Ils sont élégants mais ouverts aux quatre vents. Spacieux mais pluvieux. Connectés mais en mode dégradé. Les nouveaux abribus parisiens continuent de faire jaser, plus d’un an après leur lancement dans la capitale. Le 13 novembre 2014 (oui vous avez bien lu… 2014), nous leur consacrions un reportage (à revoir ci-dessous) : les premiers démontages des abris voyageurs signés Normann Foster débutaient alors au profit des nouveaux, dessinés cette fois par Marc Aurel.
15 mois plus tard, où en sommes-nous ? Certes, le chantier était colossal. Mais il faut bien constater que les 1850 (anciens – il y en aura 2000 à terme) abribus n’ont pas encore tous été changés (il en reste encore une trentaine). Que ceux qui ont été renouvelés l’ont été après, parfois, plusieurs semaines de travaux interminables, faute de coordination suffisante entre la voirie, JCDecaux, la RATP et EDF. Que les modifications promises par JCDecaux et la Mairie de Paris en septembre dernier (notamment sur la fermeture de l’ouverture arrière, la plus critiquée car ouvrant l’abri à la pluie et au vent) n’ont toujours pas abouti (1).Et que le système d’information (la fameuse BIV – Borne d’information voyageurs) par lequel la RATP prévient les voyageurs du temps d’attente est, la plupart du temps, soit hors service, soit en mode dégradé (2) avec un écran gris et un graphisme digne des antiques Thomson M05 ou T07 (mais si souvenez vous… les premiers PC français, sans windows, lancés dans les années 80). Sans oublier que, à l’extérieur, en haut du mât, l’heure de passage du prochain bus n’est toujours affiché que dans un sens (celui de circulation du bus) : ce qui était présenté comme une nouveauté (et un vrai « plus » pour l’usager) est désormais perçu comme une aberration générant pas mal de frustration (pourquoi faire un affichage dans un sens et pas dans l’autre ? Sommes nous condamnés à venir prendre le bus dans le sens de circulation pour avoir droit à de l’information voyageur ?).
Interrogés, les trois partenaires, Mairie de Paris, JCDecaux et RATP, se renvoient tous la balle. Comment expliquer une telle lenteur ? Les espaces publicitaires (qui financent les abris et permettent à la ville de récupérer 8M€ de redevance annuelle, versés par JCDecaux) sont, eux, bien opérationnels. Serait-ce une question de priorité ? Déjà que ces nouveaux abribus ne protègent plus vraiment de la pluie et du vent (toit trop haut, ouvertures arrières et latérales trop généreuses, de l’avis général), ce qui est pourtant leur fonction première, combien de temps faudra t-il encore attendre avant qu’ils fournissent enfin une information voyageur fiable et moderne ? Les nouveaux abribus sont là pour 15 ans, on a le droit de rêver…
Nov 2014 : mise en place des nouveaux abribus dans Paris
Bertrand Lambert
(1) MAJ 05/12/2014 : la ville nous a assuré que 300 abribus – ceux qui ne posent pas de problème d’accessibilité pour les PMR – allaient être « fermés » (via la pose d’une vitre arrière) sur les 690 aujourd’hui ouverts. Le délai d’installation n’est pas connu.
(2) MAJ 05/12/2014 : selon la ville, et contredit ici la RATP, les BIV avec un affichage gris d’un autre âge seraient définitifs, « pour des raisons d’économie d’énergie, tous les abribus n’étant pas relié au réseau électrique« . On remarquera juste que les publicités sont bel et bien allumées à la nuit tombée, donc que les abris ne sont bien reliés au réseau EDF.