21 Déc

La voix et la musique envoûtante de Lindçay Love à Toulouse

Une voix grave très belle, des guitares qui montrent les voies, Lindçay Love sort un premier EP en solo après une aventure en groupe. Elle n’est pas encore très connue mais son univers dark envoûtant et des ballades folk-blues très bien écrites devraient lui permettre de trouver son public.

Du noir aux bleus très profonds, la pochette de son premier EP « Chasing Light » fait penser aux sombres couleurs de David Lynch ou Jim Jarmusch pour les lumières. Côté son : du rock blues, folk un peu Chris Isaak et Alain Bashung (« Bleu Pétrole »).

Imaginary Romance : sensualité, pulsions et émotion

Dès les premières images du clip, sensualité et mystère sont au rendez-vous. Cette vidéo à l’atmosphère sensuelle et onirique a été tournée à Tepoztlán, dans les montagnes magiques du Mexique. Elle captive direct.

Des trémolos égrainés à la guitare électrique, une rythmique à la guitare acoustique, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. « Imaginary Romance », la voix arrive, ajoutant du mystère, de la noirceur et de la beauté dans les graves. Une voix basse explorée sous toutes les coutures, une profondeur des tessitures assez rare en France. Et dans ce côté sombre caverneux, les lumières s’infiltrent. On sent que Lindçay aime jouer avec, suggérer, faire naître l’émotion, l’obsession parfois. Tout ceci fait penser à plusieurs morceaux du dernier album de Bashung.

Le clip réalisé au Mexique par Léa Soler joue sur ces atmosphères mystérieuses et envoûtantes. Dans une interview à Phenixwebzine, elle explique son attachement à ce pays. « J’y suis allée pour la première fois en 2009, j’en suis tombée profondément amoureuse, j’y suis donc retournée presque chaque année. C’est un pays très fort, mystique, puissant. Plein de contrastes, et d’une grande beauté́. J’y ai plusieurs de mes meilleurs amis, dont Léa qui a réalisé́ plusieurs de mes clips. Le Mexique est dans mon cœur, je rêve souvent que je suis là- bas ». 

Lindçay Love – Imaginary Romance

L’Occitanie, les voyages, Aretha Franklin, Lana del Rey et November Ultra

Lindçay est née à Nîmes d’une mère française et d’un père pakistanais. Elle voyage beaucoup et ses oreilles aussi : Maria Carey, Céline Dion, Juliette Armanet mais encore Agnès Obel, Aretha Franklin, Leonard Cohen ou sa dernière trouvaille : November Ultra. Un morceau ouaté à écouter en boucle pour adoucir les journées rugueuses.

November Ultra – Soft & Tender

D’où la richesse de ses univers musicaux dark folk rock blues nourries au road-trip. Elle apprend l’anglais toute seule dès 8 ans en traduisant des chansons. Aujourd’hui sa couleur musicale va de pair avec la langue anglaise qu’elle maîtrise vocalement.

A Toulouse, elle suit pendant trois ans des études d’anthropologie. Elle découvre aussi la photographie, la poésie, une curiosité au naturel nourrie par les voyages. Assez timide, elle finit par se faire confiance et se lance pour vivre sa passion. Elle reste 7 ans au sein d’un groupe blues-rock des années 50 : Jerry Khan Bangers. Chanteuse autodidacte, elle prend des cours de chant Jazz et Tzigane à Music’Halles (Toulouse). Après avoir sillonné différentes scènes -dont une apparition au Montreux Jazz Festival en 2016- elle quitte son groupe en 2019 pour son projet solo. Mais elle garde certains musiciens pour son premier EP. 

Lindçay Love © Théo Berchet

Chasing Light

Son premier EP « Chasing Lignt » (une référence à la photographie) regroupe 4 morceaux. Telle une photo argentique, elle développe son univers dans le noir, crée des fissures où se glissent la lumière. Une réalisation impeccable signée une fois de plus par le toulousain Serge Faubert. 4 titres à la fois de la même veine, mais avec un sang intérieur différent. Il y a déjà beaucoup d’assurance dans la voix, des certitudes aussi sur une vraie personnalité artistique.

Les références musicales restent les mêmes (ballades folk, rock, soul), sa voix qui creuse dans les graves prend parfois un peu de hauteur, comme dans le titre « Fear », un hymne à l’espoir. Tout coule parfaitement, travaillé aux guitares aux sonorités « classiques » qui rappellent les grands espaces de certains artistes américains comme Chris Isaak ou Ry Cooder. 

Ensuite, sa voix fait la différence. Tout est chanté intelligemment, sans maniérisme, avec souplesse, pour une osmose quasi parfaite entre le chant et la musique. Simple, efficace, touchant, une vraie personnalité musicale, tout ceci donne envie d’en connaître plus sur Lindçay. Hâte de découvrir davantage cette artiste prometteuse. 

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EP CHASING LIGHT

Benoît Roux

16 Déc

Furax Barbarossa en direct du Bikini à Toulouse ce soir

Le rappeur toulousain Furax Barbarossa sera sur la scène du Bikini de Toulouse ce mercredi 16 décembre 2020 et en direct sur sa chaîne Youtube dès 21H. Le troisième épisode de son Digital Tour entamé le 25 novembre. Le feu sur scène et sur les réseaux pour réchauffer une période un peu refroidie.

Furax Barbararossa & 10Vers à l’isolement au Bikini

Ses freestyles ont animé les réseaux sociaux dès le premier confinement. « On a commencé sur un projet de disque dénommé « A l’isolement ». Nous avons eu d’énormes retours. Furax Barbarossa a été très soutenu par son public. Nous avions envie de recommencer sur cette lancée ». Gaël Duveau son producteur du label toulousain «  »Jardins Noirs » retrouve des couleurs. A défaut de public dans la salle mythique du Bikini de Toulouse, les fans pourront suivre la performance en direct depuis Youtube. Première éclaircie le 25 novembre dernier avec un concert filmé depuis le studio Rimshot. 

Furax barbarossa – Digital Tour#1

Ce nouveau rendez-vous au Bikini permet de mettre à l’honneur une partie de la discographie du membre de la Bastard Prod. Une série de concerts en digital poursuivie le 2 décembre avec son complice MC 10Vers, retransmis en live gratuitement, une démarche 100% Hip-Hop, qui permet de sortir un temps de l’isolement grisant. « C’est l’opportunité de créer de l’actualité culturelle. C’est un artiste qui fait beaucoup de scène. C’était l’occasion pour lui d’en refaire et de retrouver indirectement du public. » L’artiste en tous cas prévoit des surprise pour ce feu d’artifice final du Digital tour. Dans une interview à La Dépêche, il envoie le flow : : « Je ne veux pas trop en dire. J’ai envie que ce soit le bouquet final de ce Digital Tour. Je veux envoyer une gifle. Comparé aux deux concerts précédents, c’est un autre niveau. Visuellement, mon public va être choqué. Musicalement, ça sera la même chose. c’est une rétrospective de ma carrière. Il se peut que certains invités surprises soient à mes côtés… »

SUJET FRANCE 3 OCCITANIE S. Pointaire C. Romain S. Fabre


Ce sera le premier concert du Digital tour sur une scène.

