Eddie Cochran.  avec lequel il interprète, en trio avec Johnny Hallyday, une version franco américaine du standard d’Eddie CochranSomethin’ Else. Une carrière…. qu’elle est terrible !

Benoît Roux

05 Mai

Musique : La Symphonie Confinée revient avec un titre de Bob Dylan

Le mois dernier, Valentin Vander proposait à d’autres artistes de jouer et chanter « La Tendresse » de Bourvil. Une Symphonie Confinée qui a fait un tabac. Il vient de récidiver avec des artistes du monde entier. Une vraie réussite, artistique et humaine. Le morceau a déjà un air de déconfinement : « Blowin’ in the Wind » de Bob Dylan. Avec la Symphonie mais aussi son groupe « Les Goguettes », Valentin Vander est porté par le vent… du succès!

 

Valentin Vander confiné dans le Gers. © Valentin Vander

La première « Symphonie Confinée » a dépassé les 3,6 millions de vues. Pas mal pour un rassemblement d’artistes sans têtes d’affiches. Depuis un mois, le confinement nous a valu plusieurs vidéos confinées d’artistes solo ou pas, parfois des nouvelles chansons. Mais cette initiative de Valentin Vander apporte un vrai plus : une fraîcheur, une originalité, une authenticité qui font du bien. Cette nouvelle version est un hymne à la diversité, à l’écoute, au partage malgré une conjoncture pas très rassurante.

Les débuts de la Symphonie Confinée

Je venais de sortir un disque quand mon quotidien artistique a été bouleversé. J’avais un rythme frénétique et j’ai eu peur du vide, de l’ennui… J’ai donc voulu proposer un challenge, un truc collectif et ambitieux. Vu qu’on ne peut plus rien faire, on va faire plus fort!

L‘occasion aussi de maintenir les liens avec les potes. Le parisien Valentin Vander se retrouve confiné en famille à Montclar (Gers). Très rapidement, il enregistre une base voix-guitare de « La Tendresse » de Bourvil et l’envoie aux artistes qu’il connaît. Pourquoi ce choix ?

Le travail est nécessaire mais s’il faut rester des semaines sans rien faire, eh bien… On s’y fait

Comme une résonnance avec ce que l’on vit. Et pourquoi une « Symphonie Confinée »? « Je cherchais un titre punchy. On est bien des musiciens qui jouent ensemble donc le titre est approprié. Même si d’habitude c’est pour du Beethoven ou du Mozart! »

Le souffle de Blowin’ in the Wind et le soutien du manager de Bob Dylan

Valentin Vander ne pensait pas forcément à une deuxième symphonie. Mais il a eu des messages du monde entier après la publication de la vidéo de Bourvil.  » S’il y avait un intérêt d’en faire une autre, c’était d’élargir à d’autres artistes du monde entier ». Oui mais sur quel titre? « C’est comme pour Bourvil. J’ai écouté Blowin’ in the Wind et tout colle parfaitement. Alors je me suis mis dans le contexte. J’ai lu des biographies de Dylan, écouté du folk américain. Il fallait que je m’imprègne. »

Il avait aussi ce rêve fou que Bob Dylan lui-même participe. Ca n’a pas été le cas mais son manager a donné son accord et encouragé l’initiative. Idem pour la maison de disques. Il ne restait plus qu’à envoyer un nouvel enregistrement guitare-voix de « Blowin’ in the Wind » à des relais dans le monde entier.

Une babel artistique

Pour ce nouvel opus, 70 artistes ont participé depuis les quatre coins du monde pour soutenir tous ceux qui se battent contre le coronavirus. « J’ai lancé un message comme une bouteille à la mer. C’est extraordinaire la générosité des gens alors que l’on ne se connaît pas. Ils vont prendre une demie journée pour participer au projet, sans savoir le résultat. On a eu des choses inattendues, des gens qui chantent en polonais, russe, italien, portugais… avec des musiciens du monde entier : Québec, Pologne, Rwanda, Australie, Espagne, Portugal, Brésil, Israël… »

Valentin Vander n’avait pas donné de consignes. Les artistes pouvaient jouer sur n’importe quel instrument et chanter dans n’importe quelle langue. Le résultat est vivifiant avec des instruments parfois surprenants, une multitude de langues et quelques interventions très rigolotes.

