29 Mar

700 rames neuves d’ici 2021 : la promesse impossible de Valérie Pécresse

IMG_3864-1On ne peut pas lui faire le reproche du manque de volonté. Ni celui de l’inaction. Trois mois après son élection, Valérie Pécresse fera voter demain au STIF une première délibération dévoilant les grandes lignes de sa stratégie pour déployer, d’ici à la fin de son mandat en 2021, les fameuses 700 rames neuves ou rénovées promises lors de la campagne. Le calendrier se veut serré : la SNCF et la RATP sont instamment priés de fournir au STIF, d’ici la fin mai, l’ensemble des éléments techniques et financiers qui permettront de valider, ou pas, les différents scénarios envisagés. Le nouveau schéma directeur serait, lui, présenté dans la foulée, fin juin. Et les commandes se feraient dans la foulée, une fois trouvés les financements (environ 8.5 milliards d’euros).

Pour l’heure, nous ne sommes donc toujours qu’au stade du constat – « l’âge moyen du matériel roulant ferroviaire SNCF et RATP en circulation fin 2015 dépasse 20 ans, et plus de 200 rames ont plus de 30 ans » est-il écrit dans le rapport du STIF N 2016/109 que nous nous sommes procurés – et surtout des intentions. Celles ci sont dans la droite ligne des promesses de campagne faites en 2015 et que nous avions dénoncées, dans un précédent papier, comme souhaitables pour les usagers mais globalement irréalistes dans un délai aussi court.

Le document qui sera fourni demain aux administrateurs du STIF ne fait pas la distinction entre les commandes déjà effectuées (et payées) avant l’arrivée de Valérie Pécresse, les options sur les contrats existants facilement enclenchables (mais à financer) et ce qui est réellement nouveau par rapport au précédent schéma directeur. Selon nos calculs, sur les 657 rames neuves ou renouvelées (+43 éventuelles) envisagées par le STIF, 416 seulement seraient réellement commandées en plus de celles déjà prévues. La différence est de taille. Exemple : 124 nouvelles rames sont annoncées pour le RER E, mais ce renouvellement est connu de longue date. Idem pour les 24 nouvelles rames Mi09 annoncées pour le RER A, déjà commandées. Idem encore pour les 42 rames neuves de type Regio2N sur la ligne R, prévues par le dernier contrat STIF-SNCF signé fin 2015.

L’impact de l’élection de Valérie Pécresse sur le renouvellement du matériel ferroviaire serait donc bien moindre que celui annoncé lors de sa campagne, ou dans les déclarations et communiqués à venir. Les intentions sont là, certes. 416 rames, ce n’est pas rien (c’est 1/3 du parc en circulation) : c’est évidemment une bonne nouvelle pour les voyageurs ! Mais il reste de nombreux points à préciser : le financement, le calendrier ; et la nouvelle présidente de Région va surtout devoir trouver des lignes de production disponibles chez les principaux constructeurs, Alstom ou Bombardier par exemple, ce qui est loin d’être gagné. Affaire à suivre.

Les intentions du STIF, dans le détail, ligne par ligne, à voter le 30 mars : Continuer la lecture

17 Mar

Bouclage de la gare du Nord : 1.500 fraudeurs verbalisés et 12.000 € récoltés en 3 h … deux jours de suite !!

fraude2C’est ce qui s’appelle réussir son coup ! Et encore, l’opération n’a pas eu lieu aux heures de pointe, sinon la moisson aurait peut-être été encore plus spectaculaire. L’opération anti fraude menée hier après-midi gare du Nord, à Paris, par une centaine de contrôleurs (de la SNCF et de la RATP), aidés par un nombre équivalent d’agents de la SUGE et de policiers, n’a pas seulement marqué les esprits des fraudeurs. Elle aussi permis aux opérateurs de récupérer, en versement immédiat, plus de 12.000 € ! Montant auquel il faudra ajouter les amendes recueillies auprès de ceux qui ont choisi de payer (plus cher) en débit différé. En l’espace de 3 heures, hier mercredi, entre 14h et 17h, 1.571 fraudeurs se sont fait prendre dans les mailles du filet. Aujourd’hui, jeudi, pour la seconde journée de l’opération, le nombre de PV s’est monté à 1.258, avec cette fois environ 10.000 € d’encaissement immédiat. Autant de chiffres qui donnent une idée de l’ampleur de la fraude habituelle dans les transports en commun. Officiellement, seuls 7% des usagers voyagent sans billet en Ile de France, mais ce chiffre provient d’études téléphoniques auprès des voyageurs, lesquels n’avouent évidemment pas tous le fait de frauder…

