29 Mai

EXCLU : Smovengo a obtenu 3M€ pour embaucher les ex salariés de JC Decaux… qu’il s’apprête pourtant à licencier !

Smovengo a exigé et obtenu 3M€ pour reprendre les anciens de JC Decaux … qu’il s’apprête à licencier ! Incapable de faire fonctionner le service velib depuis près de 5 mois, Smovengo s’avère en revanche un négociateur hors pair, dès qu’il s’agit de son compte en banque.

On savait déjà que Smovengo n’avait aucunement l’intention de payer les 3M€ de pénalités votées ces derniers mois par le Syndicat Mixte Autolib’ Vélib en vertu du contrat qui lie les deux parties (à raison d’1M€ de pénalités mensuelles, le maximum prévu, appliqué de janvier à mars), répétant à l’envi lors de chaque conférence de presse que « tout peut se négocier dans le cadre de ce contrat ». Laurent Mercat, le président de Smoove, n’a d’ailleurs pas dit autre chose lundi 28 mai dans le Midi Libre. Si ce n’était pas assez clair, il suffit de se reporter au rapport d’activité 2017 d’Infra Park (actionnaire à 100% d’Indigo, lui-même actionnaire à 35% de Smovengo) pour y lire la position de l’actionnaire principal : « Smovengo conteste ces pénalités, au motif qu’un certain nombre de faits liés à une cause extérieure sont à l’origine de ces retards. » (page 7).

Le message est clair, pas touche à mon portefeuille, alors même que l’opérateur touche de la part du SMAV (qui regroupe la soixantaine de communes adhérentes) environ 4M€ mensuels pour l’exploitation de vélib. Tout ça pour une qualité de service inexistante ou presque, en tout cas à mille lieux des engagements pris dans le dit contrat.

Ce qui est encore plus ahurissant c’est ce qu’a réussi à obtenir Smovengo de la part de JC Decaux au moment où s’est négociée la reprise des salariés de Cyclocity, en décembre dernier. Réconforté par une décision de justice*, le nouvel opérateur a exigé et obtenu entre 20.000 et 25.000 € par salarié repris, par lui ou ses sous-traitants (qui sont particulièrement nombreux, comme je le révélais dans un précédent papier). Le document ci-contre, que je révèle aujourd’hui, est sans équivoque : JC Decaux a été contraint de mettre la main à la poche pour garantir le salaire de ses anciens employés et financer leur prime d’ancienneté, que Smovengo refusait de prendre en charge. Soyons honnête, JC Decaux réalisait, grâce cet accord, une économie substantielle par rapport à ce que lui aurait coûté un plan social (PSE) en bonne et due forme si aucun salarié n’avait été repris. Mais Smovengo a été particulièrement perfide, voyez pourquoi.

Accord transactionnel du 6 décembre 2017- Article 3

 » Le montant de la prime d’ancienneté perçue par les salariés de Cyclocity au moment de leur embauche au sein de Smovengo sera maintenu à un niveau à hauteur de 100%. Ce montant viendra s’ajouter au salaire de base par le biais d’une prime VLS. Cyclocity contribuera au coût de cette mesure pour chaque salarié effectivement embauché par Smovengo et qui sera dans les effectifs de Smovengo après le 30 juin 2018. »

Dans un autre document annexe, cette fois confidentiel et dont seuls les deux signataires possèdent une copie, JC Decaux et Smovengo ont précisé leurs engagements financiers, avec les dates de versement. JC Decaux s’est ainsi engagé à financer pendant 9 ans les écarts de salaire et la fameuse prime d’ancienneté (dite prime VLS dans l’accord), Smovengo prenant la suite pour les 6 années suivantes (le contrat Vélib’ court sur 15 ans). 135 ex Cyclocity seront finalement embauchés par Smovengo (dont 88 en propre, les autres par des sous-traitants), ce qui donne :

130€ de prime VLS (en moyenne) x 12 mois x 9 ans x 135 salariés = 1.895.400 €

Ajoutez à cela, les charges salariales (22%) et patronales (42%) et vous obtenez la coquette somme de 3 M€.

Selon mes informations, cette somme sera versée le 30 juin prochain, sous la forme d’un versement unique forfaitaire : autrement dit, Smovengo conservera ces 3M€ quoi qu’il advienne des ex-salariés Cyclocity. Continuer la lecture

28 Mai

Parigo #44 : les Seabubbles entre en Seine

Quelle chance d’avoir pu naviguer, sur la Seine, à bord du Seabubble imaginé par Alain Thébault il y a deux ans et devenu bien réel ! Souvenez-vous, en janvier 2017, le skipper français était déjà venu dans Parigo nous présenter sa maquette à l’échelle 18/e. Cette fois-ci, ce n’est même plus un prototype mais une pré-série, totalement fonctionnel, qui a vogué sur Seine pour d’ultimes tests, à l’occasion du salon Viva Tech.