Des artistes français à découvrir

Aucun des 70 artistes de cette version 2 n’était intervenu sur la première vidéo. Mais on y retrouve quelques français, notamment d’Occitanie où Valentin Vander est confiné. « Ce sont 3 amis toulousains avec lesquels on joue souvent et on fait la fête. Il y a Aleth Chapoy-Favier qui est sophrologue et Rémi Laurent qui est un prof de piano. Puis j’ai demandé à Remy Gouffault qui est un très bon batteur de jazz. »

Dans la vidéo il y a beaucoup de clins d’œil. Comme ces 2 infirmiers de la région parisienne qui chantent sur leur lieu de travail… ou encore les artistes de la première vidéo qui reviennent juste le temps d’une phrase pour la version française.

Une vraie direction artistique

Si cette vidéo est autant plaisante, c’est parce-que les choix artistiques sont bons. « J’ai voulu changer le rythme de la chanson. Laisser la version originale à 2 temps pour faire quelque chose de plus oriental, qui se prête davantage à une symphonie. Recevoir des proposition d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Orient, c’est magique. C’est surtout réjouissant à l’oreille et un vrai plaisir! »

Si le projet était bien libre, le résultat est très cadré. Les timbres de voix sont typés, les percussions très riches, les guitares complémentaires et les cuivres très pertinents. « Je suis très sensible à la mélodie. Je cherchais la ligne mélodioque chants-contrechants la plus claire possible. C’est ce qui m’a guidé dans mon menage pour la vidéo finale. J’ai éliminé tout ce qui brouillait la mélodie. J’aime bien les trucs épurés. »

Paul, Valentin et Julia dans le Gers. © Valentin Vander

Une vraie direction artistique qui magnifie cette belle version et qui rend ce morceau maintes fois entendu, unique. Reste ensuite l’énorme travail de mixage que Valentin Vander a fait avec son père Paul Vanderhaegen. Le travail titanesque de montage vidéo réalisé par sa soeur Julia Vander et le mastering brillant de Nicolas Thevenin.

Cet opus 2 de la symphonie confinée est une belle réussite… Qui appelle une version 3?

Je n’aime pas me répéter donc je le ferais seulement s’il me vient une autre idée.

En tous cas, cette expérience aura élargi le spectre musical de Valentin Vander qui vient de sortir son nouvel album solo « Mon étrangère ». 

Dès que le confinement sera terminé, j’ai envie d’aller voir tous ces artistes, de jouer avec eux. Je me dis que la Symphonie Confinée aura été un pont extraordinaire pour aller jouer de la musique partout dans le monde!

Valentin et Julia Vander. © Valentin Vander

Bonus track : La symphonie confinée#1

Pour l’épisode N°1 (La Tendresse » de Bourvil),  45 artistes de toute le France ont été  réunis à distance pour donner des résonances à la petite valse. Pour un résultat très réussi, avec des belles voix, et beaucoup de découvertes car c’est artistes n’étaient pas les plus connus. Une fraîcheur artistique visionnée par 3,6M d’internautes.

La symphonie confinée#1 « La tendresse » de Bourvil

T’as voulu voir le salon – Les Goguettes (en trio mais à quatre)

Benoît Roux

03 Mai

Le chanteur Kabyle Idir, chantre de la fraternité, est mort

Sa famille a annoncé hier soir le décès du chanteur kabyle Idir à l’âge de 70 ans. Ce fils de berger qui avait fait des études de géologie est arrivé dans la chanson un peu par hasard, mais aussi par conviction et par amour. On retiendra son engagement pour la culture kabyle et contre les obscurantismes religieux. Sur fond de grande humanité.

©PHOTOPQR/LE PROGRES/THEVENOT LAURENT – via MaxPPP

Hamid Cheriet est un enfant modeste du petit village d’Aït Lahcène (kabylie, Algérie). Une enfance bercée par la poésie, l’atmosphère magique des veillées familiales empreintes de traditions orales. Un terrain propice à la modestie et à l’écoute de l’autre. Plus tard, sous son nom d’artiste, Idir sera aussi un homme discret.

De sa voix chaude et envoutante, il a réussi à conquérir un public au-delà de son pays. En 1976, avec « A Vava Inouva » chanté en berbère, il a connu le succès dans près de 80 pays, traduit dans une quinzaine de langues. Un morceau sous forme de berceuse, le premier tube d’Afrique du Nord magnifié par sa voix chaleureuse, qui a fait prendre à sa culture natale une autre dimension.

