20 Mai

Vangelis & Jon Anderson (Yes) : la rencontre de 2 étoiles

Vangelis, le sorcier des synthés s’en est allé à 79 ans. Surtout connu pour ses musiques de films : « Les chariots de feu » (oscarisé en 1982), Blade Runner (83), « 1492 Christophe Colomb (92) « Blade Runner » ou encore « Lunes de fiel ». Des synthés cosmiques qui ont aussi croisé les cordes lunaires de Jon Anderson le chanteur du groupe Yes. La rencontre de 2 astres pour une musique céleste.

Jon Anderson au chant et Vangelis aux claviers publieront 4 albums

La rencontre Joan Anderson & Vangelis

Le Grec Evangelos Papathanassiou dit Vangelis pose ses claviers dans les années 70, tout d’abord avec le groupe d’un de ses compatriotes (Demis Roussos) : les Aphrodite’s child. L’anglais Jon Anderson rejoint le groupe Yes en 1968 pour pousser ses envolées cristallines.

Dans le groupe Yes, figure un autre grand chaman du clavier Rick Wakeman. Mai 1974, il décide de quitter le groupe. Vangelis fait alors des essais pour le remplacer au sein de la formation britannique. Ils s’avèreront peu concluants mais l’amitié entre le chanteur et le créateur de musique électronique new-age se noue. Première collaboration sur l’album de vangelis où Jon Anderson chante sur un titre « So Long Ago, So Clear » .

Le côté lunaire des 2 artistes s’accorde à merveille, les claviers planants et sautillants de Vangelis portent la voix céleste et virevoltante du merveilleux Jon Anderson.

Les premiers albums

Un premier album, « Short Stories sort en 1979, l’année où le chanteur quitte le groupe Yes. Sut cet album plutôt réussi, on retrouve des compositions de Vangelis et des textes écrits et chantés par Jon Anderson.

La voix d’un autre monde d’Anderson, les mélodies concises, emphatiques de Vangelis, l’album surprend, déroute mais rencontre son public sur certains titres comme « I hear you now » et ses nombreux effets sonores.

L’album le plus réussi est certainement « The friends of Mr Cairo » qui sort un an plus tard en 1981. Plus fusionnel que le précédent entre les 2 univers, le disque compte quelques morceaux de bravoure et des pièces épiques dont l’époustouflant « I’ll find my way home » qui n’est pas ici dans sa meilleure version (playback) mais qui permet de voir les 2 artistes.

Un album très expérimental, mi-chansons mi-opéra-rock progressif. Un son marqué très années 80 au niveau des claviers mais aussi du sax de Dick Morrissey. Le titre « State of independance » deviendra très populaire, repris et entendu lors de nombreuses occasions.

Ces albums sont un peu des ovnis musicaux, pas très terrestres mais lunaires. Ils auront marqué les 2 artistes qui poursuivront ensuite leurs chemins séparemment.

4 albums et puis…

Vangelis connaîtra le succès avec ses musiques de film. Grand musicien, inventeur souvent dédaigné.


Jon Anderson rejoindra Yes avec notamment le succès tonitruant d' »Owner of a lonely heart ». Une voix atypique -encore plus dans le milieu du rock- un chant habité, il continue de traverser le temps. En 2018, le groupe fêtait ses 50 ans (et lui ses 74).

Sa prestation sur la scène de l’Apollo avec ses comparses de Yes (Rick Wakeman grandiose), plus quelques nouveaux membres est tout simplement bluffante. Superbe titre « Lift me up » avec Trevor Rabin guitare et chant.

27 Mar

Doolin’ : la bonne musique en toute simplicité

C’est le groupe de musique irlandaise qui fait référence dans plusieurs pays et notamment aux USA. Doolin’ est pourtant une formation bien française, et même tarno-toulousaine. Alors que sort un nouveau single qui annonce un album pour la rentrée, Doolin’ vient de commencer une tournée internationale qui passe aussi en Occitanie. Rencontre avec Nicolas Besse.

Doolin sur scène au Bikini de Toulouse ©Tristan Camilleri

Doolin est une petite ville située en Irlande sur la côte Atlantique. C’est désormais le nom d’groupe qui fait référence en matière de musique irlandaise. Les Membres de cette formation ont joué dans les plus grands festivals américains et européens, ils ont partagé les studios des plus grands noms de la musique irlandaise. Pas mal pour des artistes tarnais et toulousains.

Le tout nouveau single qui annonce un 4e album.