Quand le Digital devient tendance

La culture étant toujours confinée, les mondes artistique et économique doivent s’adapter. C’est ainsi que les projets fleurissent. Après les lives confinés de l’épisode 1 désormais oubliés, place aux concerts en live stream. Le français Dazzle a lancé sa plateforme de streaming payante pour certains concerts et gratuite pour d’autres dont le premier d’Alicia Keys. A Toulouse, c’est carrément une plateforme vidéo dédiée à la musique qui se met en placeSon nom : « Allive ». Ce nouveau venu sera dédié principalement aux artistes indépendants et émergents. Un modèle équitable pour redistribuer les recettes générées par des abonnements mensuels qui coûteront moins de 5€ et moins de 50€ pour un an. Le lancement est prévu dès janvier. 

L’ancien monde n’est heureusement pas encore mort mais le nouveau se prépare. « Je suis sûr que ça va prendre de l’ampleur, déclare Gaël Duveau, le producteur de Furax Barbaroosa. Il faut trouver le bon moyen de le faire. Le public est prêt. Je sais que dans le milieu de l’opéra certains réfléchissent à ce nouveau procédé. Ca va permettre à des gens de s’intéresser plus facilement à des domaines où ils n’avaient pas la possibilité d’aller. « 

Pas si facile. Mais en tous cas, il devient vital d’inventer de nouveaux modèles.

DIGITAL TOUR #3 Mercredi 16 décembre 21H depuis le Bikini

FACEBOOK

Benoît Roux

06 Déc

Yous MC et OZ, 2 rappeurs toulousains en live Facebook

Yous MC et OZ sont 2 rappeurs multi-influences empreints de poésie. Ils seront ce dimanche 6 décembre en concert livestream depuis la Médiathèque José Cabanis de Toulouse. C’est le webzine musical Opus qui co-organise ces parenthèses acoustiques.

Yous MC et Oz en concert live Facebook Photos : Remy Sirieix

C’est la 9ème édition des Parenthèses Acoustiques. D’habitude, c’est en public à la médiathèque José Cabanis de Toulouse. Ce dimanche 6 décembre 2020, ce sera la première parenthèse en live Facebook et Youtube. Le webzine musical toulousain Opus espère bien que ce sera l’unique parenthèse sans public dans la salle.

Les Parenthèses acoustiques

« Dans les Parenthèses Acoustiques, on cherche à valoriser des esthétiques musicales différentes. Ce serait facile de ne faire jouer que des projets folk. » Remy Sirieix veut promouvoir les jeunes pousses du terreau musical toulousain. Il a créé le Webzine musical Opus qui se décline désormais en « Focus d’Opus », un magazine mensuel vidéo.

Même esprit pour ces parenthèses musicales organisées avec Bibam qui assure la captation live et Nuance Records qui s’occupe du son. Ces deux entreprises sont spécialisée dans les captations pour les acteurs culturels. Nuance Records dispose d’un studio d’enregistrement mobile. Chaque artiste se produit environ 40 minutes. S’en suit une interview d’un quart d’heure des 2 artistes puis le set du second invité. Tout ceci sera filmé en direct et diffusé sur la page Facebook d’Opus Musiques, Bibam et les sites Facebook et Youtube de la Médiathèque José Cabanis. Rendez-vous ce dimanche 6 décembre à 15h pour profiter du live acoustique de Yous Mc et d’ OZ en direct ou en replay plus tard.

Yous MC et OZ : du rap poétique en live

OZ sera le premier à chauffer le micro. Derrière ces 2 lettres, Tristan, un magicien des sons révélé sous le nom d’OZ. déjà présenté sur ce blog.  « Dans mon métier, on m’a souvent fait comprendre que j’étais un provincial et qu’il fallait gommer mon accent, que l’on ne pouvait réussir qu’à Paris. Quand j’ai vu que KDD ou Bigflo & Oli pouvaient réussir dans d’autres conditions, ils m’ont donné un idéal. Je me suis dit que nous avions le droit d’y arriver ici. » Du rap aux multiples influences, mélodique, des sons qu’il crée lui mêmes, OZ a abandonné les starts-up et l’ingénierie pour vivre de sa passion.

OZ – J’sais pas

Yous MC est un peu de la même veine. Dans le webzine Opus, il se confiait : « Je suis un peu à part dans la musique, je suis un rappeur qui parle d’animaux et pas de benz, j’ai un imaginaire tout autre et beaucoup moins violent au final. J’ai une approche plus poétique et naturelle. Et à part par mes origines et là où j’ai grandi. Je navigue entre plusieurs eaux, campagne et street, très France mais en même temps bled, ca navigue constamment. »
Son rap est effectivement très imaginaire, on y croise souvent l’éléphant et d’autres animaux. Comme OZ, il se nourrit de multiples influences : soul, rap, hip hop et son écriture est très aiguisée.

Al’Tarba x Yous MC – Animal Etranger

« On a toujours voulu amener des projets hip hop… Dans la recherche de projets qui marcheraient en acoustique, ces 2 noms sont arrivés comme des évidences. Parce que leur rap est déjà très musical, porté par des instruments. Parce que leurs univers sont portés par une poésie qui peut créer une belle magie en acoustique, » déclare Remy Sirieix. Cet après-midi ce sera encore le cas. Une belle parenthèse pour faire oublier un temps aux artistes et aux mélomanes la difficile période que nous vivons.

OPUS

BIBAM

MEDIATHEQUE JOSE CABANIS

Benoît Roux

 

04 Déc

Le nouveau clip de Miegeville, le peintre des mots de Toulouse

Un univers pop teinté d’électro, la voix belle et prenante, le toulousain Miegeville revient avec le clip « La baleine bleue » réalisé par Mathieu Laciak. Un clip épuré, contemplatif, organique qui sert parfaitement cet artiste qui vient du hard-rock mais qui se pose désormais dans des univers plus feutrés. Pour la beauté des mots.

© Lionel Pesqué

L’album Est Ouest est sorti en novembre 2019. Miegeville vient de mettre en ligne un clip pour le troisième extrait « la baleine bleue ».

La baleine a des bleus à l’âme

A l’écoute de ce titre comme des autres, on a du mal à croire que cet artiste vient du rock tendance dure et de choses bien plus noires. Musicalement, ça sonne pop électro sophistiqué et travaillé. Il y a la force des mots, poétiques, sculptés, peints avec minutie et servis par cette voix tellement expressive et envoûtante. D’allitérations en assonances, son univers accroche et transporte.