La fraternité en étendard

Le parcours artistique d’Idir n’est pas une longue ligne droite sans cassures. Notamment par le fait qu’il a dû quitter son pays pour s’établir à Paris. Mais aussi parce-qu’il était loin du show-biz et de toute préoccupation carriériste. Plusieurs fois il a mis en suspens la musique, arrêté la production discographique, la scène. Mais il n’a jamais rangé ses valeurs. Notamment avec l’album « Identités » sorti en 99 où il invite Manu Chao, les Bretons Gilles Servat et Dan ar Braz, Zebda ou encore le grand chanteur Ougandais Geoffrey Oryema. Toujours la fraternité des peuples. Surtout quand les cultures sont minorisées.

Idir interprétant le Se Canta (occitan) à l’Etivada de Rodez

L’hommage des bretons à Idir.

En 2007, en plein débat sur l’identité nationale, il sort un disque républicain « La France des couleurs » où il défend la diversité. Sa voix, ses chansons respirent l’ouverture, le partage, l’humanité, le voyage aussi. Comme le rapelle Le Monde, Pierre Bourdieu disait de lui : « Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille. »

Hommage de France 24

Un poète engagé des temps modernes

L’humanisme profond de l’homme se retrouve dans sa voix. Idir est avant tout un interprète. D’ailleurs en 2017 sur l’album « Ici et ailleurs », il reprend Lavilliers, Aznavour, Cabrel, en langue berbère. C’est aussi un musicien qui a d’abord appris l’instrument des bergers : la flûte. Viendra ensuite la guitare, puis les instruments traditionnels : bendirs, darboukas. Comme bon nombre d’artistes issus de cultures minorisées, il a pris les bases traditionnelles kabyles et les a modernisés. Tel des Nadau, Marti pour l’occitan, Dan ar Braz ou Malicorne chez les bretons, I Muvrini pour la Corse il n’a pas hésité à mettre de l’électrique, du moderne, sans renier quoi que ce soit.

En langue berbère, Idir signifie « Il vivra ». Cet admirateur de Brassens disait qu’une chanson valait 1 000 discours. Son oeuvre musicale n’est pas très quantitative, mais il aura marqué le paysage musical.

Hommage de Berbère Télévision

Benoît Roux

 

02 Mai

Le groupe de Toulouse Princess Thailand met la musique noise en dentelle

Princess Thailand vient de sortir son deuxième album le 24 avril. « And whe shine » est dans la lignée pop-noise, post-punk, no-wave (qu’es aquò?!) du premier. Mais le jusqu’au boutisme musical est désormais moins brut, plus travaillé, presque  en dentelles. Sans renier évidemment ce qui a fait la force du quintet toulousain emmené par la chanteuse Aniela Bastide habitée par un feu vocal. Rencontre au sommet du volcan de ce magma musical incandescent.

Princess Thailand © Alexandre Ollier

On avait laissé ce jeune groupe (2017) en pré-tournée à l’étranger à l’automne, après un Zenith partagé début mars 2020 à Toulouse. Histoire de roder les morceaux de ce nouvel album enregistré au studio Barberine (dans le Lot) chez Arthur Ferrari.

Il n’est jamais facile de réussir un second disque quand le premier a été chaleureusement salué. « And we shine » est à la fois dans la lignée mais différent du précédent qui n’avait pas de nom. C’est Aniela qui le résume le mieux. « La matière noise est notre identité première. Il y a du jusqu’au boutisme dans ma voix criée, dans les instruments. Le premier disque était brut, enregistré comme du live.On voulait faire le deuxième disque dans l’autre sens : de ce noise, faire de la dentelle, avec plus de contrastes. » 

La dentelle de chez Arthur

Le disque devait s’enregistrer à Paris mais le groupe cherchait un lieu de résidence pour écrire et composer les morceaux. Direction prise à la campagne, au studio Barberine près de Moncuq dans le Lot. « C’est un endroit incroyable, paumé, paradisiaque! Il y le studio qu’avait créé Nino Ferrer. Mais son fils Arthur Ferrari l’a étendu. Tu peux te plugger dans n’importe quel endroit. Ca respire la musique, les instruments sont partout. On s’y sent bien. On dort sur une mezzanine au-dessus du studio. »  Si le lieu a obtenu les faveurs du groupe, que dire de son hôte?