Depuis quelques jours, le single « Circus Boy » tourne sur les plateformes et le clip dépasse les 20 000 vues. Un titre bien écrit, efficace, aux sonorités irlandaises mais surtout très pop. Il y a le son Doolin’, un phrasé anglais impeccable du chanteur, des musiciens dans le même élan sonore et à l’arrivée, un titre qui résonne plus « chanson » que musique traditionnelle.

On y retrouve les virtuoses de la musique instrumentale (flûte, tambour irlandais, accordéon…) avec des influences multiples. « Notre musique, c’est le fruit de nos parcours. La musique irlandaise est le fil conducteur avec les influences de chacun : musiques black américaine, folk, américana, jazz. A l’arrivée, l’album sera plus pop-folk, un peu moins funk », reconnaît Nicolas Besse le guitariste de Doolin’.

Photo officielle du groupe Doolin’. Photo : Yann Orhan

Une fois de plus Doolin’ ne fait pas dans la demi-mesure. Après avoir signé sur le prestigieux label américain, Compass records, enregistré dans les studios de Nashville avec des prestigieux musiciens irlandais mais aussi ceux de Johnny Cash, ils sont allés poser leurs chansons au célèbre studio Ferber de Paris. « Quand tu vois qu’ils ont refusé Radiohead à l’époque car ils réservent leur studio aux habitués, c’est flatteur! » L’album avec 11 titres sortira à la rentrée. Le groupe a travaillé avec 2 réalisateurs : Olivier Lude (Indochine, Calogéro, M, Johnny Hallyday…) et Patrice Renson (Vanessa Paradis, Véronique Sanson, Maxime Leforestier…). A l’écoute du premier morceau, on se dit que Doolin’ a été le bon élève appliqué et désormais reconnu de la musique irlandaise et qu’il souhaite désormais aller plus loin. « Au départ on rend hommage, on travaille avec les grands maîtres pour apprendre, on va en Irlande. Quand tu es adoubé, tu prends confiance. Maintenant, on apporte notre touche. » Avec une reprise déjà testé en concert : L’amour sorcier » de Claude Nougaro.

Le morceau semble écrit pour eux. « Quand Hélène Nougaro l’a écouté, elle était très contente du résultat. »

Doolin, le live partagé

En 2020, comme tous les copains, les musiciens de Doolin’ sont restés chez eux. La tournée prévue aux States et au Canada attendra. La scène, c’est pourtant leur éclate. « On aime la musique live. Ca permet de sortir du carcan induit par la création de l’album. Il faut une identité pour un disque, on ne peut pas partir dans tous les sens. Sur scène, on est plus libres! ».

Pour faire vibrer le public, les Doolin’ sont désormais 5 où un claviériste a pris place. « Sur scène comme pour ce nouvel album il y a une dimension pop. C’est un peu plus jazzy et électro », assure Nicolas Besse. Dans la foulée du titre « Circus Boy », le décor fait référence à l’univers du cirque mais surtout à l’itinérance, le fait de se retrouver ensemble. « Quel plaisir de revenir sur scène. Nous sommes tellement frustrés, c’était extrêmement douloureux. C’est une grande joie de retrouver le public. »

La formation se produira dans un premier temps en France comme jeudi dernier 24 mars au Bikini de Toulouse. Ils ont partagé la scène avec Julii Sharp et Lombre. Si la première artiste était bien prévue, le second fait partie des invités surprises. Le jeune Ruthénois au talent multiple a déjà fai l’objet d’une chronique dans ce blog.

Il a aussi participé à l’une des toutes premières émissions C’est pas en Play-Back de France 3 Occitanie.

Pour en revenir à nos Tarno-Toulousains, la soirée du 24 mars au Bikini fut festive et enchantée avec une énergie communicative et partagée comme souvent avec Doolin’. Après cette date, Doolin’ participera au festival « Guitare en Save » le 4 juin puis dans le Tarn à Puylaurens le 18 juin avant de se produire à la salle Altigone (Saint-Orens en Octobre), avant de repartir prochainement sur les routes européennes et américaines. La virtuosité et l’authenticité de ces musiciens font de leur musique un vrai bonheur, partagé en toute simplicité.

Benoît Roux

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06 Fév

Luc Aussibal, la force tranquille de la musique

Sa musique a la rondeur de sa bonhomie, la force de sa sincérité, le son de sa générosité. L’artiste aveyronnais Luc Aussibal sort un nouveau disque : « Animaux errants ». Au contraire du titre, Luc s’est bien trouvé musicalement. Les ingrédients sont là : belle voix rock, bons musiciens et textes originaux. La force tranquille.

