1er mai, journée du travail, journée rouge, engagée, revendicative, tout dans la symbolique. L’occasion de saluer un artiste qui ne détonne pas avec tout ça et une chroniqueuse qui va chercher au fond des choses. Ce matin, France Inter a rediffusé la chronique de Rebecca Manzoni consacrée à la chanson de Bernard Lavilliers « Acier Rouge et Mains d’Or ». De sa voix douce, et avec ses mains d’or pour écrire et ausculter les chansons, elle a illuminé ce premier mai presque triste.
Acier rouge et mains d’or
La chanson est du stéphanois Bernard Ouillon, fils d’un ouvrier de Manufrance, plus connue comme Bernard Lavilliers. « Travailler encore, travailler encore, acier rouge et mains d’or ». Le texte est obsédant, il donnerait presque envie de danser si les mots n’étaient pas aussi puissants et graves. Ils décrivent l’impuissance, le désarroi d’un ouvrier qui vient d’être licencié.
J’ai passé ma vie là, dans ce laminoir
Mes poumons, mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là, les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée sur l’espoir
Les mains d’or version acoustique (2014)
« J’peux plus exister, là, je sers plus à rien moi, y a plus rien à faire… » Du grand art rouge et noir, sur des rythmes chauds et ensoleillés. Un engagement dans la dignité, différent des revendications habituelles. Le morceau est extrait de l’album « Arrêts sur Image » (2001). Rebecca Manzoni a fait pause sur le morceau.
Une voix et du travail
Rebecca Manzoni c’est d’abord une voix. Ca tombe bien, elle fait de la radio. Une espèce de magie dans le ton et le choix des mots qui nous rend addict. Avec un brin d’espièglerie. Au delà du son, il y a les images qui se dégagent. Le Docteur Manzoni ausculte le patient : tantôt une chanson, un artiste, un thème.
Et voilà t-il pas que le morceau prend tout d’un coup une autre résonnance. Les instruments sont séparés, disséqués, la voix analysée. Sur le morceau de Lavilliers, elle parle de guitare accoustique qui tire vers le flamenco, la basse « pour l’ondulation des anches », du surprenant violon tzigane. Le tout avec les pistes séparées pour mieux comprendre. Et dire que « la chanson était foutue » selon son compositeur Pascal Arroyo !
On apprend beaucoup de choses, on prend du plaisir et après chaque chronique, on n’entend plus la même chanson. L’émission Pop & Co juste avant le journal de France Inter de 7H30 permet aussi de découvrir des artistes. Autant de petits moments de bonheur suspendus.
Lien pour ré-écouter l’émission
Benoît Roux