16 Sep

Musique et discrimination : les femmes ne veulent plus être menées à la baguette

En France 4% des chefs d’orchestre seraient des femmes. Dans le monde, seuls 48 orchestres permanents sur 778 ont une femme au pupitre. Le concours La Maestra organisé par la Philharmonie de Paris veut attirer l’attention sur ces femmes veulent mener à la baguette, à l’égal des hommes.

Claire Gibault à la tête de l’Ensemble Cénoman © OLIVIER BLIN via MAXPPP – PHOTO 

Parmi les musiciens de conservatoires, il y a autant de femmes que d’hommes. Dans les orchestres, presque autant (40%).  Mais à la direction d’orchestre, seulement 4% en France (6% au niveau mondial) de femmes se retrouvent au pupitre. Pour dénoncer cette situation et prouver que les femmes ont autant de capacité, un concours de cheffes est organisé cette semaine.

Des cheffes pour tenir tête

220 femmes, d’une cinquantaine de nationalités différentes vont concourir du 15 au 18 septembre. La Philharmonie de Paris et le Paris Mozart Orchestra donnent ainsi une vitrine (retransmis sur Arte) et veulent créer des vocations. Car mise à part Debora Waldman nommée à la tête de l’orchestre d’Avignon, il n’y a pas d’autre exemple d’une femme dirigeant un orchestre national permanent.  Et encore, c’est une nomination récente. Debora Waldman avait dû créer son propre orchestre auparavant pour pouvoir diriger.

Claire Gibault qui est à la tête du Paris Mozart Orchestra et membre du jury a elle même été victime de remarques machiste comme beaucoup d’autres. Elle confie au journal 20 minutes qu’un  médecin d’un chef d’orchestre aurait affirmé « que les femmes ne peuvent pas être cheffes d’orchestre » pour des raisons « biologiques » : « Il m’a dit qu’elles avaient les bras tournés vers l’avant, pour tenir les bébés dans leurs bras ». On est prié surtout de ne pas rire. 

Un concours mais après?

En 2018 déjà, la Philharmonie de Paris avait organisé un tremplin pour promouvoir les cheffes. Cette année, 220 cheffes ont postulé  12 ont été sélectionnées dans le monde entier et 3 se retrouveront en finale le vendredi 18 septembre. On remarquera qu’une seule française (franco-britannique) : Stéphanie Childress se trouve parmi parmi les finalistes.

Les 12 cheffes sélectionnées pour le concours. Photo site La Mastra

La gagnante empochera 20 000 €. Mais après ?  Emmanuelle Haïm ou encore Nathalie Stutzmann commencent à se faire une place. Un léger mieux ces dernières années mais on part de très loin. Peu nombreuses au pupitre, les femmes sont quasi inexistantes aussi au niveau de la composition. Le syndrome Alma Mahler persiste. On se souvent que la femme du compositeur autrichien Gustav Mahler avait du ranger ses partitions pour ne pas faire concurrence à son homme alors qu’elle avait du talent.

La cheffe d’orchestre américaine Marin Alsop était la semaine dernière avec l’Orchestre de Paris. Mais c’est la baguette qui cache le désert à l’international. Elle sera membre du jury de La Maestra.

Ce nouveau concours La Maestra veut remettre les femmes dans le bon tempo. Certains pays (scandinaves) ont établi des quotas. En France, ce concours permettra de les accompagner pendant 2 ans, d’enregistrer des albums ou d’être invitées par les orchestres pour rétablir l’équilibre. On leur souhaite la même réussite que la Lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla, directrice artistique de l’Orchestre Symphonique de Birmingham. L’an dernier le célèbre label Deutsche Grammophon a signé un contrat d’exclusivité avec cette jeune cheffe. Une Maestra au domaine des machos.

PROGRAMME LA MAESTRA 

Benoît Roux