En visite à Besançon ce samedi pour la Fête du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon a confirmé son attachement à la capitale comtoise, où il a fait ses études. Il a aussi rappelé qu’il souhaitait des listes autonomes du Front de gauche pour les municipales. Mais ce sont les militants qui choisiront. Et si d’aventure les communistes décidaient, comme en 2008, de s’allier avec le PS, l’ancien candidat à la présidentielle n’en ferait pas un drame: « Le Front de Gauche ne dépend pas de Besançon ou de Semur-en Auxois. Nos ambitions sont nationales. Nous voulons changer le monde ».
Forcément, un confrère lui a posé la question: « Certains vous prêtent des ambitions municipales à Besançon… » Dans le hall de La Rodia transformé en salle de presse, les partisans du Front de Gauche se marrent. « Hé camarades, qu’est-ce qu’il faut que je réponde à ça? » leur lance Jean-Luc Mélenchon, hilare. Attaché à Besançon, il l’est. Il évoque le souvenir de ses années à la fac, et de cette manif des Lip qui l’a tant marqué en septembre 1973. Mais il rappelle que « l’enfant du pays, il est surtout de Dole »: « La Dominique, je l’ai connue, à l’époque elle était cool. Ça a changé ». Les oreilles de l’ancienne patronne des Verts, Dominique Voynet, ancienne députée de Dole, ont dû sonner. Mais non, trois fois non, Jean-Luc Mélenchon n’a pas l’ambition de conquérir le fauteuil de maire de Besançon.
En revanche, Jean-Luc Mélenchon a un avis sur les municipales. Le Parti de Gauche, dont il est le co-président, a fixé sa ligne lors du dernier congrès fin mars: des listes autonomes du Front de Gauche dans au moins une soixantaine de villes.
A Besançon, la municipalité est plurielle: il y a des socialistes, des écologistes, des communistes et même des alternatifs. Ils ont fait liste commune dès le premier tour en 2008, s’épargnant un deuxième dimanche de scrutin (56,8% des voix dès le premier tour). Ceux-là peuvent-ils oublier plusieurs années de mandat commun le temps d’une campagne de quelques mois? Doivent-ils taper sur ceux avec lesquels ils partagent le même bilan? « Je ne connais pas la situation bisontine, et je ne veux pas la connaître, répond Jean-Luc Mélenchon, qui se tourne alors vers Christophe Lime. Vous parlez d’adjoint communiste, je suis sûr qu’il fait du bon travail, surtout celui-là ».
« Nous voulons continuer à gérer cette ville »
Aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, Patrice Bessac, conseiller régional d’Ile-de-France et porte-parole national du Parti communiste français, fixe la ligne: « D’abord ce sont les militants qui se détermineront. Ensuite il faut un Front de Gauche uni. Et enfin tout dépendra du projet politique, sur l’eau ou le prix des logements par exemple ». Mélenchon opine du chef.
L’eau, justement, fait partie du portefeuille de Christophe Lime, adjoint au maire en charge également des bâtiments municipaux et du parc automobile et logistique. L’élu communiste le reconnaît: « Globalement, on a voté une grande partie des projets. » Mais il rappelle que jamais on ne l’a empêché de s’opposer publiquement à la majorité socialiste en cas de désaccord, par exemple sur le tramway.
Pour le premier tour, « tout est ouvert », assure Christophe Lime. Mais pour le second, sa position est claire: « Nous voulons continuer à gérer cette ville ». Les discussions entre camarades risquent d’être animées avant le vote, à l’automne.
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