Suzanne Vega vient de sortir un nouvel album disponible au format MP3 sur les plateformes. L’interprète de Luka a d’ailleurs servi de référence quand le numérique est apparu pour supplanter l’analogique. Arrivée en même temps que la radio numérique terrestre, le MP3 permet de compresser, d’emporter et partager plus facilement de la musique
My Name is Suzanne. I’m the reference of MP3. Si l’artiste californienne est surtout connue pour son tube « Luka », c’est un autre morceau « Tom’s diner » qui a intéressé les créateurs du son numérique compressé : le MP3. Ce format est apparu en 1993. Il va changer fondamentalement la manière dont la musique sera distribuée et partagée. Oubliés les K7 (oui oui, certains se rappellent de ce support qu’il ne fallait pas oublier de retourner !), les vinyles (provisoirement) et même les CD. Malgré des débuts difficiles, le MP3 s’impose pour le côté pratique de son utilisation.
Un ingénieur allemand écoute 1000 fois Suzanne Vega
Le MP3 est né d’une collaboration entre Thomson et l’Institut allemand Franhaufer, Précisément, Karlheinz Brandenburg est le père du nouveau format numérique. Pour lui, « Tom’s dinner » était la chanson de référence pour obtenir le meilleur son. « Le son était très mauvais lors des premiers essais. L’encodage de la voix était plutôt réussi. Mais si on appliquait cet algorithme pour la musique, c’était horrible ». Le mathématicien choisit donc un morceau a cappella pour travailler. On considère que cette chanson est difficile à encoder sans perte de qualité. Les ingénieurs mettront 10 ans pour y parvenir.
Le challenge : compresser cette voix pure sans la détériorer Il va écouter plus de 1000 fois « Tom’s diner » pour trouver un résultat satisfaisant. Les puristes diront à juste titre que le MP3 ne vaut pas le CD et encore moins le vinyle. Mais Karlheinz Brandenburg devient le père du MP3 et Suzanne Vega sa mère. Ils sont à l’origine d’un tournant dans l’industrie musicale.
Développement et régression du MP3
On l’oublie souvent mais le MP3 doit son existence au projet EUREKA initié par le couple franco-allemand Mitterrand-Kohl et financé par l’Union Européenne. Des logiciels de partage de fichiers comme Winamp puis Napster vont permettre au MP3 de rencontrer le grand public. Ils s’attireront surtout les foudres des maisons de disques et de certains artistes comme Metallica. Car le MP3 est gratuit et tue tué le sentiment d’appartenance que l’on avait en achetant une K7, un vinyle, un CD.L’arrivée de l’I-pod (+ de 270 M d’exemplaires vendus) fera le reste. Plus tard, Apple lancera l’iTunes Store avec un nouveau format de compression. L’apparition des smartphones compatibles avec de multiples formats sonnent le déclin.
Les plateformes Qobuz ou encore Tidal n’utiliseront pas non plus ce format mais un autre mode plus qualitatif. Le MP3 a souvent été l’apanage des téléchargements illégaux ou de ceux qui se satisfont d’un accès à la musique gratuite mais de piètre qualité en termes de son. You Tube en est le meilleur exemple. La plateforme est devenu le diffuseur facile pour les maisons de disque et les artistes, tel un MTV numérique. Mais la messe est dite. En 2017, la société allemande Fraunhofer-Gesellschaft à l’origine du format annonce que les brevets de licence du MP3 tombent dans le domaine public.
Suzanne Vega, une artiste emblématique
Quant à Suzanne Vega, elle est devenue une artiste emblématique avec sa chanson manifeste « Luka » sur les maltraitances familiales. « Tom’s Diner » avec son gimmick vocal accrocheur et son tempo inoubliable ne peut se limiter à l’anecdote du MP3.
Suzanne Vega – Anniversary
Avec son complice guitariste Gerry Leonard, elle revisite de manière intimiste son riche répertoire. Son album live enregistré au Carlyle Café à New York permet de mesurer tout le talent de la chanteuse.
Suzanne Vega – Walk on the Wild Side (Lou Reed)
Histoire (non compressée) du MP3