Mieux que le tapis volant d’Aladin, le Sea Bubble, c’est un authentique taxi volant ! Un petit bateau, électrique, donc silencieux, qui fait penser à une sorte de grosse libellule,et qui pourrait révolutionner notre façon de nous déplacer sur nos fleuves, à Paris ou ailleurs. A quelle échéance ? Et où ? A quand un service de taxi sur la Seine ? Pour l’heure, notre fleuve sert surtout aux touristes et au fret… Il y a de la place : les batobus ne sont franchement pas adaptés aux transports du quotidien.

Alain Thébault est notre invité. Il nous ouvrira notamment les portes de son atelier, à Lausanne. Vous découvrirez les secrets de l’aile sous-marine du Seabubble, celle qui  lui permet de littéralement voler sur l’eau

Bertrand Lambert @B_Lambert75
► Sur le même thème : TPM#21 : Transports sur la Seine… Sea Bubble se dévoile en avant première

25 Mai

Du Pass Navigo au Smart Navigo : dès cet automne votre téléphone devient un ticket de transports

Est-ce la fin programmée du ticket de métro ? Le petit bout de carton préféré des Parisiens, qui se vend toujours à 1.500 exemplaires par minute, a en tout cas du soucis à se faire, comme nous le pressentions déjà dans un précédent numéro de Parigo, consacré à la révolution de la billettique. Après des mois de tests et de tergiversations, chaque opérateur cherchant à mettre en avant sa propre technologie, mais aussi de débats internes entre Valérie Pécresse, très demandeuse d’avancées rapides, et la direction d’IDF Mobilités, qui n’avait pas vraiment fait de ce dossier une priorité, ça y est, le Smart Navigo devient réalité. Dès cet été, des bêta testeurs dûment sélectionnés vont pouvoir utiliser la nouvelle appli ViaNavigo Lab, celle qui va bientôt transformer notre téléphone portable en ticket de métro, de RER et même en pass Navigo.

« C’est une petite révolution que les voyageurs d’Île-de-France vont vivre à la fin de l’année : les voyageurs fréquents comme les voyageurs occasionnels pourront acheter leurs titres de transport en quelques clics sur smartphone, et les télécharger dans la carte SIM grâce à la technologie Wizway*. Finies les files d’attente aux guichets ou aux automates ! », s’est enflammé Alain Krakovitch, le directeur du Transilien, lors de la démonstration réalisée ce midi au salon Viva Tech.

Si tout se passe bien lors de cette première phase de test, l’expérimentation sera étendue dès cet automne à l’ensemble des possesseurs de smartphones NFC fonctionnant sur Android. Les propriétaires d’Iphone en sont pour leur frais : Apple n’a pas souhaité donner suite aux demandes d’IDF Mobilités, ce qui est d’autant plus étrange que la marque à la pomme propose un service similaire au Japon.

Concrètement, les Franciliens équipés de mobiles compatibles pourront expérimenter l’achat, le chargement de carnets de tickets T+ mais aussi de forfaits Navigo, mois et semaine, directement sur leur smartphone NFC. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, c’est assez simple, mais il faudra obligatoirement passer par l’appli Navigo Lab. Une fois l’achat effectué, il suffira de présenter le téléphone allumé ou éteint (démonstration de Valérie Pécresse ci-dessous) devant la borne de validation, quelle qu’elle soit (RATP, SNCF ou Optile), pour valider son titre de transport. Celui-ci sera alors stocké dans la carte SIM du téléphone mobile du voyageur, ce qui permettra par exemple aux contrôleurs de faire leur travail, même si votre batterie rend l’âme entre Châtelet et Nation (ce qui n’arrive jamais, le réseau téléphone et 4G étant au top dans le métro… non je plaisante…). Continuer la lecture

21 Mai

Vélib’ : nouvelles révélations embarrassantes pour Smovengo

Avis aux communicants débutants : quand vous blacklistez un journaliste (là, en l’occurrence, ce sont plusieurs journalistes, et bien évidemment parmi les mieux informés sur le velibgate, tels Olivier Razemon du Monde ou Emmanuelle Ducros, de L’Opinion) de vos conférences de presse, vous l’incitez généralement à gratter un peu plus. C’est exactement ce que j’ai fait. Et le résultat est consternant.

  1. Des problèmes informatiques toujours aussi criants

    A en croire le directeur général de Smovengo, tout va bien, en tout cas tout va mieux : les chiffres fournis vendredi dernier aux journalistes semblent attester d’un net regain de forme du service vélib’ : le nombre de courses quotidiennes aurait atteint les 12.000 à la mi-mai, alors même qu’il était tombé à moins de 5.000 quinze jours plus tôt. Pour mémoire, on est encore loin des 100.000 locations journalières du temps de Decaux, mais c’est effectivement une éclaircie dans le ciel très nuageux de vélib’. Le système semble fonctionner un peu mieux. C’est en fait totalement mensonger : le vrai problème du vélib’, à savoir le pourcentage de vraies/fausses locations, autrement dit avortées, est toujours aussi excessivement élevé. Mes sources sont formelles : le nombre de courses de moins de 3 minutes correspond toujours à 30% du nombre de courses totales : 1 tentative de location sur 3 échoue donc, du fait de problèmes informatiques liés à la V-box et surtout du fameux bug du cadenas, principale innovation signée des frères Mercat mais qui s’avère depuis le début être le talon d’Achille du système.