Je ne voudrais redire ce que j’ai dit ce jour

Je voudrais l’empailler tel un beau cervidé

Sous verres dans un musée, voir mon cerveau vidé

Des souvenirs, de tout, vidé des mots d’amour

« Je suis au Muséum d’Histoires Naturelles. Au moment de l’écriture de ce texte, je suis isolé. Seul et sans armure. Je traîne parmi les animaux empaillés et tente de donner le change pour ne pas ternir le sourire de l’enfant à qui je tiens la main. Je vois tous ces animaux avec leur carapace, leur fourrure, leurs plumes… Un seul n’a plus rien. C’est le squelette de la baleine bleue. C’est ma sœur adoptive Candice Pellmont qui a voulu mettre ce texte en musique, c’est pour cela que nous le chantons ensemble. »

Miegeville – La Baleine Bleue

« La Baleine bleue » est réalisé par Mathieu Laciak, un autre toulousain lui même pianiste/claviériste, ingénieur du son, compositeur et arrangeur. Un tableau de peintre en noir et blanc, des mains qui se mouvent et les couleurs en alerte : le rouge alarme et le bleu apaisé. Tel Picasso, l’homme a ses périodes. Un travail graphique et esthétique très intéressant. 

L’album Est Ouest

Au delà de ce titre, Miegeville baigne toujours dans un univers intéressant. Pour preuve l’album « Est Ouest » qui occupe bien l’espace musical. L’émotion est souvent là, les textes sont beau et la voix enveloppante. Matthieu Miegeville écrit aussi des livres. On sent la passion des mots, les résonances qu’ils peuvent avoir, l’émotion et le sens qu’ils dégagent. Sur ce disque, on ressent aussi le travail du son. La réalisation est signée Serge Faubert, lui même artiste et féru de son. Il a œuvré auprès de Kidwise ou encore After Marianne. Les musiciens sont de la même veine : Arnaud Barat (guitare piano), Stéphane Mourgues et Baptiste Bertrand (machines, Olivier Castellat (le guitariste de Shaken Soda) et Candice Pellmont la chanteuse du groupe Winnipeg qui partage 2 titres sur cet album.

La poésie, le doute, la déchirure, le temps qui fuit, les mots qui claquent. Les musiciens qui explorent l’espace. Les sons qui se fondent et la voix presque slamée sur ce très beau titre.

Miegeville – Longue nuit

Tout est parfaitement maîtrisé et en osmose. Un côté Nick Cave pour l’émotion, Gaëtan Roussel pour la diction et les mélodies imparables, Alain Bashung et Dominique A pour l’interprétation, Miegeville navigue dans des eaux porteuses. Le flot des mots, une vague d’univers sonores. Chaque morceau est une découverte.

SITE MIEGEVILLE

ECOUTER L’ALBUM

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Benoît Roux

29 Nov

A Toulouse, une chanteuse veut montrer les voies de la voix

Audrey Marchal est une chanteuse lyrique qui vit à Toulouse. Elle est aussi coach vocal et conseillère de prise de parole en public. La voix c’est un tout, le reflet de l’âme. Elle souhaite explorer les différentes voies de la voix qui mènent à la confiance en soi.

Audrey Marchal © Chrisô

Son vœux le plus cher : se sentir utile. Ses moteurs : la curiosité, l’échange, le mouvement. Le chant lyrique est une passion comme une autre, presque un hasard dans son parcours humain et artistique. Rencontre.

De l’opéra à Science-Po en passant par Nathalie Dessay

Elle n’a que 14 ans lorsqu’elle devient pro du chant pour des chœurs d’enfants, puis des solos à l’opéra. « Je n’avais pas envisagé de partir sur la musique. C’était juste le plaisir de chanter. Un peu de pratique du piano aussi. J’étais programmée pour des études universitaires scientifiques ou une école de commerce pour devenir chef d’entreprise ou diplomate. » Une terminale au lycée Fermat à Toulouse et déjà le conservatoire pour des cours de chant. Sa professeur lui explique que le chant n’est pas compatible avec une classe préparatoire qui demande beaucoup trop de temps. Il va falloir choisir. Et ce sera… Sciences Po.

Elle est reçue en 2003. Le côté multidisciplinaire lui plaît. Les 2 domaines ne sont pas si éloignés que ça, elle y trouve des interconnections. En 3ème année, une convention doit être signée entre le conservatoire et l’Institut d’Etudes Politiques pour qu’elle puisse continuer. Car chaque année, comme pour les autres étudiants, sa présence au conservatoire peut être remise en cause. Tout peut s’arrêter. Pour son mémoire, elle choisit l’opéra. « J’ai interviewé des metteurs en scène et des solistes. J’ai dû faire le pied de grue à la sortie des opéras. Mais quel plaisir d’interroger des artistes comme Nathalie Dessay, Sophie Koch, Marcelo Alvarez, Emiliano Gonzalez Toro et des chefs comme Maurizio Benini ou Claus Peter Flor. Nathalie Dessay m’a beaucoup impressionnée. Elle est très naturelle et abordable. Elle est même venue m’écouter et m’a fait une lettre de recommandation » Elle mène de front ses études politiques et le chant. A la sortie de Sciences Po, elle intègre les chœurs supplémentaires de l’opéra du Capitole, pour accompagner les premiers rôles.

Elle passe une année à Nice au centre d’art lyrique de Méditerranée, obtient le diplôme de musique ancienne à Toulouse en suivant. Elle parle italien, espagnol, anglais et un peu d’allemand pour la prononciation. La voilà armée pour chanter l’opéra. 

Audrey Marchal & Orchestre Mozart (2019) – « Dulcissime » Carmina Burana de Carl Orff

La soprano colorature en quête d’humanité

« Je n’étais pas complètement préparée pour en faire mon métier. J’ai compris l’importance des relations humaines, des réseaux. J’ai pris du recul sur les auditions car parfois on vous rappelle 4 ans après. » François Dusser est devenu son agent artistique. Il a rencontré Audrey il y a 5 ans : « Elle m’a beaucoup plu de suite : sa voix, la clarté de la voix, son timbre léger, aérien, éthéré. »  Il est aussi marqué par la personnalité d’Audrey  :  « Je l’ai rencontrée plusieurs fois. Elle a beaucoup de force de caractère, très à l’aise sur scène. Elle dégage beaucoup de sympathie. Je me suis dit que ça valait le coup de la promouvoir. »  

Tellement à l’aise et chaleureuse que certains vont la voir à la sortie des concerts pour des cours de chants. Des aptitudes à occuper la scène comme pour transmettre son savoir. « Ce qui est nécessaire pour nourrir le chant, c’est l’état émotionnel de tous les jours et une posture physique d’ouverture, de disponibilité et de générosité. Je fais travailler l’art oratoire et la prise de parole en public. Le chanteur n’est pas seulement un artiste, c’est l’art de la scène, la communication avec le public. Ca nécessite un accord avec soi-même. Il faut prendre conscience que par l’état, la respiration, on peut dépasser ses peurs, tout en restant fidèle à soi. »

