Le candidat socialiste, qui traîne la mauvaise réputation d’être toujours en retard, était cette fois à l’heure. Il faut dire qu’il est arrivé à Besançon en TGV, ce qui, tout le monde le sait, est une garantie de ponctualité. Sur le quai de la gare d’Auxon, la crème des élus locaux socialistes est là pour l’accueillir, en vertu d’une règle électorale simplissime: plus on est favori, plus on a de favoris…
Jean-Louis Fousseret et plusieurs membres de son cabinet sont arrivés les premiers. Pas de doute, le maire de Besançon est le chef d’orchestre de cette journée, celui qui va briller aux côtés du soliste vers qui tous les regards se tournent… Sur l’esplanade de la Gare TGV d’Auxon, une bonne demi-heure avant l’arrivée du TGV 6703, il fait admirer la toute nouvelle 508 RXH, qu’il a dégotée pour l’occasion. « On a voulu que notre candidat roule en Peugeot », lance comme une évidence le maire de la capitale comtoise. Et tant pis si cette Peugeot hybride est toute juste sortie des chaînes de fabrication… de l’usine de Rennes. Une Peugeot, ça fait Franche-Comté.
Béatrice Marre, ancienne chef de cabinet de François Mitterrand, est également présente. Elle fut députée de l’Oise de 1997 à 2002, ce que Jean-Louis Fousseret n’a pas oublié: « On a été députés ensemble. J’espère qu’on le sera à nouveau », rigole-t-il. Éric Alauzet, le candidat EELV investi par le PS dans la 2e circonscription, appréciera.
« Attention à mes fraises »
Le comité d’accueil frissonne sur les quais balayés par le vent et les premières gouttes de pluie. Même la casquette du chef de gare s’envole. « Meeting pluvieux, meeting heureux », espère Jean-Louis Fousseret, jamais avare d’un bon mot. Enfin, il arrive. Les portes du TGV s’ouvrent. Tout le monde s’attend à voir le candidat sortir. Et là, une meute de journalistes… Bien plus que pour Nicolas Sarkozy la semaine précédente. Enfin, le candidat. François Hollande salue chaleureusement Jean-Louis Fousseret, souhaite un bon anniversaire à Claude Jeannerot, embrasse Marie-Guite Dufay… Le président du conseil général de Corrèze sait que si l’on ne gagne pas forcément une élection grâce au soutien des élus locaux, leur pouvoir de nuisance est immense… Après onze ans à la tête du PS, François Hollande connaît tout cela par cœur.
Il faut reconnaître que si François Hollande est aux petits soins avec les élus locaux, l’équipe de campagne fait de même avec les médias régionaux. Le matin, la presse a publié une interview exclusive, François Hollande a répondu aux questions des auditeurs de France Bleu Besançon, et nous, nous sommes dans le pool pour la visite des Jardins familiaux… On peut donc suivre le candidat comme l’on veut, ou presque, tant il y a de monde autour de lui. « Attention à mes fraises », lance à qui veut l’entendre un jardinier… Trop tard.
Chevènement, un ralliement discret
Ce déplacement est placé sous le signe du développement durable. « Je regrette qu’on n’en parle pas assez », assure le candidat. Toujours chaperonné par Jean-Louis Fousseret, qui ne le quitte pas d’une semelle, François Hollande papote avec des jardiniers, des apiculteurs (« le miel est un produit que j’aime beaucoup en ce moment ») et quelques travailleurs en contrat d’insertion. Arrivés en TGV avec le candidat, Pierre Moscovici et Jean-Pierre Chevènement suivent à distance. Cette journée franc-comtoise marque le ralliement du sénateur de Belfort, mais les journalistes auront bien du mal à faire une image des deux hommes côte à côte. La seule intervention du président d’honneur du MRC sera pour expliquer savamment à François Hollande qui était Nicolas Perrenot de Granvelle.
14h30. Pause-déjeuner. Les journalistes n’ont pas le droit de faire d’image sous la tente dressée pour l’occasion. A la cantonade, Jean-Louis Fousseret fait la promo de son eau municipale, La Bisontine, « pour les journalistes qui ne connaissent pas ». Sur les tables, des légumes bio des jardins familiaux, et de la charcuterie, beaucoup de charcuterie. Les fans font la queue pour se prendre en photo avec le candidat. Un officier de sécurité rassure une dame: « Ne vous inquiétez pas, il ne refuse jamais ». François Hollande improvise une conférence de presse avec la presse écrite. Une consœur l’interroge sur Manuel Valls. « Je suis là pour parler de Pierre Moscovici, répond-t-il. Il s’est bien impliqué. C’est un travail ingrat. Quand on gagne on retient le candidat, quand on perd c’est la faute de l’équipe de campagne ».
Yves Krattinger joue les policiers municipaux
Départ pour le centre-ville de Besançon. La traversée de la Place Granvelle est épique. Dans le bain de foule, les journalistes subissent la vague. Trois poignées de main à droite, deux autographes à gauche, on se laisse porter. François Hollande reconnaît un journaliste: « Alors Gaël, on ne vous a pas vu ce matin! » Devant la librairie Les Sandales d’Empédocle, où il a prévu de dédicacer son livre, c’est la cohue. Yves Krattinger, le président du conseil général de Haute-Saône, est obligé de faire la circulation. « Attention à vos pieds! » Les bus se faufilent difficilement entre les badauds. Dans la foule, Eric Alauzet patiente. Lui aussi veut sa photo. Il réussira à l’obtenir.
Ensuite, place au jeu de piste. Nous avons rendez-vous à la mairie pour interviewer le candidat (voir le récit de Catherine Eme-Ziri). Mais tout d’un coup, le doute s’empare de l’équipe de campagne. Mairie? ou Hôtel de ville? A Besançon, les deux existent. Les informations contradictoires se succèdent. Sur mon portable, les messages s’enchaînent. Après l’ordre, le contre-ordre. Finalement ce sera bien à la mairie. Les collègues y sont déjà. Ouf.
Après le montage de mon sujet pour le jt de 19h, je file à Micropolis. Le meeting a commencé. Jean-Pierre Chevènement est déjà sur scène. Il parle d’Europe, et se fait chahuté par un public qui veut entendre son champion: « François, François ». Décidément, il n’y a que le favori qui compte…
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