21 Avr

Guillaume Lopez, l’artiste vagabond en équilibre

Malgré son jeune âge, Guillaume Lopez a plusieurs décennies de pratiques musicales derrière lui. Dans quelques jours il sortira son nouvel album « Anda-Lutz ». Pas loin d’être le 20ème… peu importe le nombre mais quand même. Un disque qui réunit à part égales les musiques qui l’ont toujours porté : occitane, andalouse, arabe et, petite nouveauté : jazz. C’est dire l’éclectisme de l’artiste. Un musicien vagabond, qui se nourrit des autres, toujours dans l’équilibre. Rencontre.

Guillaume Lopez et les musiciens d’Anda-Lutz. Photo : Amic Bedel

Anda-lutz, génèse du projet

Guillaume Lopez a toujours été un artiste en recherche, curieux des rencontres et des enrichissements qu’elles procurent. En l’occurrence, nous sommes en 2006 et le projet « Sòmi de Granadas » avec l’accordéoniste Thierry Roques. Un parcours musical qui fait le lien entre Grenade-sur-Garonne et Granada en Andalousie. 2017, coup de fil du Conseil Régional d’Occitanie. L’idée : réunir un artiste d’Occitanie et un autre du Maroc. « Je connaissais déjà le musicien percussionniste Saïd El Maloumi. Nous avions fait une création à Cahors avec lui mais aussi Xavier Vidal, Thierry Roques, Dominique Regef et d’autres. » Les artistes ayant peu de temps pour répéter, ça allait faciliter les choses. Un seul spectacle à l’Institut français au Maroc à convaincu la présidente de région. « Il faut continuer », paroles de Carole Delga.

Teaser création du projet Anda-Lutz

Novembre 2018, 4 artistes se retrouvent au Maroc pour parfaire le projet. Il y a Guillaume bien sûr, Thierry Roques, Saïd El Maloumi et le jazzman Nicolas Gardel. « A l’âge de 8 ans, nous étions ensemble à l’harmonie de Tournefeuille. On s’est côtoyés pendant 10 ans. J’avais envie de rajouter une couleur jazz à ma musique, j’ai de suite pensé à lui. Je connais bien Nicolas. Il est toulousain et sincère. C’est aussi un musicien qui crée et qui sait se mettre au service d’un projet.  » 

Les 4 musiciens au Maroc. Photos Amic Bedel

Avril 2019 la saison culturelle Occitanie-Maroc s’annonce. Les musiciens se produisent pour une date au Palais du Méchouar de Casablanca et d’autres dans différents instituts français du Maroc. « C’était très bien. De ne pas jouer devant un public conquis c’est enrichissant. Et puis l’ambiance, extraordinaire! »

C’est devenu le projet phare de la compagnie Le CAMOM (Collectif Artistique et Musical Occitanie Méditerranée) de Guillaume Lopez. Octobre 2019 : résidence à la scène nationale d’Albi. L’album s’enregistre avec le fidèle ingénieur du son Alfonso Bravo au studio » Elixir » proche de Toulouse. « Nous avons enregistré une base live puis des nouvelles prises pour compléter, corriger. C’est Nicolas Gardel qui à réalisé l’album. »

Il sortira sur les plateformes de streaming vendredi 24 avril et sera chroniqué sur ce blog.

L’œil d’Alem Surre-Garcia, l’oreille de Christian Vieussens

« Depuis 2004, je suis sur la dralha avec Alem Surre-Garcia. C’est mon moteur intellectuel. »Pas plus grand spécialiste et grand vulgarisateur au sens noble du terme qu’Alem Surre-Garcia sur les relations arabo-occitanes. Ensemble ils ont tissé ce lien historique et culturel entre l’Occitanie et le Magreb via l’Andalousie. Idéologiquement pertinent, musicalement évident. Ce cheminement a nourri Guillaume, lui a permis d’assumer ses racines andalo-occitanes et ses aspirations. « J’ai toujours voulu mélanger les musiques du monde -y compris l’occitan- à des musique improvisées. Manu Théron fait ça aussi. La musique occitane n’est pas plus ni moins importante. Les musiques sont au même niveau. »

 

Christian Vieussens, président de la compagnie de Guillaume Lopez (Le CAMOM dans le Gers) a lui aussi toujours voulu mélanger les cultures en respectant leurs identités. « Je m’identifie beaucoup à son travail, sa recherche sur le pifre (fifre) gascon. Nous sommes flutistes tous les deux. Son contact m’a ouvert beaucoup de chemins. »