Découvrez les coulisses de cette opération, amenée à durer 3 jours, reportage signé Virginie Delahautemaison et Léïla Zelouma


Gare du Nord : une opération anti-fraude d’envergure

► Sur le même thème : Petite révolution à la SNCF : désormais les agents en gare pourront verbaliser les fraudeurs
► Pour aller plus loin : Les portillons d’accès aux TGV testés à Montparnasse

Bertrand Lambert

15 Mar

Et si vous aidiez la RATP à dénicher la future Zaz ?

MUSICIENS-metroVous souhaitez découvrir le ou la future Keziah Jones, Manu Dibango, Anis, Irma, William Baldé, Zaz ou encore Emji, la gagnante de la Nouvelle Star 2015 ? Rien de plus simple ! Tous ces artistes ont pour particularité d’avoir débuté dans le métro parisien, « la plus grande scène de la capitale », grâce à l’une des 300 accréditations délivrées chaque semestre par la RATP.

Les castings du printemps 2016 débutent lundi prochain, le 21 mars, et vont durer jusqu’au 15 avril. Les auditions se déroulent à « l’Espace Métro Accords » situé 102 ter rue de Charonne (11eme – photo) devant un jury principalement composé d’agents RATP mais les voyageurs peuvent aussi venir donner leur avis : pour participer, il suffit de vous inscrire au concours organisé le 30 mars sur la page https://www.facebook.com/RATPofficiel. Un tirage au sort désignera les 6 personnes retenues pour les castings du 4, 5 et 12 avril. Pour cette session, plus de 1.000 artistes ou groupes sont en lice. Les plus talentueux pourront, en plus de se produire dans le métro, participer à des festivals et événements dont la RATP est partenaire (Solidays, Art’Rock, festival Chorus…). La classe.

Bertrand Lambert

► Sur le même thème : Lunch Beat RATP#3 : on y était !

07 Mar

L’automatisation de la ligne 4 se précise (épisode II)

ligne-1Les premiers travaux préparatoires sont encore loin, mais la RATP tient visiblement à respecter son calendrier d’avant chantier, histoire de ne pas se faire surprendre comme ça a été le cas avec le prolongement de la ligne 14. Début janvier, elle annonçait avoir choisi le Système d’Automatisation de l’Exploitation des Trains (SAET) conçu par Siemens France et déjà opérationnel sur les lignes 1 et 14, pour équiper les 52 futures rames automatiques de la ligne. Ce choix technologique est des plus importants pour l’avenir de la 4, mais n’est pas le plus visuel, tout le contraire de l’équipement des quais en portes palières automatiques qui marque généralement pour les voyageurs le top départ du chantier. Dans ce domaine aussi, la RATP a pris les devants en choisissant il y a quelques jours l’équipementier ferroviaire Faiveley Transport, associé à Eiffage Energie Ferroviaire.

Le montant de ce contrat s’élève à plus de 75 millions d’euros. Faiveley Transport sera chargé de l’étude, du développement, de la fourniture, de la qualification, de l’installation, des essais et de la mise en service de ces portes palières appelées aussi façades de quais. Eiffage Énergie Ferroviaire, filiale d’Eiffage Energie, sera chargé de leur pré-assemblage en atelier et de leur installation sur site. Ces deux sociétés avaient déjà signé il y a quelques mois le contrat de fourniture des portes palières des futures stations de la 14, une des deux lignes automatiques de la capitale.

L’installation des premières portes palières de la 4 est prévue en 2018. Elle marquera le début du chantier colossal qui attend voyageurs et ingénieurs d’ici 2022, année de la mise en service de la ligne en mode automatique.

Avec environ 700 000 passagers transportés par jour, la ligne 4, longue de 12,1 km, est aujourd’hui la ligne non automatique la plus chargée du réseau parisien. Inaugurée en 1908, elle compte aujourd’hui 27 stations. Elle sera prolongée au sud de 2,7 km et deux stations supplémentaires en direction de Bagneux en 2020.

