
Alexandra Cordier, ici au centre, s’affiche aux côtés d’Emmanuel Macron sur le compte Facebook d’En Marche Doubs. A droite, Margot Brisson, elle aussi membre du cabinet de Jean-Louis Fousseret (DR)
C’est une bien curieuse conception de la liberté de la presse. Mise en cause par un article de l’Est Républicain qui s’étonnait de sa double casquette d’attachée de presse à la mairie de Besançon et de référente départementale de la République en Marche, Alexandra Cordier s’en est pris directement à l’auteur de ce billet sur les réseaux sociaux. Sur twitter, elle se demande « quand L’Est Républicain mettra en retraite Jean-Pierre Tenoux ». Une attaque incongrue aussi bien de la part de l’attachée de presse que de la responsable de parti.
Se demande quand @lestrepublicain mettra en retraite JP Tenoux ? Vérifier ses sources est le b.a.-ba de la profession, non? #objectivitézéro pic.twitter.com/7o4XIm87If
— Alexandra Cordier (@acesaria252) 1 octobre 2017
L’article en question (à lire en intégralité ici) fait justement état du difficile mélange des genres. Plusieurs membres du cabinet de Jean-Louis Fousseret, maire ex-PS passé chez LREM, sont en effet des membres actifs du parti présidentiel.
Alexandra Cordier est donc « en même temps » conseillère au cabinet du maire, attachée de presse de la Ville et patronne départementale de la République en marche pour le Doubs. « Il serait sain de savoir choisir » lui conseille notre confrère dans son billet, qui constate comme de nombreux observateurs que la gouvernance locale de LREM est contestée même en interne.
Pour seule réponse, il y a donc ce tweet, interpellant l’employeur du journaliste et lui demandant de mettre fin prématurément à ses activités professionnelles.
On aurait voulu poser quelques questions à Alexandra Cordier. Malheureusement, pour une fois, elle ne nous a pas rappelés. En revanche, elle répond aux critiques, toujours sur le réseau social twitter, et dénonce le « discrédit » jetée sur elle:
Je me défends. N’en déplaise à certains.
— Alexandra Cordier (@acesaria252) 3 octobre 2017
Est-il normal de laisser un journaliste accuser à tort ? Le journaliste savait très bien ce qu’il faisait en jetant le discrédit sur moi
— Alexandra Cordier (@acesaria252) 3 octobre 2017
Le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, souhaite pour sa part ne faire aucun commentaire.
« J’espère que c’est une erreur de jeunesse »
De son côté, l’Est Républicain réagit par la voix de Nicolas Bastuck, rédacteur en chef adjoint et directeur régional de Franche-Comté:
« C’est inélégant et surprenant de la part d’une attachée de presse dont la fonction est de mettre du liant; c’est une conception inquiétante de la liberté de la presse de la part d’une porte-parole de parti. J’espère que c’est une erreur de jeunesse plutôt qu’une conviction profonde ».
Côté politique, les adversaires du maire saisissent ce « dérapage » la balle au bond. « Commentaires autocratiques », « totale absence de réserve », elle « dégaine son colt 45 » pour l’élu municipal et départemental UDI Philippe Gonon.
Pascal Bonnet, élu municipal LR, estime « qu’on s’y perd entre communication de la Ville, du gouvernement et de votre parti! »
il faut dire qu’on s’y perd entre communication de la Ville, du gouvernement et de votre parti!
— Pascal Bonnet (@pbonnetelubes) 3 octobre 2017
A gauche, le socialiste Jean-Sébastien Leuba se demande si « cette demande de mise en retraite anticipée motivée figure dans le programme d’Emmanuel Macron ou est-elle dans les textes de loi à venir ? »
Cette demande de mise en retraite anticipée motivée figure dans le programme d’Emmanuel Macron où est-elle dans les textes de loi à venir ?
— Jean-Sébastien Leuba (@jsleuba) 3 octobre 2017
Reste qu’avec cette attaque contre la presse, la dirigeante d’un parti prétendant renouveler les pratiques politiques assume sans complexe des méthodes d’un autre temps. Décidément, le nouveau monde semble bien similaire à l’ancien.
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