Avancer sur les chemins pour découvrir l’autre, s’enrichir, sans trahir, Guillaume Lopez ne s’est jamais arrêté. Tel un vagabond en quête de musique, tantôt en Andalousie, Occitanie, Magreb, Chine et maintenant  en Argentine pour des productions à venir. « Ce qui me touche, ce sont les gens qui ont une forte personnalité musicale et qui sont sincères. Pour faire quelque chose non pas qui me plaît mais qui me ressemble. »

Avec Anda-Lutz, le vagabond de la musique a trouvé son équilibre. Et ça s’entend.

Bonus Track : extrait live du spectacle janvier 2020

20 Avr

Un Printemps de Bourges imaginaire avec 2 artistes d’Occitanie bien réels !

Pépinière pour faire éclore de jeunes talents à coté des confirmés, le Printemps de Bourges se réinvente en mode virtuel confiné. « Le Printemps Imaginaire » nouvelle version aura bien lieu dès demain, non pas à Bourges mais sur les réseaux sociaux et dans certains médias notamment sur les antennes de Radio France. Des artistes ont répondu présent comme Alain Souchon, Catherine Ringer, Yael Naim, Jeanne Added, Tryo, Jeanne Cherhal, ou encore Renan Luce… Mais plus de 70% de la programmation est faite avec des musiciens et chanteurs émergents. Parmi eux, 2 artistes d’Occitanie Alicia et Oordaya qui ont passé les sélections régionales. 

Programmation du nouveau festival

Alicia et Oordaya : 2 femmes d’Occitanie qui rêvent en grand

Ils sont plusieurs milliers de groupes à postuler. Mais peu sont les élus à passer les épreuves de sélection pour avoir leur nom sur les affiches du festival catégorie « Inouïs ». Candidats en région, sélectionnés par elle, parfois ils ne sont malgré tout pas retenus pour la scène. Cette année, malgré le contexte, Alicia et Oordaya, 2 femmes d’Occitanie se retrouve dans la programmation.

En premier Alicia, une toulousaine qui a chanté sous le pseudo Aliyas en référence à Alicia Keys.

Alicia. Photo site Printemps de Bourges

Le site du festival la présente ainsi : « Alicia… chante avec une maturité déroutante pour son jeune âge et une voix chaude qui caresse l’oreille. Entre rap, pop et r’n’b, elle oscille avec agilité entre reprise de Damso et poignant appel à l’aide de femme victime de violences ». La scène de Bourges, elle s’y préparait. Les événements en ont décidé autrement. Faute de scène, place à l’imaginaire. Elle a envoyé au festival une chanson inédite. 

Même situation pour la jeune Oordaya, 19 ans. Cette artiste française d’origine algérienne a déjà 1 mini album et des vidéos à son actif. Un deuxième EP devait sortir en avril.  Une atmosphère planante, dans l’air du temps, Oordaya (la fleur) a déjà beaucoup d’assurance.

Oordaya – Listen

 

Pour le festival, elle a réalisé une vidéo pour se présenter au public confiné.

Oordaya. Photo : site Printemps de Bourges

Pour Rita Sa Rego qui s’occupe de cette programmation jeunes talents : « On étudie la possibilité d’offrir une scène à tous ces lauréats régionaux. Cela pourrait avoir lieu fin août ou début septembre à Bourges. Tout dépendra des conditions sanitaires à ce moment là. Ce serait le Printemps mais autrement. »

Un printemps de Bourges ré-inventé

Artistes mais aussi festivaliers sont invités à faire preuve d’imagination. Lives, chroniques, illustrations, et même danses et playbacks pour les spectateurs, tout le monde à carte blanche pour un printemps plus verdissant encore ! et leurs œuvres sont offertes à tous sur nos réseaux sociaux ».

Vous êtes même sollicités si le cœur vous en dit pour faire des chorégraphies sur des thèmes imposés.

MARDI : « Y’a le printemps qui chante » de Claude François
MERCREDI : « Mojo » de -M-
JEUDI : « Khapta » de Heuss l’enfoiré
VENDREDI : « La banane » de Philippe Katerine
SAMEDI : « Le Temps est bon » de Bon Entendeur
DIMANCHE : « Les planètes » de Matt Pokora
Vous avez jusqu’à la veille 12h pour envoyer vos vidéos à l’adresse : communication@printemps-bourges.com

Tous les jours à 18H, une vidéo collective sera diffusée sur les réseaux sociaux.