Bertrand Lambert

Sur le même thème :
L’automatisation de la ligne 4 se précise (épisode I)

05 Jan

Nouveaux abribus : de qui se moque t-on ?

abribus21Ils sont élégants mais ouverts aux quatre vents. Spacieux mais pluvieux. Connectés mais en mode dégradé. Les nouveaux abribus parisiens continuent de faire jaser, plus d’un an après leur lancement dans la capitale. Le 13 novembre 2014 (oui vous avez bien lu… 2014), nous leur consacrions un reportage (à revoir ci-dessous) : les premiers démontages des abris voyageurs signés Normann Foster débutaient alors au profit des nouveaux, dessinés cette fois par Marc Aurel.

15 mois plus tard, où en sommes-nous ? Certes, le chantier était colossal. Mais il faut bien constater que les 1850 (anciens – il y en aura 2000 à terme) abribus n’ont pas encore tous été changés (il en reste encore une trentaine). Que ceux qui ont été renouvelés l’ont été après, parfois, plusieurs semaines de travaux interminables, faute de coordination suffisante entre la voirie, JCDecaux, la RATP et EDF. Que les modifications promises par JCDecaux et la Mairie de Paris en septembre dernier (notamment sur la fermeture de l’ouverture arrière, la plus critiquée car ouvrant l’abri à la pluie et au vent) n’ont toujours pas abouti (1).Abribus_V2Et que le système d’information (la fameuse BIV – Borne d’information voyageurs) par lequel la RATP prévient les voyageurs du temps d’attente est, la plupart du temps, soit hors service, soit en mode dégradé (2) avec un écran gris et un graphisme digne des antiques Thomson M05 ou T07 (mais si souvenez vous… les premiers PC français, sans windows, lancés dans les années 80). Sans oublier que, à l’extérieur, en haut du mât, l’heure de passage du prochain bus n’est toujours affiché que dans un sens (celui de circulation du bus) : ce qui était présenté comme une nouveauté (et un vrai « plus » pour l’usager) est désormais perçu comme une aberration générant pas mal de frustration (pourquoi faire un affichage dans un sens et pas dans l’autre ? Sommes nous condamnés à venir prendre le bus dans le sens de circulation pour avoir droit à de l’information voyageur ?). Continuer la lecture

17 Déc

La RATP passe – enfin – au vert

IMG_0899La ligne 21 est la première d’Ile de France à tester un bus de 12 mètres, donc de grande capacité, en condition réelle de circulation. Les premiers clients sont aux anges : moins de bruit, de vibration… et surtout voyage gratuit faute de boîtier pour valider votre Navigo ou votre ticket 🙂 Pour la RATP, les enjeux sont considérables : il s’agit de récupérer le maximum de données (satisfaction clients ; avis des machinistes ; regard des ingénieurs) via des enquêtes clients et des capteurs placés dans le bus… pour préparer au mieux les futurs appels d’offres, lancés dès 2017. Dans cinq ans, 50% de la flotte bus de la RATP doit être électrique ou GNV (gaz naturel). A terme, la RATP va devoir remplacer l’intégralité de sa flotte, soit 4500 véhicules. En vertu de son plan 2025, plus aucun bus diesel ne sera en circulation à cette date sur le réseau de la RATP.
Découvrez notre reportage, avec des images de Kevin Berg Continuer la lecture

02 Déc

A quand des bus propres à Paris ? Entretien vérité avec Christophe Najdovski

A l’occasion de la présentation d’une quinzaine de bus 100% propres (électriques, GPL, huiles végétales, hydrogène) par la RATP sur le Champs de Mars, rencontre avec Christophe Najdovski, l’adjoint EELV à la maire de Paris en charge des transports. Il y est notamment question du pari d’un parc bus 100% propre en Ile de France d’ici 2025 (l’objectif de la RATP est de disposer, dans dix ans, d’un parc 100 % vert avec 80 % de bus électriques et 20 % roulant au biogaz – aujourd’hui ses 4 500 bus sont à 97 % diesel), de Vincent Bolloré (dont les véhicules sont omniprésents dans la capitale), du coût de la transition vers l’électrique et des différentes technologies existantes… Bertrand Lambert