Luc Aussibal et son groupe pour la sortie du nouvel album « Animaux errants »

Luc Aussibal est un homme attachant. Tout d’abord parce que c’est une belle personnalité, ensuite parce-que sa musique est toujours bonne comme aurait dit Jean-Jacques Goldman. Le rockeur occitan vieillit bien. Le fan des Beatles continue son « aveyron road » de belle facture.

Luc Aussibal e Mai

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore écouté ou croisé, Luc Aussibal est un artiste dans la générosité. Ce professeur d’arts plastiques a toujours allié son activité pro et le plaisir perso de la musique. Une récréation mais toujours prise au sérieux. Ses disques sont toujours bien produits, aux arrangements riches et aux textes travaillés.

Pour ce nouvel opus paru en digital chez « Fiasco production », on y retrouve ses complices : Benoît Daynac aux guitares, Thierry « Higgins » Fabre à la basse avec Jérôme Krakowski. Côté batterie Julien Bresson assure aussi la « mise en son » et la production. L’album a été enregistré dans son moulin de la vallée du Viaur. La rythmique a toujours été un élément important de sa musique et les batteurs toujours excellents (Claude Gastaldin, Julien Bresson…). Aux claviers ont entend une « ptite nouvelle » : Claire Guinot aux sons multiples tantôt piano tantôt proches de l’orgue.

Julien Bresson n’est pas dédié qu’aux baguettes, il est aussi aux manettes de Fiasco Production qui réalise des prodcutions audiovisuelles. Le nom interpelle et les actions sont orginales. Pendant le confinement ils ont notamment proposé à un groupe local de se produire dans une stabulation agricole : « un boeuf pour les vaches » !

Revenons à nos « Animaux errants ». Le groupe « Luc Aussibal e Mai » est désormais en sommeil côté scène, « une parenthèse se ferme » déclare Luc. Reste le témoignage de ce 4e disque.

« Les Animaux errants » en numérique

Ce 4e opus n’est pas sorti dans le commerce mais il est disponible sur les p;lateforme numériques. Un album plus « chansons », et l’esprit rock toujours là. A l’exemple du très beau et poétique « Un peu à peine ».

Longtemps, Luc Aussibal a travaillé avec des auteurs comme Jaumes Privat qui écrit en occitan. Le morceau « Liuç per liuç » est d’ailleurs l’un de ses poèmes. Désormais, Luc Aussibal compose toujours mais il écrit ses textes. Exercice très réussi, souvent en petites touches comme un peintre qui dépeint une situation. « Dessous la porte, le vent qui porte, dehors le bruit de la rue ». Le tout début de la chanson »Dessous » tout en touches impressionnistes rappelant qu’il est aussi un vrai peintre au talent reconnu. Des titres comme « Oh », « Un peu à peine » ou « Dessous » révèlent les talents d’écriture dans des chansons toujours riches et plus mélodiques que dans les albums précédents.

« Je fais de la chanson rock dans la lignée de Jean-Paul Verdier (poète et chanteur occitan). Il continue de m’influencer », confesse le chanteur.

L’occitan donne une autre résonnace à sa belle voix guturale. Il y a cette reprise du fameux « Pont de Mirabèl », une chanson traditionnelle occitane qu’il emmène dans d’autres eaux. En occitan justement, il y a ce petit joyau fait en duo « Lo niu d’ironda » (le nid d’hirondelle) co-composé avec Claire Guinot. La voix est plus profonde que jamais sur des notes égrenées en résonnance avant qu’un flot d’orgue transporte le morceau.

A son écoute, on pense à tous ces gens qui l’ont influencé : Bertrand Belin, Dominique A, Souchon, Feu Chatterton. Un peu de Damon Albarn, « les Beatles ma source illimitée! Ils ont balayé tellement de registres avec tellement de talent! ».

La pochette d’Animaux errants qui vient de sortir chez Fiasco Production

De la belle ouvrage comme toujours. Une page va sans doute se tourner et Luc, aller vers d’autres horizons. « Je voudrais faire un groupe en invitant des gens comme Xavier Vidal, rajouter de la viole de gambe électrique… ». Des rencontres éphémères, au fil du temps et des envies, mais toujours avec cette force tranquille qui continue de l’habiter.

