C’était une légende du blues. L’américain Lucky Peterson est décédé ce dimanche 17 mai à l’âge de 55 ans. Son instrument de prédilection, c’était la guitare. Mais avant de savoir parler, il avait appris l’orgue. Musicien multi-instrumentiste, chanteur à la voix rauque, showman incomparable, il avait un lien privilégié avec la France. C’est d’ailleurs sous le label français Jazz Village qu’est paru son ultime album.
Il jouait de la guitare comme il respire : naturellement et sans se poser de questions. Mais c’était aussi un organiste hors pair qui faisait ce qu’il voulait sur ce bon vieux orgue Hammond. Tel Miles Davis à la trompette, il savait creuser le son, aller toujours en profondeur pour explorer toutes les sonorités. Il a été repéré dès l’âge de 5 ans par son grand maître Willie Dixon. C’est aussi à cet âge-là qu’il a enregistré… son premier disque!
Et comme tous les grands, il était resté simple, n’hésitant pas à venir jouer au milieu de la salle ou après un concert avec son public. J’ai eu le privilège de le voir au tout début de sa carrière en France. Pour tout grand amateur de blues, ce monsieur avait tout compris.
Every Day I Have The Blues, Jazz in Marciac 2016
Il respirait cette musique, savait précisément comment la jouer. Avec des sons extraordinaires sortis de sa guitare ou de son orgue Hammond. Un toucher fantastique quel que soit l’instrument et sa voix ardente pour l’accompagner.
Mais sa musique ne se limitait pas au blues : il y avait de la soul évidemment, une posture rock, du gospel (un disque hommage à Mahalia Jackson) et même des pointes de reggae come sur ce titre : « The blues is Driving me ».
Ce titre est un extrait de son ultime album 50 Just Warming Up! sorti sur le label français Jazz Village après avoir travaillé aussi avec le label de Francis Dreyfus. Un disque pour fêter ses 50 ans de carrière. Lucky Peterson avait parfaitement digéré l’héritage de ses aînés Robert Johnson, Buddy Guy, John Lee Hooker. Mais comme d’autres bluesman de sa génération (Robert Cray, Kevin Moore), il apportait une touche de modernité. Il laisse une trentaine de disques et des souvenirs inoubliables pour ceux qui l’ont vu en concert.
Benoît Roux