Süsser Trost (extraits), BWV 151 / Audrey Marchal / Marie-Emilie Gauffre / Tania Dovgal

Chanter, c’est aussi un équilibre. Percer dans ce milieu, suppose de sacrifier certaines choses. Audrey n’a pas voulu passer beaucoup d’auditions à Paris ou trop loin de chez elle. Sa famille est une priorité, une source d’équilibre. La carrière n’est pas une obsession. Elle s’est spécialisée dans la musique baroque pour son répertoire mais aussi en créant l’ensemble vocal « Carré de cœur ». On la voit sur plusieurs grandes scènes à Toulouse et dans la région. Elle interprète aussi les grands airs des sopranos colorature comme la « Reine de la nuit » de Mozart, « Lakmé » de Delibes ou les lieder de Richard Strauss. Son agent reconnaît que ce n’est pas toujours simple : « J’essaie de la faire connaître, qu’elle sorte un peu de la région. Quand elle aura accroché quelque chose, ça ira tout seul. » Audrey a perdu son statut d’intermittente mais elle a trouvé un équilibre. Elle s’est installée comme auto-entrepreneuse. Sa nouvelle activité complémentaire : coach vocal.

Du chant lyrique à la prise de parole en public

Audrey se lance dans une nouvelle voie avant le premier confinement : aider les gens à s’affirmer, prendre la parole sans avoir peur et sans renier sa personnalité. S’imposer dans une réunion, s’affirmer en public mais aussi au sein d’un cercle d’amis, le rapport à la voix peut être conflictuel. Elle vient de mettre à jour son site internet en ajoutant une nouvelle corde vocale. « J’aide les gens à se trouver pour occuper leur place dans l’espace sonore et spatial. Il faut d’abord se connecter à soi-même, ne pas jouer un rôle, savoir qui on est. » Se sentir utile, aider les autres, réparer des injustices, ont toujours fait partie de son ADN. A travers son parcours, elle peut trouver des ressources pour en faire profiter ceux qui en ont besoin. Son perfectionnisme devrait là-aussi donner de bons résultats. 

Toujours curieuse, la chanteuse aimerait tout concilier sans sacrifier un domaine. Plaisir de chanter, de transmettre et d’être utile. Le lyrique est toujours là. « J’ai vu beaucoup de personnes abandonner ce que leur avait apporté la musique. On passe notre temps à tout remettre en question. Ca me fait mal au cœur. » Pas question de céder à un quelconque fatalisme, ce n’est pas son genre. Toujours continuer d’avancer, de faire des choses. Elle passe beaucoup de temps à podcaster des émissions sur France Culture, visionner des choses sur Arte. La curiosité toujours en éveil, l’optimisme en étendard. Elle écrit aussi des contes, enregistre des histoires. Une quête infinie pour trouver les bonnes voies, être en paix avec soi, dans le chant comme ailleurs.

 

Le mouvement c’est la vie. Si on s’arrête pour la regarder, c’est fini.

AUDREY MARCHAL

AGENCE MICROLOGUS

Benoît Roux

22 Nov

A Toulouse, un artiste poète hip hop signé par un label américain

Rodin Kaufmann est un artiste pluriel. Comédien de formation, chanteur, rappeur, poète, rappeur, compositeur, beatmaker, graphiste, plasticien. Une diversité culturelle, un esthétisme qui se retrouve dans sa musique. Son premier album sortira en février, signé par un label américain. 

Photo extraite du clip « Leis Alas dau temps »

Il faut voir son art comme quelque chose de global : les sons, la musique, la poésie, l’engagement, le visuel. L’un ne va pas sans l’autre et fait de Rodin Kaufmann un artiste singulier. En 2015, paraissait « Ara », 6 pièces poétiques aux mots lyriques décollées par 6 musiciens qui franchissent les murs du sons, aux univers longs porteurs.  « Leis alas dau temps » (Les ailes du temps) le premier titre du nouvel album vient de sortir sous la forme d’un clip superbe. Rodin a gardé toutes ses particularités, ses richesses culturelles tout en les rendant plus accessibles avec cette nouvelle production qu’il a lui même réalisée.

Du hip hop poétique

« Les alas dau temps » est plutôt un morceau doux, mené par une voix légère, quelques sons cristallins comme des gouttes d’eau pour ponctuer. On sent d’emblée que la production est solide, le flow assuré, apaisé aussi. Ce pourrait être une berceuse, inspirée par une chanson traditionnelle « La nòvia » (La mariée). Une chanson de séparation, d’amour de loin cher aux troubadours (« Amor de lonh »). « Pour moi, les Troubadours sont les rappeurs du Moyen-Age. Leur lien avec la langue, l’excellence de leur écriture, la complexité aussi… ». Chez Rodin, les références à ces chanteurs poètes du Moyen-Age sont nombreuses. L’album qui sortira en février s’appelle « Pantais clus » (Rêve fermé, clos) en référence au « Trobar clus » des troubadours (Trobar : composer, écrire un poème).

Pour ce clip, Rodin Kaufmann a fait appel une fois de plus à Amic Bedel. D’ailleurs est-ce vraiment un clip, une fiction, une épopée, une allégorie ? Les pistes sont ouvertes. La réalité est obscure et la nature remplie de poésie. Ces « Ailes du temps » nous font passer les époques pour nous laisser suspendus au temps.

Rodin Kaufmann – Leis alas dau temps (Les ailes du temps) clip réalisé par Amic Bedel

 

Le film interroge, mélange les genres et les époques. En tous cas il captive. Rodin et Amic ont prévu de faire une vidéo explicative à ce premier volet d’une trilogie de clips consacrée à cet album qui sortira en février 2021. « Leis alas dau temps » se termine par les mots et la voix magnifique du poète occitan Max Rouquette. « On utilise souvent des samples dans le hip hop. Il y avait cet enregistrement de Max Rouquette des années 80. Le texte est puissant, la voix aussi. C’est une manière de le faire revivre.  » Dans cette œuvre empreinte de poésie, cet hommage vient conclure parfaitement le morceau avec beaucoup de solennité.

Photo extraite du clip « Leis Alas dau temps »

Comme souvent chez Rodin, les références et les univers sont multiples. On y voit un clin d’œil aux troubadours mais aussi à la nouvelle chanson occitane des années 70-80. On pense à Rosina de Peira, merveilleuse interprète de la chanson « La nòvia » qui a inspiré ce morceau. Il y a aussi une référence au monde Perse avec le Khorassan, source de l’amour, le lieu aussi où se sont rencontrés ses parents au Nord de l’Iran.