Benoît Roux

@Benoit1Roux

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FIASCO PRODUCTIONS

30 Nov

PHOTOS reportage : Kimberose en concert à Toulouse

2 albums seulement à la clé, la chanteuse anglo-ghanéenne Kimberose fait une tournée qui passait par le Bikini proche de Toulouse. Elle a déjà une belle assurance sur scène, entourée de très bons musiciens et d’une excellente choriste.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Un show qui va crescendo, la voix qui assure dans différents styles soul-reggae-Rythm’n’blues. Kimberose voulait être « profiler », elle est devenue une artiste qui va marquer. Le Bikini de Toulouse est conquis.

Kimberose et son groupe au Bikini de Toulouse © Benoît Roux FTV

Premier constat dans la salle du Bikini plutôt bien remplie : un décalage entre la jeune artiste et sa musique très actuelle et un public plus âgé. Concert masqué (c’est désormais la règle), des personnes un peu distantes et du coup, la salle qui a un peu de mal à se chauffer.

Le Bikini presque complet pour Kimberose © Benoît Roux FTV

Pourtant, rien a dire sur la qualité des artistes. La voix atypiquement aigue de Kimberose est pleine de maîtrise, la section rythmique guitare-basse-batterie performante. Il manque juste les cuivres évidents dans ce type de musique et présents lors de certains concerts de l’artiste.

Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Rapidement, la jeune artiste née en France mais de parents anglais et ghanéen trouve le lien avec le public. Très à l’aise, elle prend le temps de remarquer : « vous êtes vraiment très nombreux dans la salle ! » et d’expliquer ses chansons. Car Kimberose compose et écrit la plupart de ses chansons.

Eliminée de la Nouvelle Star

Après un premier album « Chapter one » où elle était en groupe sous l’éteignoir de son ex-compagnon, Kimberly Rose Kitson-Mills a repris sa liberté  avec un deuxième album « Out » qui marque le début d’unecarrière solo où elle peut enfin exprimer sa personnalité. 

Progressivement, le show prend de l’épaisseur. Elle raconte et chante « I’m sorry », le titre qui l’a fait connaître et ouvert les portes des radios et télés. Enfin…pas toutes car elle a rapidement été éliminée par le jury de la Nouvelle Star.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Début de show personnel et intimiste

Sur la scène du Bikini, elle raconte ses blessures, ses félures. Ce père disparu alors qu’elle avait 20 ans et cette chanson « George » écrite pour lui. Un texte aussi pour sa mère, les gospels et léglise le dimanche. Au passage, dans ce début de concert plus personnel qu’énergique, elle démontre toutes les nuances de sa voix qui peut aller très haut comme dans le magnifique « We never said goodbye » ou encore « Thin air » extraits de son dernier album.

Puis vient la délicieuse chanson « L’envie de valser » composée par le fabuleux pianiste Sofiane Pamart qui n’était pas là ce soir mais remplacé par Paul Parizet dans une très belle et émouvante version guitare. L’unique chanson en français du show. Une langue qui lui va pourtant très bien.

Kimberose et son guitariste Paul Parizet sur le morceau « L’envie de valser » © Benoît Roux FTV

Bikini dance floor

Fini pour l’émotion, place à la danse. Le concert prend alors une autre tournure, tantôt soul, rythm’n blues, reggae aussi sur une rythmique implacable. Il faut dire que sa mère Ghanéenne en écoutait beaucoup. A plusieurs reprises, elle incite le public à bouger et danser. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Elle va alors dans le public pour danser avec lui. De vrais moments de partage. De retour sur scène, c’est le feu total avec le morceau « Fire » qu’elle a une fois de plus signé. « I’m on fire » et le public n’est pas en reste. Jusqu’au tube imparable qu’elle a écrit et qui est rentré dans les têtes comme un bon vieu morceau de reprise : « Back on my feet ».

L’occasion aussi d’admirer toutes les prouesses de sa choriste Prisca Solvana Vua. Electrique.

La fabuleuse choriste Prisca Solvana Vua © Benoît Roux FTV

Une petite reprise de Lauryn Hill au passage (« Ex-Factor ») qui a bercé son adolescence et montré la voie (voix).

Le show est monté crescendo pour finir en apothéose. Oui Kimberose a beaucoup de talent, une voix atypique qui pointe dans la direction des grandes divas soul-jazz comme Amy Winehsouse mais avec sa personnalité. Mention très bien aux musiciens plutôt sobres mais pertinents. Un petit regret qu’il n’y ait pas eu les cuivres comme pour le concert qu’elle a donné pour Arte.

