Certains habitants de la boucle ont pu s’en offusquer. Hier soir, pendant une heure, la voix de Jean-Luc Mélenchon a résonné place de la Révolution, au cœur de Besançon. Près de 1500 personnes ont suivi sur écran géant le dernier meeting du Front de Gauche avant le premier tour, en direct du Parc des Expositions de Paris. Le pari était osé. Il fut brillamment réussi, réinstallant le politique au cœur de la cité. Mais la Ville dirigée par la gauche aurait-elle été si accueillante si l’UMP ou le FN avait voulu faire la même chose?
« Ça a de la gueule quand même! » Christophe Lime, adjoint au maire communiste de Besançon, est tout sourire. Alors qu’un premier groupe de rock ouvre la soirée sur scène, il nous avoue qu’il n’était pas un chaud partisan de cette retransmission du meeting parisien de Jean-Luc Mélenchon sur la plus grande place de la capitale comtoise: « Au départ, on pensait louer une salle, mais les jeunes nous ont poussés. Ils ont bien fait ».
Entre la fontaine et le Musée des Beaux Arts, des jeunes, des moins jeunes, et beaucoup de drapeaux rouges: toute la famille du Front de gauche est là. Annie Ménétrier et Emmanuel Girod, candidats en juin dans les deux circonscriptions bisontines, ouvrent le bal: « La gauche, c’est nous! »
« La Ville n’appartient à aucun clan »
En réunissant autant de monde devant un écran, même géant, le Front de Gauche a frappé un grand coup. Certes, Jean-Luc Mélenchon est sûrement le meilleur orateur du plateau présidentiel, mais quand même. Il fallait oser… et oser le demander à la Ville. « Cela aurait-il été possible s’il n’y avait pas d’adjoint communiste au conseil municipal? », demande-t-on à Christophe Lime. « Franchement, ce n’est pas sûr », admet-il honnêtement.
Au cabinet du maire, on reconnaît que la demande a fait débat. Jean-Louis Fousseret s’est interrogé, avant de donner son accord au Front de Gauche. Depuis quelques années, une délibération du conseil municipal permet en effet de mettre à disposition une salle, ou une partie du domaine public, à n’importe quel parti politique qui en fait la demande, six mois avant une élection. « La Ville n’appartient à aucun clan, à aucun parti », assure-t-on à la mairie. Si la mise à disposition du domaine public ou d’une salle est gratuite, la Ville facture en revanche les autres prestations, comme les connexions internet ou les installations électriques.
Quant à savoir si une demande similaire de l’UMP ou du Front national aurait reçu la même approbation municipale, nos interlocuteurs ont beau jeu de faire remarquer que ces partis n’ont rien demandé… Reste peut-être l’essentiel, finalement: hier soir, la politique a retrouvé un peu de son sens premier, la vie de la cité. Il se dit même qu’à la mairie, certains regrettent que le Parti socialiste n’en ait pas eu l’idée.
Reportage de Jérémy Chevreuil, Jean-Pierre Grandidier et Xavier Fontaine A lire aussi: « Jean-Luc Mélenchon a explosé Marine Le Pen. » Ces communistes qui n’en peuvent plus du Front de GauchePatrick Viverge et Michel Giniès bouderont Valérie Pécresse