Studio Barberine ©Primary

Les styles musicaux de Princess Thailand ne sont pas ceux d’Arthur Ferrari. Mais c’est lui qui a insisté pour les enregistrer après les avoir entendus en résidence. « Il est revenu nous chercher en disant très clairement qu’il aimerait beaucoup nous enregistrer, s’impliquer sur l’album, en devenir l’éditeur.  »

Princess Thailand a atterri dans le Lot un peu au hasard. Et comme souvent pour le groupe, il a bien fait les choses. « C’est une très belle rencontre. Il m’a fait changer ma manière de chanter sur certains titres, moins dans la violence et l’urgence. Je n’étais pas convaincu au départ, mais il avait raison. Il a utilisé  aussi la chambre de réverb de son père. Arthur, c’est vraiment quelqu’un qui compte. On est devenus de vrais amis. »

Le groupe en studio avec Arthur Ferrari devant à droite ©Primary

Princess Thailand passe au large

Avec ce second album, le quintet toulousain élargi le spectre. Déjà, c’est quasi un sextet car il y a un sixième musicien qui fait des flûtes de toutes sortes. Il y a donc Aniela au chant, Patrick et JB aux guitares, Max à la basse et Jean à la batterie. On notera aussi des claviers qu’il n’y avait pas sur le premier. A l’écoute, ça sonne moins fiévreux, pas tant jusqu’au-boutiste et bruitiste que son prédécesseur. Ce qui n’est pas pour déplaire à notre prof de Lettres classiques. Oui, oui, on parle toujours d’Aniela!

« C’est toujours mélancolique lié aux paroles au son très noise. Mais c’est plus léché, abouti. C’est le ressenti d’un autre moment, un truc plus large. »

Panorama autour du studio. ©Primary

Plus introverti aussi. Il faut dire que la maternité est passé par là. « In this room » où la difficulté d’être parents. L’un de mes morceaux préférés, avec un climat plus doux, aérien, avec une intro à la flûte matinée de claviers. « Into her skin » est son pendant négatif. Un morceau plus posé, qui a donc tapé dans l’oreille de Bertrand Cantat avec ces paroles « à l’intérieur de ta peau je ne suis plus rien ».

La révolte est toujours criante et l’urgence créatrice. Mais à l’image du titre de l’album, il y a une sortie à tout ça : « And whe shine ».

A l’heure des silences urbains, et des détresses murées dans nos entre-chez-soi, échos d’un passé

révolu et désormais fictif, comment ne pas voir l’évidence de nos contradictions humaines,

contraintes, empêtrées et alourdies…

Et pourtant…nous rions, nous pleurons, nous sentons, nous goûtons… Et pourtant nous vivons.

Le magma est toujours en ébullition mais la lave est moins rageuse. Toutes les compos sont signées par les 5 membres du groupe.

« And whe shine » Princess Thailand

Des influences multiples

La nouvelle production respire toujours la noise matinée de pop, à la fois new-wave et no-wave. « Vocalement, j’aime bien l’expérience de la limite. J’ai beaucoup écouté Björk, le mec d’Idles. On a tous été nourris à Joy Division ou The Cure pour la fulgurance. » .Aniela a découvert le chant sur le tard, en autodidacte, en ayant fait de la batterie. Son chant est beaucoup plus maîtrisé dans cet album même s’il reste du lâcher prise. « Quand je croise le regard des femmes lors des concerts, ça m’encourage à continuer »

Dans cet album, il y a aussi des moments electro-pop, des rythmiques hip-hop, entourés… de noise! A l’arrivée, le groupe est inclassable. Et c’est tant mieux. Pour mieux comprendre leurs univers musicaux, voici la playlist du groupe.

Après avoir été sélectionné pour les « Inouïs » de Bourges en 2018, le groupe s’est taillé un franc succès à l’étranger. Les Anglais adorent, les Italiens et les Allemands aussi. Preuve en est : les téléchargements sont plus nombreux de l’autre côté du Rhin.

Princess Thailand (le nom est énigmatique et trompeur !) brûle de retrouver des salles de concert et son public pour faire découvrir le disque. « On est fiers de cet album. On a tout donné. Il correspond à ce que l’on cherchait! » En attendant de reprendre la route, Princess Thailand prépare un clip qui sortira en mai, réalisé par le binôme toulousain  ALostHead pendant le confinement. Un enfermement contraint pour mieux préparer les futures irruptions libertaires. En tous cas, c’était une belle rencontre.