Les musiciens et choriste de Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Une chose est sûre : beaucoup lors de ce concert (à commencer par moi) ont eu la certitude d’assister à l’éclosion d’un vrai talent qui n’est qu’à l’aube de sa carrière. Une étoile qui va monter au firmament.

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Benoît Roux

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18 Nov

Toulouse : le nouveau très beau titre de Dame Géraldine

« Au nom de quoi », le nouveau single de la Toulousaine Dame Géraldine est beau et puissant. Comme d’habitude, elle signe la compo, le texte, les arrangements et la réalisation du clip. Un nouveau single bien ancré, l’illustration juste et parfaite de l’attachement qui vous mène en bateau.

Visuel du single « Au nom de quoi » © Dame Géraldine

« Au nom de quoi ? »

Au nom de quoi au reste, au nom de qui on peste, voilà qui pourrait résumer le thème de la chanson.

Boucles de clavier qui rappellent un peu le générique de la série X-files , tremblements de violoncelles que vient apaiser la voix, le piano qui indique des lignes de fuite… Aux frontières du réel, un début de chanson en tension et en fausse légèreté. Dans le clip, on retrouve la Dame sur un bateau, la fuite pour exprimer l’impossibilité psychologique de partir, le regard qui fuit et espère. L’artiste alterne entre une très belle voix aigue, déchirante, compensée par des échos de graves presque apaisants. La guitare arrive et déchire le flot du piano.

Dis moi, Tu es resté là, À force de ses draps, À force de ses bras. Dis moi, Tu es resté là, À force d’y penser, À force de céder ».

L’amour qui mène en bateau

La voix est très belle, pure, déchirante, le rythme s’emballe sur le refrain. Le texte est travaillé direct, le mot qui vise juste et atteint sa cible. Le clip dont elle a assuré la réalisation est tout en surimpressions, en fondus image où alternent les grands espaces et l’enfermement, une danse inexorable vers l’indéfectible lâcheté humaine.

Les fausses cordes à la fin qui mettent des pointillés au temps interminable, cette bouteille jetée à la mer n’en finit plus de faire des ronds dans l’eau. Le lien s’enlise, se noie et a du mal à se défaire, la lâcheté pour parfaire.

Une artiste exigeante

Pour ceux qui suivent la Dame depuis quelques lunes, ce titre n’est pas complètement nouveau. La musique est celle d’un autre titre : « Sacha ». On y retrouve toutes les composantes qui font la singularité de l’artiste. Une musique pas franchement classable (et c’est tant mieux), une méticulosité dans la recherche de sons, d’images aussi car elle réalise la plupart de ses clips. « Au nom de quoi » est certainement le single le plus abouti à ce jour, un équilibre entre les mots, les sons, l’atmosphère pesante. La voix est parfaitement enregistrée, implacable dans l’énumération des sensations puis qui s’envole de manière déchirante.

Dans cette période encore moins évidente pour les artistes à la recherche de lumières, cette production éclairée devrait permettre à Dame Géraldine de sortir un peu de l’ombre (cf « Et tu vis dans le noir » dans le texte).

Elle a aussi beaucoup d’énergie et de convictions. Contrairement à son clip, il y a peu de chances qu’elle se laisse mener en bateau.

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12 Oct

The Limiñanas et Laurent Garnier : un road movie musical trippant

C’est sans aucun doute l’un des albums les plus enthousiasmants du moment. « De película » s’écoute de bout en bout, sans sortie de route, oreille au plancher. Une rencontre improbable entre l’électro de Laurent Garnier et le rock psyché de The Limiñanas. Un album plus que parfait et bien présent.

The Limiñanas Photo : Darek SZUSTER via Maxppp

Les fusions, ça ne marche pas à tous les coup mais là, cette rencontre presque improbable donne un cocktail vitaminant plein de saveurs. Ce qui n’était au départ qu’un vague travail entre le Dj techno/électro Laurent Garnier et le rock suffocant de The Limiñanas est une vraie collaboration. Chacun a laissé tomber ses domaines respectifs pour se mettre au service de l’autre.

« De película », un album concept haut de gamme

The Limiñanas fait partie de ces groupes dont la renommée est plus forte à l’étranger qu’en France. Le duo Catalan avait bien fait un ou deux coups d’éclat mais sans secouer trop le landerneau musical. A vrai dire, je faisais partie des ignorants jusque-là imperméables. La secousse tellurique n'(en est que plus grande.