Un album à venir signé par le label américain Fake Four

Difficile de coller une étiquette sur la musique de Rodin même si la dominante est bien hip hop. Un ovni dans la production hexagonale, avec la barrière fatale de la langue occitane. Car forcément, l’occitan appartient au passé et ne doit pas exister dans les temps présent et futur des musiques actuelles. La lumière est donc venue des Américains. Le disque est déjà prêt, produit par Rodin. Mais qui veut s’aventurer à sortir un disque de musiques actuelles…en occitan ? Heureusement, Francis Esteve alias Cisco connaît bien Rodin, la musique et le milieu américain. C’est lui qui va aller dénicher le label alternatif Fake Four qui compte beaucoup d’artistes rattachés à une minorité. « J’ai trouvé une vraie famille musicale qui comprend ce que je fais. Fake Four va distribuer ce disque. Francis l’a écouté. Avec son label Dora Dorovitch, il touche l’international. « 

Photo extraite du clip « Leis alas dau temps »

Et les projets ne manquent pas. Un second titre « Rei de la luna » (roi de la lune) sortira le 6 janvier, avec des petits teaser vidéos pour l’accompagner d’ici-là. Pour l’avoir écouté, le morceau est superbe avec des chœurs et un flow poétique de toute beauté Le clip est déjà tourné, sur plusieurs lieux liés à l’enfance de Rodin. Le 10 février, l’album « Pantais clus » suivra sur les plateformes numériques et en sortie physique. Il y aura une version « deluxe » avec des mixs différents et 3 titres en plus. Un troisième clip « Pensarai en tu » (je penserai en toi) sera publié le 17 février pour clore la trilogie. Ce qui donnera lieu à un film d’une vingtaine de minutes avec les 3 clips, d’autres chansons et des morceaux en live.

En parallèle, Rodin travaille sur d’autres projets avec les Américains, notamment avec les indiens Navajos de l’Arizona. Il collabore également avec d’autres artistes de rap et de hip hop. En 2013, il avait enregistré ce clip à New-York avec Amic Bedel.

Rodin feat citizen chance – Indignats (Indignés)


Rodin bouscule les genres, fait voler les schémas classiques pour des créations transversales. Dans un monde d’uniformité, sa singularité interpelle. Le côté global et total de sa créativité aussi.

RODIN

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Label Fake Four

Benoît Roux

18 Nov

Shaken Soda réveille le live sur France 3 Occitanie

Le trio toulousain Shaken Soda est venu enregistrer 2 morceaux et un bout d’interview dans les studios de France 3 Occitanie à Toulouse. Une prestation survitaminée qui sera diffusée en janvier lors d’un nouveau programme numérique.

Shaken Soda dans le studio de France 3 Occitanie Photo : Benoît Roux FTV

De la pop rock bien léchée, vive, variée et vitaminée, voilà la marque de Shaken Soda. Le trio vient d’enregistrer un premier EP très remarqué. France 3 Occitanie les a repérés. Ils inaugurent un nouveau programme diffusé sur internet. En attendant d’autres groupes de la Région et d’autres nouveaux programmes. Car France 3 est lancée sur la voie de la régionalisation.

Un nouveau programme musical numérique dès janvier

Tout est parti d’un papier pour le blog musique sur ce nouveau groupe pop rock qui bouge sur Toulouse.

Bien avant le confinement, Fabrice Valéry Délégué aux Antennes et Contenus de France 3 Occitanie avait envie de réinstaller la chaîne sur des contenus culturels au sens large et sur des formes différentes de la télé traditionnelle.  Les musiciens en avant, pas de présentateur, juste un enregistrement en live avec une interview pour mieux connaître le groupe. « On n’était pas très présents sur les musiques amplifiées, l’électro pop, le rap… Nous avons voulu aménager un espace pour accueillir dans d’excellentes conditions acoustiques des formations musicales pour en faire un nouveau programme qui sera diffusé en janvier 2021 ». 

Lors de l’enregistrement de Shaken Soda. Photo : Benoît Roux

Le lieu, un studio de 450 m2 qui n’avait pas connu une telle agitation depuis belle lurette. Il a fallu démonter les anciens rails d’éclairages obsolètes, aménager un espace avec de hautes tentures noires, des portiques pour fixer éclairages et caméras. Côté vidéos, 4 caméras avec une unité de tournage smartphone à l’essai pour l’instant. Derrière les rideaux, la régie vidéo pour caler les lumières et les commutations de Gaétan Guétière à la réalisation. Une pièce plus loin, la régie son pour travailler un peu à l’écart.

Tôt ce matin, Olivier, Mikaël et Pierre ont posé leurs racks. Une foule de micros pour la batterie de Mikaël, l’ampli pour la basse de Pierre, les effets pour la guitare d’Olivier. Petit à petit, la chrysalide Shaken Soda sort du cocon pour mieux réveiller son monde. Pas de pression mais plutôt une bonne humeur communicative et quelques blagounettes.

Fin de matinée, interview sur fond vert, sans présentateurs. Les musiciens assis sur les flights cases et questions en OFF détendues. Shaken soda, c’est qui, c’est quoi?

Shaken Soda, pop-rock vitaminée sur voix haut perchée

Dans le shaker, 3 musiciens qui se complètent, 3 univers musicaux éclectiques. « Nous n’avons pas de style attitré mais des influences très différentes ». Paroles d’Olivier pour qui la référence, c’est Mathieu Chédid. Normal, il fait de la guitare… Mais il a fait le conservatoire de Toulouse pour le violoncelle. Pour Pierre à la voix si singulière qui réussit la gageure de passer au-dessus de la vague déferlante guitare-basse-batterie, aucune hésitation : Sting, Sir Paul McCartney et Claude Nougaro : « Le seul français qui m’attire vraiment ». Quand on l’entend frapper, aucun doute : Mikaël est bien un batteur rock.

Mikaël à la batterie avec Pierre à la basse Photo : Benoît Roux

Il n’en fait pas des caisses, mais il voue une admiration sans borne à Dave Grohl, batteur de Nirvana et chanteur de Foo Fighters. Dans ses baguettes, pléthore de groupes complètement différents : « Je suis dans un groupe qui s’appelle Line qui fait dans la pop. Conga Libre est plutôt salsa, le Funky Style Brass est une fanfare électro. Enfin je fais partie aussi de Panda’s Cover Gang qui fait des reprises de tubes des années 70 en fanfare. » 

Drapé dans un espèce de Pancho -il a fait pas mal de jazz manouche et de musique d’Amérique Latine- Olivier dégage une énergie insoupçonnable lors de son arrivée au studio. Il a mixé le 5 titres qui est sorti en octobre. « Notre identité c’est l’ouverture d’esprit ». Sous la gratte, on sent que ça peut exploser à tout moment et dans tous les styles.