    30% de locations infructueuses, c’est un chiffre aberrant. Ce taux d’échec a été constaté dès les premiers jours de janvier et, depuis, les ingénieurs de Smovengo s’évertuent à le diminuer, à coup de patches informatiques et de limage des bornettes (cf photo dans le tweet cité ci-dessus), euh pardon des « diapasons » en langage Smovengo, pour permettre une meilleure prise Continuer la lecture

Dans les coulisses de la gare RER des Halles, la plus fréquentée d’Europe

Avec 800.000 voyageurs / jour, la gare RER des Halles est la principale porte d’entrée dans Paris, mais aussi un hub avec des correspondances pour les quatre coins de l’Ile de France. Imaginée au milieu des années 70, aménagée progressivement au fil du temps et de l’arrivée des différentes branches des RER A, B et D, entre 1977 et 1995, la gare a été profondément repensée à l’occasion du chantier des Halles : nouvelle signalétique, nouvelles entrées, nouvelle déco, nouveau commissariat… suivez le guide !   Bertrand Lambert @B_Lambert75

14 Mai

Parigo #43 : ORLY, 100 ans déjà

Cette semaine, on fait les fous et on s’envoie en l’air : Parigo vous dévoile les coulisses de l’aéroport d’Orly, deuxième aéroport français avec ses 32 millions de passagers annuels. Nous irons ainsi au cœur de la tour de contrôle, dans un cockpit d’avion à quelques minutes du décollage ou encore sur les pistes pour une chasse aux volatiles essentielle à la sécurité des vols…

Nous reviendrons aussi sur l’histoire mouvementée de ce petit aérogare militaire américain (en 1918) devenu, dans les années 60, une fierté nationale : Orly recevait alors plus de touristes que la Tour Eiffel ! Jusqu’à 4 millions de visiteurs par an au milieu des années 60. C’était l’époque des « Dimanche à Orly« , chantés par Gilbert Bécaud. Orly, vilipendé pour sa proximité avec Paris et les nuisances engendrées à seulement 9 km de la capitale, a pourtant bien failli disparaître comme nous le dévoilera notre premier invité : Frédéric Béniada, auteur de « Paris-Orly 100 ans », aux éditions de la Martinière.

Et demain, quel avenir ? Les nombreux travaux d’agrandissement, engagés pour 1.5 Mds €, signifieront-ils bientôt plus de vols et donc de nuisances ? Le couvre-feu est-il menacé ? A quand l’arrivée du Grand Paris Express, avec les lignes 14 et 18 ? Le nouveau directeur d’Orly, Régis Lacote, répondra à nos questions.

07 Mai

Parigo #42 : bientôt la fin du volant ?

Navette, taxi ou encore voiture individuelle… les véhicules autonomes sont tels un Graal derrière lequel courent constructeurs et exploitants, à coup d’annonces spectaculaires mais souvent prématurées. Réellement, où est-on ? Techniquement d’abord. Mais aussi règlementairement. Dans la région, les navettes autonomes sont devenues une réalité : les tests grandeur nature se multiplient, que ça soit à la Défense, à Roissy, au bois de Vincennes…que teste t-on ? A quand une ligne pérenne ?

Et du côté des voitures individuelles, le volant va t-il vraiment disparaître ? Et à quel échéance ? Le rêve des voitures autonomes est-il pour demain ? Renault nous dévoile ses projets plus ou moins futuristes

Un taxi sans volant, ni chauffeur… c’est ce que propose Navya, un groupe lyonnais qui nous ouvrira ses portes : il espère faire rouler ses taxis sans conducteur dans Paris d’ici la fin de l’année

Enfin, nous verrons que les véhicules autonomes soulèvent un certain nombre de questions aujourd’hui sans réponse, comme la responsabilité en cas d’accident  ou encore les risques de piratage à distance

Mes deux invités : Mathieu Dunant, directeur de l’innovation de la RATP & Guillaume Duc, enseignant chercheur à Paris TechBertrand Lambert @B_Lambert75

 

04 Mai

Vélib’ : le plan d’urgence… de la dernière chance !

Au pied du mur, Smovengo a été contraint cette semaine par les élus parisiens et métropolitains de mettre en place un plan d’urgence… et de tenir une conférence de presse durant laquelle les journalistes n’ont pas ménagé les représentants de l’opérateur. L’objectif est clair : faire enfin fonctionner les stations existantes et arrêter d’en ouvrir de nouvelles non raccordées au réseau électrique. Parallèlement, Smovengo veut rendre le système vélib plus simple d’utilisation, quitte à supprimer, temporairement nous dit-on, les principales innovations techniques de ce vélib nouvelle génération : overflow et vélos électriques. Découvrez les mesures prises en détail et mon analyse ici, en vidéo.Bertrand Lambert @B_Lambert75
► Pour aller plus loin : Parigo #37 : les raisons du Vélibgate