Car l’album est un road-trip, road-movie autant visuel que sonore. Le retour des bons vieux albums concepts avec une vraie-fausse histoire à l’intérieur. On pense de suite à « Histoire de Melody Nelson » d’un autre musicien cinéphile : Serge Gainsbourg. Une histoire prétexte, perdue d’avance entre Saul et une jeune mineure prostituée nommé Juliette. Et tel l’album de Gainsbarre, la production est soignée entre les boucles de bases et les riffs de Lionel et la batterie tantôt lourde tantôt légère de Marie. Un travail sur les sons assez impressionnants aussi de Laurent Garnier qui a su se mettre au diapason. Un gros son fait de plusieurs couches et terriblement efficace.

Perso, un morceau est à mettre au Panthéon : « Promenade oblique » où vrombit la basse et la batterie trace sur une route de nappes. Magnifique.

Instrumentaux, textes lâchés parfois chantés

Alors que le duo devenu trio prévoyait de faire seulement 2 ou 3 plages contemplatives, il y aura bien 11 stations dans l’album. Des instrumentaux comme « Promenade oblique » ou le très enlevé « Steeplechase » impeccablement produit. Idem pour Saul qui ouvre l’album et donne les prémices du voyages. Un titre dévoilé un peu avant la sortie du disque et joué en live sur France Inter.

Lionel Limiñanas n’est pas un chanteur mais tel Gainsbourg, il sait aussi poser ses mots comme sur « Juliette dans la caravane » ou « Tu tourne en boucle ». Et quand il s’agit de chant, il s’en réfère à d’autres. Tel le fin écrivain et lui même artiste Bertrand Belin pour l’un des morceaux des plus réussis (mais ils le sont tous!) : « Au début c’était le début ». Les premiers riffs et accords de guitare sont très « bashungiens » mais la ressemblance ne s’arrête pas là. Au niveau voix, la même fragilité, une sensibilité à fleur de peau. Vraiment très réussi.

Un volcan de transe

Au cœur du cratère, ça chauffe grave. Les sons en fusion pour mieux faire irruption. Tout est juste, sans faute de goût, sans effet de mode. Les guitares sont tenues, les riffs étourdissants, les sons grondants dans une culture de transe. Certes, il y a bien quelques pauses dans certains titres pour compléter la palette. Les plages sont immenses et on aime s’y perdre. Une musique très cinématographique où l’on repense à « Sailor et Lula » de David Lynch aux couleurs forcées. Les images viennent et nous retiennent, les sons nous enveloppent comme sur le très beau « Saul s’est fait planter » aux cordes claviers magnifiques.

Et s’il fallait libérer le magma du cratère étourdissant, ce serait le bien nommé « Que calor » emmené par le chanteur franco-chilien Eduardo Henriquez. Avec cet album, The Limiñanas prend place. Tout simplement incontournable.

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02 Oct

L’émission live de France 3 Occitanie : Sazrah, un air d’Amy Winehouse

#CestPasEnPlayback, l’émission live de France 3 accueille Sazrah, jeune mais déjà talentueuse artiste. L’occasion de découvrir ses premières chansons empreintes de soul, jazz avec un timbre de voix qui se rapproche aussi d’une certaine Amy Winehouse.

L’artiste Sazrah lors de l’émission « C’est pas en Play Back » de France 3 Occitanie ©Lola Bernal /FTV

Telle une diva sortie d’une toile ou d’une sculpture de Botero, Sazrah est apparue, comme une fleur qui ne demande qu’à éclore. Le Blog Ecoute Voir l’avait déjà repérée lors de la sortie de son premier EP. 

Son talent et son côté atypique sont apparus comme une évidence sur le plateau musical de France 3. Avec sa guitare et son yukulélé, alternant fragilité et force, elle interprète 2 chansons « Keep calm » et un inédit qui n’est pas extrait de son EP : « Sillage » 

Elle se livre aussi sur ses engagements (la nature, l’écologie, l’amour…) et sur ses influences. Son grain de voix aussi à l’aise dans l’aigu que le grave, le français que l’anglais, fait penser à Amy Winehouse, elle aussi empreinte de soul et de jazz. Dans l’émission, elle évoque une jeune chanteuse française qu’elle adore : November Ultra. A l’écoute, les similitudes sont évidentes : univers dépouillé mais riche, voix émouvante, prenante et apaisante. Un vrai joyau.

L’actualité de Sazrah, c’est aussi la continuité et une complicité artistique avec Félix, un autre Toulousain. Ils ont déjà chanté ensemble et se retrouvent sur le label Plugin Records. Après « Coffee rocket », place à « Green Tara ».