Premier morceau : « My Barbarella » une fable sur un prisonnier qui compose une chanson pour s’évader. L’anglais, comme une évidence pour Pierre parti à Londres pour le parler correctement. C’est là qu’il a découvert la musique avec un pote écossais. Un peu de piano auparavant et désormais de la basse en autodidacte. Et cette voix un peu aigue, qui donne vraiment l’identité du groupe. Ca sonne british. On pense à Frantz Ferdinand, les Red Hot et Artic Monkeys.

Photo : Benoît Roux

Ca déménage grave, tout en énergie et équilibre. Dans l’envers du décor, les techniciens sons et images ont la banane. Le plaisir de faire une activité différente, de se mettre en danger aussi. Car des sessions live comme celle-là, elles sont plutôt rares à France 3. « On est dans l’expérimental, déclare Fabrice Valéry de France 3. Ce pilote que nous faisons aujourd’hui doit devenir contenu numérique récurrent. On se situe dans le cadre de la régionalisation de France 3 qui va commencer à se voir en 2021. On ne s’interdit rien. On va essayer de faire des choses pour tout le monde, un service à tous les publics. »

S’il y avait encore des indécis pour reconnaître l’intérêt d’un tel programme, le second titre « Complex identity » emporte le morceau. Une chanson anti-préjugés justement particulièrement efficace. C’est d’ailleurs le single qu’a choisi de sortir le groupe.

Clip Shaken Soda – Complex Identity

A l’issue de l’enregistrement, techniciens et artistes sont un peu vannés d’avoir tout donné. Compensé très vite par la joie d’avoir été les acteurs de cette expérience. On pourra voir tout ça en noir et blanc sur la chaîne YouTube et le site de France 3 Occitanie en janvier. D’autres groupes viendront. L’idée serait d’en faire un par semaine. En tous cas Shaken Soda aura bien secoué le studio de France 3 pour cette première. De très bonnes vibrations.

Shaken Sofa ! Photo Benoît Roux

Benoît Roux

31 Oct

Le clip d’Halloween qui vous fera sortir du confinement

Déjà mare d’être enfermé? Envie d’évasion, de changer d’air? Le nouveau clip du duo Toulousain sorti spécialement pour Halloween va définitivement vous faire sortir de chez vous. Fait avec les moyens du bord « Do it Yourself » mais avec avec beaucoup d’imagination, il revisite plein de films d’horreurs. Le confinement ? Oubliez de suite !

Pas de fête d’Halloween, un deuxième confinement cette année mais Johanna et Christophe Dorso ont tenu absolument à sortir leur troisième clip. Prévu depuis plusieurs semaines, l’idée était de délirer sur le morceau « Dream or Nightmare » sur le thème d’Halloween. Ils ont donc fait appel au danseur toulousain de hip hop David Dee ainsi qu’à plusieurs danseuses et danseurs.

Photo du clip

Comme souvent chez le Duo Anadjoh (Johanna et Christophe Dorso), l’imagination et la créativité ne sont pas en reste. Après WHY réalisé pendant le premier confinement, après FROM HELL tourné avec le comédien Pierre Matras, voici donc un troisième morceau et clip de Johanna et Christophe.

Duo ANADJOH – Dream or nightmare

« Carrielise », « Rombie dead », « Margo queen », « Romannaelle », « Celia doll », « Adecat », « Blood Mareva » et même « David Dee the Mummy », les participants enfants et adultes sont nombreux. Ils n’ont pas eu peur des zombies.

Johanna Dorso Duo ANADJOH

« Dream or nightmare », « rêve ou cauchemar », telle est la question du moment. Le duo rêvait e moyens pour réaliser le clip, il n’a pas eu ce qu’il escomptait. Mais ça n’a pas tourné pour autant au cauchemar car le peu de moyens a développé leur créativité. « Le cauchemar est l’épreuve nécessaire du rêve, sa première incarnation. » La citation est de l’écrivain Québécois Yvon Rivard. Plus que jamais, il faut exorciser les peurs. En tous cas bravo à tous les artistes qui ont participé au clip. Pour ceux qui n’ont pas tout compris, le duo organise demain dimanche 1er novembre un Facebook live. Et si la peur vous fait sortir de la maison, n’allez pas trop loin ! Le confinement rôde…

Benoît Roux

FACEBOOK ANADJOH

FACEBOOK DAVID DEE

22 Oct

Qui est derrière « Rockstars du Moyen-Âge », un titre du dernier album de Francis Cabrel ?

Comment Francis Cabrel -le chanteur respecté mais discret- est-il devenu défenseur des régions, admirateur des troubadours occitans, pourfendeur du jacobinisme français? Avec son dernier album, l’artiste est sorti de sa réserve avec des mots très explicites. Derrière cet engagement symbolisé par la chanson « Rockstars du Moyen-Âge », il y a plusieurs artistes dont Jean Bonnefon.

Francis Cabrel et Jean Bonnefon sur scène Octobre 2017

Le journaliste de France Bleu et chanteur occitan Jean Bonnefon est un ami de Francis Cabrel. Voilà presque 40 ans qu’ils partagent une belle amitié pas seulement artistique. Enraciné à Astaffort (47), Francis Cabrel sème des graines d’artistes et les fait grandir avec les « Voix du Sud », des rencontres artistiques régulières dont le président n’est autre que … Jean Bonnefon! 

Quand le groupe périgourdin « Peiraguda » fête lui aussi ses 4 décennies, Francis Cabrel est invité à partager la scène avec Jean et ses complices. Il y a aussi le chanteur de l’emblématique groupe Nadau. Jan de Nadau, Jean Bonnefon et Francis se connaissent bien et leurs points de vues sont souvent communs. Ils se reconnaissent dans ces phrases délivrées par le chanteur lors du JT de France 2 le 18 octobre 2020.

Le français a tout écrasé, et surtout s’est extrêmement centralisé. Il faut qu’on retrouve nos caractères profonds, chaque région a ses coutumes, sa langue, sa cuisine, ses paysages, il faut appuyer là dessus.

Un engagement progressif

Ces mots peuvent surprendre, de la part d’un artiste très respecté mais tout autant discret dans ses engagements. Au travers de sa poésie, pointent souvent les valeurs écologiques. Sous jacentes aussi les critiques fleuries de la société moderne. L’air de rien, au travers des mots, respirent souvent des messages discrets. En 1983, la chanson « Les chevaliers Cathares » ironise sur ces 3 statues en ciment à l’esthétique douteuse qui bordent « l’autoroute des 2 mers ». Cabrel soupçonne son auteur d’être « du dessus de la Loire ».