Le service public va répondre présent avec les antennes de Radio France : les France Bleu, FIP, France Musique, France Culture. Dès ce soir 20H, le Printemps de Bourges  sera sur France Inter avec un best of des éditions précédentes. Vendredi, concert confiné de la chanteuse Izia (Higelin) et du DJ Rone. Le Mouv quant à lui proposera des soirées rap, mercredi 22 et jeudi 23 avril.

25 Mar

Augustin Charnet, l’artiste qui mesure le temps

Quoi de mieux pour un musicien -et pour un mortel- que de maîtriser le temps? C’est exactement ce que fait Augustin Charnet, jeune artiste toulousain devenu par ailleurs maître des espaces sonores. Pianiste de formation, arrangeur par vocation, il s’est fait remarquer avec son groupe Kid Wise, puis récemment avec des arrangements et compos sur le dernier Cali. Il se dirige vers une carrière solo avec son tout nouveau clip « Vénus ». Augustin Charnet inaugure cette nouvelle rubrique consacrée à des artistes D’empr’aquí, de par ici.

24 ans et un parcours déjà riche

Il faut savoir saisir le temps. Telle pourrait être la devise d’Augustin Charnet. 24 ans et déjà un solide parcours musical : des groupes comme Kid Wise aujourd’hui en sommeil (2 albums), After Marianne désormais éteint (2 EPs). Des collaborations logiques de par ses univers sonores (Christophe voire julien Doré) ou plus surprenantes (Cali). Il a aussi travaillé pour les rappeurs Rilès et Disiz la Peste.

La voix au début dérange presque autant que l’univers du pianiste planant, répétitif et éthéré attire. Alors oui, il faut prendre le temps de s’en imprégner, de se laisser dérouter et re-router.

Maître du temps

Dans ses vidéos comme l’excellente reprise du tant entendu « Ne me quitte pas » on le voit s’installer et s’inspirer une vingtaine de secondes avant d’égrainer la première note de piano et y suspendre sa voix. Le silence après du Mozart est encore du Mozart; le silence avant du Charnet est déjà du Charnet.

D’une interprétation très extravertie de Brel, il fait quelque chose de plus intimiste, poétique et obsédant. Avec des déchirures vocales en points d’orgue célestes, un final somptueux et paradisiaque. Du Brel comme jamais entendu. 

« Vénus » onirique, planant et lunaire

Dans son nouveau clip format diapo, ça commence à bouillonner grave et sourd en suivant la chaîne sous-marine, avant des sons plus cristallins en surface. Une bonne minute avant la rythmique et encore plus tard, les premiers mots.

Le style s’affine et s’affirme mais les ingrédients restent les mêmes. Un gros travail sur les sons, un univers sonore tissé en différentes couches comme un peintre. Des claviers qui s’avancent et plantent le décor, des basses résonnantes qui le définissent, des notes de pianos qui l’élargissent.

« Vénus » auteur compositeur interprète Augustin Charnet réalisé par Johann Dorlipo

Et la voix toute en retenue et qui se fond dans les espaces de ce nouveau morceau où les émotions passent. Les paysages sonores sont, comme d’habitude, très travaillés et envoûtants. 

L’esthétisme est lui aussi la marque de fabrique de l’artiste. Des clips où l’image est travaillée, onirique, presque peinte, avec des lumières apprivoisées. Et une fin où, là-aussi, il faut laisser le temps filer jusqu’au dernier souffle.

Augustin Chanet ©Johann Dorlipo

Ce petit joyau n’annonce pas encore son premier album solo. Un deuxième titre est annoncé pour l’été, un autre à la rentrée. Pas question de brûler les étapes : l’album ne sortira qu’en 2021. Toujours dompter le temps.

Augustin Charnet est l’organisateur du Spring at Home Festival qui aura lieu le samedi 28 mars à partir de 20H30 en live sur le compte Instagram du festival, créé spécialement pour l’occasion.

 

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Au programme entre autres Cali de chez lui à Perpignan, Mathilda (After Marianne) de Cannes, et d’autres artistes en live de France, d’Iran ou des US.

Benoît Roux