De riches collaborations en attendant un album et la scène. Quant à la suite de #CestPasEnPlayback, place au groupe BEACH SCVM (l’écume de la plage in french). Le trio toulousain a déjà enregistré sa session au grand studio de France 3 Occitanie et sera bientôt diffusée sur la chaîne YOUTUBE et les réseaux sociaux.

Le groupe BEACH SCVM en live sur France 3 Occitanie. Photo : Lola Bernal FTV

Un groupe surf pop rock punk à découvrir qui pour le coup fait plus penser à Nirvana, Greenday ou The Cure qu’à la diva anglaise Amy Winehouse. Ca promet.

FRANCE 3 OCCITANIE

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Benoît Roux

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28 Sep

Découverte : un nouvel artiste de Toulouse plein de promesses

Ca commence par un sigle : KWSk, un nom d’artiste où se glisse le prénom Kenny. Kenny West Side Kontroll. Premier single et clip en solo. Un artiste toulousain perfectionniste qui aime le détail. Influences multiples et une envie forte de porter ses morceaux en live. Découverte.

L’artiste toulousain Kenny alias KWSK © François Gustave

Les côteaux de Pech David à Toulouse, un clip tourné au smartphone, un clavier qui plante le décor. La voix claire de Kenny arrive. Une histoire en apparence banale. La voix bien posée qui tout d’un coup s’envole. Normal : le titre s’appelle « Elevation ». En anglais pour le titre, in french pour le texte.

« Elevation », un titre où se croisent les influences

Les sons sont modernes, travaillés et la musique riche : rock alternatif, des pointes de soul, du rap. Très belle voix qui se glisse dans différents styles. D’ailleurs c’est l’artiste lui même qui fait la partie rap, très à l’aise. Des influences venues aussi de par ses origines : un père Cap-Verdien/Sénégalais, une mère Guyanaise/Brésilienne.

Longtemps, il s’est glissé dans des groupes locaux comme Dez, Automate, The soul men (un groupe de reprises), Rudy… Batteur mais aussi choriste, Kenny a voulu chanter tout en jouant de la batterie en solo.

Fait pour le live

Avant de se lancer en solo, il a fait des reprises en y portant sa patte. « Au départ, je faisais que du live. C’est l’essence, faire ressentir la musique, la partager. C’est notre plus grande force à nous, les artistes.  » Du reggae, du rap de la soul, des chansons plus intimistes, pour se rendre compte du potentiel de l’artiste, il suffit d’écouter cette reprise qui me fait penser vocalement à JS Ondara.

Déjà en studio, ses productions dégagent de la force, de l’émotion, de l’interaction. Des débuts très prometteurs pour ce jeune artiste perfectionniste. Autre facette avec cette reprise de Chris Isaak à fleur de peau puis très colorée World-Music. On y retrouve Annela (Bella d’or) la chanteuse de The Soul men. La palette vocale et artistique est très large. Elle ne demande qu’a être entendue.

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15 Sep

La pop rock dansante et raffinée d’une jeune chanteuse de Toulouse

Dans la veine d’une production française désormais assez dansante, la jeune chanteuse toulousaine Öja vient de sortir son premier EP. Il marque déjà beaucoup d’assurance dans la voix et dans ses choix musicaux. Il y a tout juste un an, ce blog vous l’avait fait découvrir. 

Le premier EP de la chanteuse Ôja

A la première écoute, les influences se situent très clairement dans les années 80. On pense à Catherine Ringer, Chagrin d’Amour ou plus récemment Clara Luciani avec une basse funk-disco. Le premier morceau « J’ai comme un doute » est très efficace.

Justine alias Öja est une bosseuse et ça s’entend.  Elle a baigné dans un univers de musiques : son père écoutait du hard-rock -d’où la puissance de sa voix- et sa mère de la chanson française et du funk. Elle a aussi fait la « School of Rock de Blagnac ». Ne pas griller les étapes, ne pas s’adonner aux sirènes et aux facilités de la mode, cette auteur-compositrice-interprète soigne ses chansons. La jeune artiste de 22 ans vient de finir son cursus au département des Musiques Actuelles du Conservatoire de Toulouse avec Mention Très Bien à l’unanimité.

Limiter sa musique aux années 80 serait très réducteur. Les influences sont aussi rap, hip-hop, électro ce qui rend sa production assez riche. Les 5 titres sont assez différents, très bien produits et révèlent une vraie personnalité artistique. Que de chemin parcouru! Reste à monter sur scène pour franchir un nouveau cap et vivre pleinement sa passion pour la musique.

