Poursuivant sa carrière solo, Asaf Avidan sort un 7ème album toujours aussi singulier. « Anagnorisis » passe aisément d’un style musical à un autre, porté par la voix stratosphérique du chanteur israélien. Un disque produit sobrement et avec efficacité qui place Asaf Avidan parmi les valeurs sûres des artistes inventifs. Notamment par l’utilisation de la voix. Assurément le nouvel album de la semaine.
Quand on a une voix aussi particulière, c’est tout l’univers musical qui est influencé. Asaf Avidan continue d’explorer avec une certaine aisance différents genres avec une voix qui porte en elle beaucoup de fragilité mais aussi tellement de diversité et de puissance.
Les voix d’Asaf Avidan
Suspendue aux aigus comme dans « 900 days », elle sait aussi se faire grave avec un registre plus normal. Surtout, cet album est un festival de voix, et c’est l’artiste lui-même qui les faits toutes. Etonnant.
Asaf Avidan – Lost Horse – (live C à Vous – 10/09/2020)
S’aventurant dans une ballade (« Earth Odyssey »), Avidan joue sur les 2 niveaux, aigu et grave. Riffs de guitare, sonorités électro, chorale d’enfants façon « The wall » sur un refrain haut perché. Tout paraît simple, équilibré, avec des sons « classiques » et des ajouts de sons électroniques.
Avec « No Words », on touche l’intime avec légèreté sur quelques notes de piano feutré et chœurs éthérés. Joliment fait. Avec l’élégance d’un Jeff Buckley.
Asaf Avidan – No words
Un disque intimiste à la production impeccable
Mêmes composantes pour « Anagnorisis » avec une voix encore plus écorchée. Sublimé par une trompette profonde et quelques éclairs de piano. Où l’on voit aussi tout le talent de compositeur d’Avidan.
« Rock of Lazarus » montre une autre facette de l’artiste, beaucoup plus contemporaine, avec un travail sur les sons intéressant. Et comme toujours, au-delà du chant lead, la voix est un instrument à part entière avec lequel Avidan s’amuse par petites touches à créer quelques surprises. « Wildfire » prend même quelques accents Bowien ou Reediens. Le tout, très bien mixé.
On passe d’un morceau à l’autre sans lassitude, toujours séduit par la variété des compositions et des arrangements. Mention spéciale aux voix en tous genres.
Petit bijou mélancolique
« Darkness song » porte bien son nom. Assez sombre beaucoup des titres d’Asaf Avidan. Le morceaux est vraiment superbe de maîtrise, avec des chœurs murmurés et un piano presque étouffé, voix écorchée du chanteur.
Asaf Avidan – Darkness song
Très belle ballade qui fait penser à Nick Cave aussi dans la sobriété de la production. Idem pour le morceau qui clôt l’album « I see her don’t be afraid ». Toujours Nick Cave toujours sur fond de bourdon et d’harmonium. Comme une embarcation à la dérive, lourde de mélancolie, qui finit par échouer sur un rivage plus paisible.
Ce n’est pas le disque de l’année mais c’est très agréable à écouter. Résolument à part, intimiste, fragile, équilibré, épuré. Un petit bijou.
Asaf Avidan Live à Paris (09/2020)
Benoît Roux