Les chevaliers Cathares
Pleurent doucement
Au bord de l’autoroute quand le soir descend
Comme une dernière insulte
Comme un dernier tourment

Cette chanson de 1983 marque son premier engagement régionaliste artistique. Mais la langue occitane n’est pas encore là. Francis Cabrel déclare dans l’émission de France 3 « Viure al pais » en 2018 : « Je suis né dans des rues où l’on parlait occitan. … Je ne l’ai pas étudié, puis je m’en suis éloigné. Au fil du temps j’ai rencontré des amis qui s’y intéressaient beaucoup et qui petit à petit m’ont convaincu de m’en rapprocher. » 

Au début de sa carrière, Cabrel dit volontiers : « Je suis un fils d’immigré italien qui vit en Occitanie, qui chante en français des chansons américaines ».

En 2015 paraît son avant-dernier album « In Extremis ». L’occasion d’une nouvelle ode à l’écologie, à la diversité en général et celle des langues en particulier.

Francis Cabrel au « 40 ans de Peiraguda » – In extremis

Les mots se font alors plus abrupts. Dans la chanson qui a donné son titre à l’album, Cabrel parle d’un « génocide par précaution » de la langue occitane à la faveur de la française. Dans une interview à Paris-Match il déclare : « C’est une chanson sur la langue occitane que je défends. Le français l’a piétinée et, pour être sûr de son hégémonie, on en a fait table rase. On peut voir cette chanson comme un hymne à tous ceux qui résistent et qui arrivent à avoir gain de cause. »

2017, « Peiraguda » fête ses 40 ans. Evidemment, Francis Cabrel est de la fête, avec Jan de Nadau et « Los Pagalhos ». « Là, il a vu que cette culture, cette langue, étaient encore vives et que l’on pouvait faire de belles choses. Les 2 soirées qui ont suivi les concerts l’ont peut-être fait réfléchir et achevé de le convaincre », suggère Jean Bonnefon.

Peiraguda, Francis Cabrel, Jan de Nadau – Mon dieu que j’en suis à mon aise

 

Pour défendre son nouveau disque « A l’aube revenant », il n’hésite pas à passer des paroles aux actes en déclarant au journal de France 2: 

Je suis du Sud, partout c’est l’Occitanie autour de moi, des gens se battent pour la langue occitane et je suis à leurs côtés

La découverte des Troubadours, ces « Rockstars du Moyen-Age »

Amoureux des Lettres, Francis Cabrel ne pouvait pas passer à côté des troubadours ces grands poètes, musiciens et interprètes apparus au XIe siècle. A l’époque, ils ont d’abord écrit en occitan et tout ce pan de culture a été diffusé dans les plus grandes cours européennes. A Toulouse, les Troubadours sont Fabulous et Claude Sicre va faire des émules dans le Lot-et-Garonne. Jean Bonnefon raconte : « Claude est venu à Astaffort chez Francis Cabrel pour enregistrer des chansons réalisées par le guitariste et arrangeur Freddy Koella (grand musicien qui a joué avec Bob Dylan, Willy Deville, … ex-membre de Cookie Dingler). Claude Sicre lui porte alors plein de livres sur les troubadours ».

Une chose attire particulièrement l’attention du chanteur; une phrase précisément d’un texte de troubadour : « Se as pas res, as pas res a perdre » (si tu n’as rien, tu n’as rien à perdre). Cabrel, grand fan de Dylan que l’on qualifie volontiers de « troubadour » trouve là une résonnance de la célèbre chanson « Like a Rolling Stone » : « When you ain’t got nothing, you got nothing to lose ».  Plus qu’une simple coïncidence. 

Cabrel tombe sous le charme de ces écrivains. Il achète d’autres livres pour approfondir ses connaissances. Il reconnaît volontiers connaître leur existence mais découvre la beauté et la profondeur de leur littérature. « Il projetait même de consacrer tout son nouveau disque à ces poètes« , précise Jean Bonnefon. Finalement, il y aura 4 titres du nouvel album qui y feront référence.

En 2018, Claude Sicre invite l’artiste à se produire sur la scène de l’Estivada, le festival occitan de Rodez. Il y chantera son répertoire en français, mais aussi en occitan grâce aux traductions de Jean Bonnefon. Il accompagnera les enfants de la calandreta (école en occitan) pour une version en occitan de sa chanson « Il faudra leur dire ». Il se livrera aussi à une joute verbale et poétique avec Claude Sicre avant de présenter une nouveauté : « Rockstars du Moyen-Age ». Le titre de la chanson et l’expression viennent de Claude Sicre. De l’aveu même de Cabrel :  « il m’a donné la phrase qui a mis le feu aux poudres. »

Francis Cabrel à l’Estivada (Rodez) 2018

La version que l’on écoute aujourd’hui sur le nouveau CD est différente de celle de 2018.

Rockstars du Moyen-Age et la recherche des 3 S

Un jour, le natif d’Agen appelle le Périgourdin Jean Bonnefon. « Je vais t’envoyer un texte. Je voudrais que tu en traduises une partie… » Le co-fondateur de « Peiraguda » va faire une adaptation du texte en français plus qu’une simple traduction. « Quand je lui ai montré le texte, ça n’allait pas. Ca ne sonnait pas assez car chez Francis, il faut toujours qu’il y ait les 3 S : du Sens, du Son et du Swing!  » Jean cherche alors la bonne formule, pour la rime, pour le rythme inhérent du mot. Pour traduire « Moyen-Age », il prend quelques libertés en écrivant « Media d’Atge » au lieu de « Edat majana ». « Ca sonne quand même mieux »! Il fait d’ailleurs valider son travail par Daniel Chavaroche et Jean-Michel Espinasse, 2 références gasconne et languedocienne de la langue occitane. A l’arrivée, le refrain et un couplet en occitan. Une première pour Cabrel. 

Francis Cabrel – Rockstars du Moyen-Age

Depuis, les messages de félicitations abondent et l’émotion gagne : « Quand il m’a demandé pour la première fois d’écouter l’enregistrement, c’était déjà très émouvant de l’entendre en occitan. Mais quand Francis cite les troubadours lors d’un couplet, j’avoue qua ça m’a donné le frisson ». 

De là à imaginer une suite…? « Je ne sais pas s’il y en aura une. Mais on continuera de lui souffler des choses à l’oreille » ! Le souffle poétique, puissant et inaltérable des troubadours.

Benoît Roux

17 Oct

Vox Bigerri : la recherche du son en commun

C’est devenu LA référence du chant polyphonique pyrénéen. Vox Bigerri sort son 7ème album « Jorn ». Un mélange de créations, chant traditionnels, reprise jazz. 4 hommes dans le vent pour un disque de très haute volée. Guidés par la recherche du son commun.

C’est un temps suspendu, contemplatif. Se poser, fermer les yeux, écouter, observer. Un disque de Vox Bigerri, ça se savoure, durablement. Pascal Caumont, Fabrice Lapeyrère, Régis Latapie et Bastien Zaoui sortent aujourd’hui leur 7ème album. Ils sont devenus LA référence du chant polyphonique traditionnel et contemporain. Un travail historique, scientifique et artistique avec des chants collectés dans les vallées pyrénéennes, des adaptations et des créations.