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Label À Tant Rêver du Roi

Studio Barberine (Arthur Ferrari)

Benoît Roux

PRINCESS THAILAND Live au Zenith de Toulouse « I can see »

Clip PRINCESS THAILAND – A’NNAY réalisé par ALostHead

01 Mai

Rebecca Manzoni, voix douce et mains d’or

1er mai, journée du travail, journée rouge, engagée, revendicative, tout dans la symbolique. L’occasion de saluer un artiste qui ne détonne pas avec tout ça et une chroniqueuse qui va chercher au fond des choses. Ce matin, France Inter a rediffusé la chronique de Rebecca Manzoni consacrée à la chanson de Bernard Lavilliers « Acier Rouge et Mains d’Or ». De sa voix douce, et avec ses mains d’or pour écrire et ausculter les chansons, elle a illuminé ce premier mai presque triste.

Rebacca Manzoni Photo : France Inter

Acier rouge et mains d’or

La chanson est du stéphanois Bernard Ouillon, fils d’un ouvrier de Manufrance, plus connue comme Bernard Lavilliers. « Travailler encore, travailler encore, acier rouge et mains d’or ». Le texte est obsédant, il donnerait presque envie de danser si les mots n’étaient pas aussi puissants et graves. Ils décrivent l’impuissance, le désarroi d’un ouvrier qui vient d’être licencié.

J’ai passé ma vie là, dans ce laminoir

Mes poumons, mon sang et mes colères noires

Horizons barrés là, les soleils très rares

Comme une tranchée rouge saignée sur l’espoir

Les mains d’or version acoustique (2014)

« J’peux plus exister, là, je sers plus à rien moi, y a plus rien à faire… » Du grand art rouge et noir, sur des rythmes chauds et ensoleillés. Un engagement dans la dignité, différent des revendications habituelles. Le morceau est extrait de l’album « Arrêts sur Image » (2001). Rebecca Manzoni a fait pause sur le morceau.

Une voix et du travail

Rebecca Manzoni c’est d’abord une voix. Ca tombe bien, elle fait de la radio. Une espèce de magie dans le ton et le choix des mots qui nous rend addict. Avec un brin d’espièglerie. Au delà du son, il y a les images qui se dégagent. Le Docteur Manzoni ausculte le patient : tantôt une chanson, un artiste, un thème.

Et voilà t-il pas que le morceau prend tout d’un coup une autre résonnance. Les instruments sont séparés, disséqués, la voix analysée. Sur le morceau de Lavilliers, elle parle de guitare accoustique qui tire vers le flamenco, la basse « pour l’ondulation des anches », du surprenant violon tzigane. Le tout avec les pistes séparées pour mieux comprendre. Et dire que « la chanson était foutue » selon son compositeur Pascal Arroyo !

On apprend beaucoup de choses, on prend du plaisir et après chaque chronique, on n’entend plus la même chanson. L’émission Pop & Co juste avant le journal de France Inter de 7H30 permet aussi de découvrir des artistes. Autant de petits moments de bonheur suspendus.

Lien pour ré-écouter l’émission

Benoît Roux

30 Avr

Avec « Don’t Stop », Oasis déterre un nouveau morceau

Annoncé dès mercredi, le groupe Oasis vient de mettre en ligne un nouveau vieux morceau. Enfin, pas exactement le groupe Oasis. Seulement Noël Gallagher. Ce qui a déclenché les foudres de son frère Liam par réseaux sociaux interposés. Rien de vraiment nouveau donc sous l’Oasis !

Le confinement donne donc des idées. Après Bob Dylan, Les Stones, voilà Oasis qui rompt le silence musical après une décennie de silence.

Un titre qui remonte 15 ans en arrière. Il n’existait qu’un seul enregistrement fait lors d’un soundcheck à Hong Kong mais plusieurs fois joué en live. « Don’t stop » (euh….vraiment?!) est malgré tout un morceau qui se laisse écouter, empreint de mélancolie. Une ballade assez proche de « Wonderwall »…

…à une différence près, c’est Noël qui chante et non Liam!

De quoi ravir les fans mais pas Liam qui a taclé sèchement son frère via les réseaux sociaux vu qu’ils ne se parlent plus directement. On suppose qu’il existe d’autre vieilles démos susceptibles d’êtres déterrées par l’un ou par l’autre.

Comme rien n’est paisible et simple chez Oasis, Liam avait proposé de refonder pour une dernière fois le groupe. Cette fois c’est Noël qui a refusé. « Don’t Stop »?

Benoît Roux

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