En 1985, Michel Jonasz accompagné de ses amis musiciens Manu Katché et Jean-Yves D’angélo étaient sur scène pour une tournée mémorable « Unis vers l’Uni ». Un artiste au sommet de son art, une complicité évidente avec ses musiciens. Ceux qui ont eu le bonheur de voir ce spectacle s’en rappellent encore. Il y a quelques mois, les mêmes artistes qui ne se sont jamais quittés ont repris le chemin du studio pour un nouvel album : « La Méouge, le Rhône la Durance ». Le groove de Mister Swing est toujours là. Comme une rivière vivifiante.
A 73 ans, Michel Jonasz est assez discret. Le métier d’acteur a fini par prendre le dessus sur celui d’auteur-compositeur-interprète. Alors forcément, toute nouvelle chanson est un petit plaisir rare à savourer. Entendons-nous bien, l’univers de l’artiste n’est pas toujours d’une grande gaieté et parfois un peu déprimant. Avec le temps aussi, il faut se faire à sa voix un peu chevrotante et tremblante. Ceci étant précisé, l’album sorti en 2019 est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que notre Al Jarreau français n’a rien perdu de son groove, de la qualité de ses compositions, de la beauté (parfois un peu triste) de ses textes.
Pour s’en convaincre, un titre emblématique à faire décoller des semelles de plomb, à laisser entendre que Jonasz est bien un artiste black américain.
Michel Jonasz – Traverser la mer à la nage (Live)
A renfort de cuivre bien affûtés et d’un harmonica enlevé, le morceau anodin au départ finit par swinger tel « La boîte de jazz » il y a plus de 30 ans. Et oui, 30 ans ! La poésie s’installe puis, comme à son habitude, le batteur Manu Katché pousse et installe son rythme. Les arrangements sont sobres, intelligents et efficaces, un vrai régal progressif.
Autre exemple flagrant du style intelligent du batteur français tout en subtilités : « La Planète bleue ». Ce morceau clôture le disque et Jonasz éco-responsable renoue avec l’album « Unis vers l’uni ». Dans une interview à la RTBE, il déclare : « Même aujourd’hui, c’est fascinant de me dire qu’on est sur cette boule, cette planète bleue qui tourne dans l’espace, et puis que nous on est dessus comme ça, et qu’il y a des étoiles qui sont à des milliards d’années lumière …Nous sommes les hôtes d’une planète qu’il faut apprendre à préserver, c’est une conscience qui doit s’incarner avant qu’il ne soit trop tard. »