« Jorn » un disque de polyphonies de tous les temps

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la puissance du son. Un son qui va au-delà de l’écoute, avec beaucoup de force et de sérénité. Jusqu’à présent, ils étaient 5. Mais la voix la plus haute (Olivier Capmartin) s’est envolée. Ce qui n’est pas un problème car dans la polyphonie traditionnelle, il y a 3 registres de voix. Désormais, les 4 compagnons de voix voyagent sur tous les tons. « Dans nos chants, il y avait souvent 3, 4 voix maxi, rarement 5. Donc nous alternons les registres, avec plus de souplesse. » Pascal Caumont est à l’origine de cette formation masculine.

Vox Bigerri – La nòvis n’a la corona li tomba

 

Jusqu’alors, les disques étaient thématiques : le chant sacré (Cap aus Sorelhs, vers les soleils), le chant festif (Ligams, liens), la rythmique jazz avec l’intrusion du batteur américain Jim Black (Tiò). Dans le nouveau CD « Jorn » (jour), il y a un peu de tout. Le morceau « Jorn » justement est une création, des paroles de Pascal Caumont mises en « musique » par Fabrice Lapeyrère. N’allez pas croire que ça parle de bergers, de troupeaux égarés et de femmes éplorées ! « Cette création me plaît beaucoup. Elle parle des valeurs de notre société. Nous avons beaucoup de forces en nous pour affronter la mauvaise période que nous traversons. Il nous faut aller de l’avant pour bâtir une société plus juste et plus coopérative ». Avec la période que nous traversons, la résonnance est évidente.

Le son commun

« SON » : pronom personnel possessif. Une définition qui vaut pour la langue française. Mais Vox Bigerri chante surtout en occitan! Alors le SON est bien « personnel » dans le sens d’unique, propre, mais il n’a rien de « possessif ». Il serait plutôt synonyme de partage. C’est la recherche perpétuelle du son commun. Aucun doute à l’écoute de ce nouveau CD. En studio, sur scène, il y a cette manière d’être ensemble, de faire communion. Les 4 voix s’harmonisent parfaitement, servant d’écho et de support les unes aux autres. Un chant à l’unisson rempli de résonnances.

Sur la pochette de ce nouveau CD, les anneaux de Saturne (le lien) et sa lune Rhéa, la femme de Cronos, maître du temps. Les chansons interprétées sont en effet moins soumises au temps, la rythmique pourtant complexe se fait discrète pour porter l’ampleur des voix. Tout est aérien et suspendu. Comme le temps qui s’arrête pour faire place aux voix. Les chanteurs remplissent l’espace. La polyphonie sonne alors comme une plénitude. On se retrouve transporté hors du temps.

Vox Bigerri – Jorn (Création 2020) from Pirèna Immatèria on Vimeo.

« Nous voulons être dans le son de la voix, une connexion pour faire accord, entrer en harmonie. Quand nous chantons comme ça, nous ressentons des vibrations dans tout le corps. Le rythme est organique, pas mécanique », explique Pascal Caumont. Et ce n’est pas une gasconade !

Le chant comme un ballon de rugby

Chaque langue a sa musicalité mais Vox Bigerri passe aisément de l’occitan au français, parfois dans le même chant comme « Aquesta neit n’èi hèit un rève » (Cette nuit j’ai fait un rêve). Dans la très réussie reprise de « Strange fruit » (Fruit étrange) de Billie Holiday puis Nina Simone, ils s’approprient la mélodie, tantôt en anglais, tantôt en occitan. Autant dire que le chant du groupe Vox est protéiforme, dans son univers pour les traditions, dans les cieux pour le chant religieux (« Sanctus-Benedictus », « Kyrie Eleison »)), transcendé par le rythme quand pointe le jazz (« Strange Fruit »).

Un travail de funambule, toujours en équilibre, à la recherche du bon rebond vocal.

Il faut être concentrés, posés, regarder ce qui se passe chez l’autre. Nous sommes tout le temps en connexion, toujours à regarder où va tomber le chant de l’autre, comme le rebond aléatoire du ballon de rugby!

Ce son commun toujours en osmose, Vox Bigerri en a fait sa marque de fabrique.

Réinventer la tradition en se nourrissant de l’Histoire

Dans l’album « Jorn », il y a aussi matière à réfléchir. Comme avec cet air traditionnel, un tube pyrénéen « Sendèrs de tèrra nera » (Sentiers de terre noire) que l’on doit à Jean-Claude Coudouy. Le mémorable interprète du « Hilh de puta! » a fait une magnifique mélodie mais le texte d’un autre auteur un peu macho, parle de « race », incompatible donc avec l’esprit et la vision du groupe. Alors, Pascal Caumont prend la décision de le réécrire, et ces sentiers sont désormais propice à l’admiration de la voûte céleste, prétexte à s’interroger sur le devenir de la planète.

Vox Bigerri – Sendèrs de tèrra nera

L’Histoire est très présente avec « Lo purmèr de març » (Le premier mars), le moment où les jeunes garçons partaient travailler en Espagne pour gagner un peu d’argent du XVe jusqu’au XVIIIe. Histoire encore avec « La cançon de Grangèr » (La chanson de Granger) sur la fugue d’un jeune voulant échapper au service militaire (7 ans à l’époque!) qui réussit à désarmer et mettre en fuite les gendarmes.

Et puis il y a « Montségur », lieu du massacre qui mit fin à l’hérésie cathare en 1244. Ils avaient déjà mis en musique le célèbre poème de René Nelli écrit 700 ans après sur une blessure plus vive que jamais. Sur ce disque, c’est une nouvelle version de « Montségur », sur un poème de la Catalane Susanna Rafart. « Nous avons rencontré Susanna Rafart à Barcelone. C’est un écrivain très connu en Catalogne et en Espagne aussi. Elle nous a montré ce poème qui a résonné comme une suite au Montségur de Nelli. Je l’ai mis en musique. Le premier Montségur s’achève sur un cri. Ici le chemin est plus apaisé. Dans le ciel, on regarde les aigles voler au dessus du château ». L’aigle, qui peut voler très haut, et dont les larmes ne peuvent pas geler car elles sont faites d’huile…

Un disque aérien, au son ample, qui nous laisse en lévitation, apaisés et transportés par les voix.

Vox Bigerri – Jorn

Le travail de Vox Bigerri est remarquable, tant sur un plan artistique que technique et historique. Le groupe ne se répète pas d’un disque à l’autre mais va explorer toujours de nouveaux espaces. Ils préparent déjà une nouvelle création « Milharis » qui mélangera musique électronique, jazz avec des flutes traditionnelles, le tout accompagné par l’orchestre de chambre de Toulouse. Rien n’arrête ces explorateurs de sons.

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PIRENA IMMATERIA

Benoît Roux