01 Déc

Le Bluetram en parade sur les Champs Elysées

Pour un « tram », il est de bien petite taille : dans sa version de 6 mètres, celle mise en service sur les Champs, il peut accueillir seulement 20 passagers. Mais il est silencieux, écolo (en tout cas pour ce qui est des émissions in situ de CO2 ou de particules fines) et surtout gratuit. Anne Hidalgo et Vincent Bolloré ont lancé officiellement ce mardi, avec 15 jours de retard suite aux attentats de Paris, l’exploitation du Bluetram sur la plus belle avenue du monde. Jusqu’au 15 janvier, les véhicules 100% électriques conçus par le groupe Bolloré, vont arpenter les Champs Elysées, entre Concorde et Etoile, marquant l’arrêt à 8 stations bien définies. C’est à la RATP qu’a été confiée l’exploitation temporaire des Bluetrams, prévus pour fonctionner 7j sur 7 de 10 heures à 23 heures. Comme nous le révélions déjà dans un précédent post, c’est un joli tapis rouge que la ville de Paris déroule, à l’occasion de la COP21, à l’industriel breton. Un arrangement gagnant gagnant au bénéfice des deux parties (l’une montre son engagement pour une mobilité durable, l’autre met en avant sa batterie et son savoir faire) et qui devrait ravir les touristes.

Voyez notre reportage avec Jean-Yves Blanc

► Pour aller plus loin : Paris, plus que jamais vitrine industrielle de Bolloré

Bertrand Lambert

12 Nov

EXCLU : Citymapper s’ouvre -déjà- au Grand Paris Express

Alors que nos opérateurs maison s’entêtent à développer leurs propres applications en profitant de l’aura que leur confère leur marque (quitte à proposer des applis fermées sur leur seul réseau … comme la nouvelle appli RER A de la RATP, laquelle zappe totalement les gares de la ligne gérées par la SNCF… un truc de dingue, cf ce post), les start up continuent de proposer des outils toujours plus ergonomiques et performants, à l’image de Citymapper. Grand Paris Express RésultatsJ’ai déjà parlé ici de tout le bien que je pensais de leur application (cf ce post), simple, rapide, gratuite et sans pub, lancée à Londres à l’occasion de JO de 2012 et qui est, depuis, disponible dans une trentaine de villes dans le Monde, essentiellement en Europe et en Amérique du Nord (en France, l’appli fonctionne à Paris et à Lyon.). Elle est gérée depuis Londres par une vingtaine de salariés, lesquels tentent d’utiliser au mieux les flots d’open data mis à leur disposition par les villes ou les opérateurs eux-mêmes. Jamais avares en nouveautés, les développeurs de CityMapper proposent depuis aujourd’hui une toute nouvelle fonctionnalité, qui aurait, c’est certain, bien plu à Marty de « Retour vers le futur » : Citymapper vous propose désormais des itinéraires fictifs, comme si nous étions en 2022 ! Vous l’avez compris, l’appli intègre la future ligne 15 du Grand Paris Express, et vous permet de visualiser les futurs gains de temps sur vos trajets, lorsque la nouvelle ligne du métro automatique banlieue-banlieue sera opérationnelle. Sur l’exemple, entre Pont de Sèvres et Arcueil-Cachan, c’est 30 minutes de gagné, soit 2/3 du temps. On a hâte 🙂

En attendant 2022, rencontre en exclusivité pour Transportez-moi, avec Louis Jolly, city project manager chez Citymapper, venu spécialement de Londres pour nous parler de sa start-up, de son appli, et donc de ce bond vers le futur du Grand Paris.Bertrand Lambert

09 Nov

Harcèlement sexiste dans les transports : la fin d’un tabou

Un voyageur qui vous colle d’un peu trop près, des mains qui se baladent, des allusions salaces, des regards libidineux… toutes les femmes qui prennent le train, le métro ou le bus ont déjà été confrontées à ce genre de situation. Le harcèlement dans les transports ne doit plus être un tabou et on ne peut que saluer la campagne lancée par le gouvernement et les opérateurs, RATP et SNCF en tête. Affiches dans le métro et dans les gares, clip sur internet… rien de très original mais les mots choisis sont bien sentis, rappelant le caractère quotidien et dangereusement banal de certains comportements.

Cette campagne s’accompagne de 11 autres mesures, pas encore toutes effectives, déjà évoquées en juillet dernier lors du lancement du plan national de lutte contre le harcèlement sexiste dans les transports. L’une des plus attendues par la gente féminine n’est pas encore pour tout de suite : pour les arrêts à la demande en Ile de France, il faudra en effet attendre encore un peu… l’idée a déjà fait ses preuves au Canada (depuis près de 25 ans) mais elle est seulement testée dans l’hexagone, à Nantes et à Tours. Il faudra attendre le retour d’expérience pour l’envisager à Paris et dans la région capitale.
Voyez notre reportage, réalisé avec Morgan Prévost Continuer la lecture