04 Sep

Le nouveau disque jazz-world de Mino Cinelu et Nils Petter Molvær

Le percussionniste d’origine martiniquaise Mino Cinelu et le trompettiste norvégien Nils Petter Molvær signent la sortie de cette semaine : « SulaMadiana ». « Sula » c’est l’île où est né le norvégien et « Madiana » la Martinique de Cinelu. Un album aux influences riches entre jazz, fusion, afrobeat et des éléments de hip hop. L’oeuvre de 2 artistes multi-instrumentistes très doués et ouverts qui explorent les univers sonores. Le tout avec respect des cultures et une intelligence du son. Un disque qui fait voyager les yeux fermés.

Deux musiciens oreilles ouvertes

Mino Cinelu, avant de se lancer en solo, a d’abord été un musicien hors pair. Batteur, percussionniste, guitariste, il se fait remarquer dès son plus jeune âge (24 ans) par un certain Miles Davis :  » Mino Cinélu peut faire swinger n’importe quelle musique « .

3 ans plus tard, Joe Zawinul l’invite à rejoindre la formation mythique de Weather Report. En fait, il a joué avec les plus grands jazzmans du monde mais aussi des artistes de variété comme Lavilliers (dès 1976), Nougaro, Sting ou encore Peter Gabriel. Autant dire que la richesse et la finesse de son jeu ont tapé dans les oreilles de ceux qui ont un organe bien aiguisé.

Après avoir accompagné ces grands maîtres, il se lance en solo en 2000. Des disques plutôt convaincants où pour la première fois, on l’entend chanter.

Cet éclectisme, cette envie de découvrir d’autres univers, on la retrouve aussi chez le trompettiste Nils Petter Molvær. Comme Miles Davis, le norvégien est un adepte de la sourdine et des notes tenues. A l’écoute, le son de Miles Davis est  là mais le jeu est différent. Dans un premier temps, l’artiste est signé par le label ECM qu’il quitte en 2000. Le son « froid » assez caractéristique des productions de Manfred Eicher s’est un peu réchauffé. Lui aussi est devenu un maître de la fusion, un explorateur à succès de différents genres.

Sur l’album, leur complicité est évidente, même si leur rencontre remonte seulement à 2015.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – SulaMadiana

Album fusion

A l’écoute de « SulaMadiana », c’est l’esprit du voyage qui l’emporte. Un côté fusion, un versant primitif dans certains rythmes et onomatopées, leur musique permet d’explorer l’Afrique, l’Europe bien sûr mais aussi les Amériques et l’Inde avec le très beau morceau « Indianala » composé par Cinelu. Un fond de tablas agrémentés de percussions et voix du musicien français, ponctué par les sonorités douces des cuivres.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – Indianala

Une corne d’abondance sonore qui remplit les paysages, à faire oublier qu’il y a seulement 2 musiciens. On y retrouve aussi 3 hommages appuyés à 3 artistes disparus cette année qui les ont inspirés. « SulaMadiana » (Manu Dibango), « Song for Julle » (Tony Allen) et « Tambou Madiana » pour l’un des batteur de Miles Davis (Jimmy Cobb). Les percussions de Cinelu sont toujours aussi puissantes et précises et s’allient parfaitement avec les cuivres et les nappes planantes de Nils Petter Molvær.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær Photo : site Facebook

Les rythmes sont variés, les compositions originales et surtout, la fusion entre ces univers, totale. Un disque régénérant et inventif.

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Benoît Roux