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10 Sep

« La grande folie », l’explosion des voix et des rythmes du groupe San Salvador

Sextette vocal épris de rythmes, le groupe San Salvador fait partie des très bonnes surprises du moment. Polyphonique, rythmique, le groupe corrézien vient de sortir un premier album très réussi après avoir emballé et mis le feu dans les festivals. « La grande folie » est une explosion de rythmes, de sons, de sensations, de transes très régénérants.

Le groupe limousin San Salvador – Affiche tournée 2021 Cholet-©-Sylvestre-Nonique-Desvergnes-

3 filles, 3 garçons qui se connaissent bien et qui partagent les mêmes valeurs artistiques, le même respect des traditions. Car voilà, ces trentenaires sont pour certains des « fils de », en l’occurrence des collecteurs et chercheurs dans le domaine des chants traditionnels limousins. Que ceux qui pensent encore que traditionnel sous entend « chiant » et « ringard » se rassurent : le groupe a sévi sur les plus belles scènes contemporaines : Vieilles Charrues, Transmusicales, Printemps de Bourges, Suds à Arles, sans oublier New-York et autres joyeusetés.

Chants vibrants et hypnotiques

Sans préjugé donc, il suffit de télécharger leur premier opus « La grande folie » ou de laisser un saphir traîner sur le vinyle. Difficile de ne pas se laisser emballer, hypnotiser par l’explosion qui s’en suit. Quelle énergie, quelle volonté de tout emporter, tout dépoussiérer, sans dénaturer les traditions. San Salvador compte 2 duos frère-sœur, dont les enfants d’Olivier Durif : Eva et Gabriel. Musicien et ethnologue, grand défenseur des chants traditionnels du massif central, Olivier Durif a dans un premier temps collecté ces chants dans les années 70 que l’on retrouve aujourd’hui sur la galette de San Salvador. Un véritable patrimoine revisité.

Claquements de mains, toms et autres percussions, voilà « La grande folie » qui démarre. Précision dans les chants, complémentarité et inventivité des voix. La force d’un collectif qui se connaît depuis le plus jeune âge. Là où certains trouvaient plus exotique de partir en quête du folk américain, d’autres ont préféré les campagnes françaises. Ils y ont trouvé un répertoire, un patrimoine tout aussi riche. Dans une interview donné à Francetvinfo, Gabriel Durif se confie : « On s’attache à être dans une fidélité à l’idée du chant des musiques populaires que l’on veut interpréter. Ce n’est pas un travail de technicité sur la voix. Nous n’avons appris à chanter nulle part. On chante comme ça vient, comme ça se présente à nous, les uns et les autres. Par contre, ce qu’on a appris, c’est que dans la musique qu’on découvrait, les sources de collectage des musiques populaires qu’on écoutait, on entendait que les gens ne trichaient pas. Ils ne trichaient pas avec ce qu’ils avaient à dire, à nommer. »

La Grande Folie

Vous les gens qui sont endormis, oh la grande folie…

8 morceaux composent ce premier album, dont le titre éponyme « La grande folie » qui a lui tout seul pourrait résumer ce premier opus. Une longue intro vocale et rythmique, le temps d’installer quelque chose pour mieux emporter le reste. Il n’est jamais facile de reproduire en studio la magie d’un concert, la puissance et la créativité d’un groupe fait pour le live. C’est pourtant le cas ici. Un véritable tourbillon qui vous donne envie de danser, de chanter, de se lever, crier, oublier, exister.

Un disque qui a d’abord existé lors des concerts et bals donnés par le groupe, travaillé rythmiquement, peaufiné dans les arrangements en gardant un maximum de spontanéité. Les morceaux sont protéiformes, presque sans fin, à la recherche du son, de la concordance, de cette grande folie qui surprend. C’est précis, virevoltant, volcanique, démesuré mais tellement prenant.

Les voix sont variées, tantôt dans les aigus pour les femmes façon « Voix bulgares » tantôt recherchant de la profondeur dans les graves. Tous les morceaux sont réussis. Mention spéciale à « San Josep », « La Liseta » et les somptueux « San Josep » et « Enfans de la campagna »

Et, au final, le groupe comme le disque respire la sincérité, l’honnêteté, la créativité à la fois punk et trad. Un chant vibrant, taillé dans le rock, emporté par les percussions. Unique et tellement beau. 

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Benoît Roux

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