08 Déc

Pourquoi le Conseil constitutionnel a-t-il invalidé l’élection du député LR Ian Boucard ?

Ian Boucard et Christophe Grudler sur le plateau de France 3 Franche-Comté lors du débat avant le 1er tour (©f3fc)

Ian Boucard et Christophe Grudler sur le plateau de France 3 Franche-Comté lors du débat avant le 1er tour (©f3fc)

Les électeurs de la 1re circonscription du Territoire de Belfort vont retourner aux urnes début 2018. Le Conseil constitutionnel a invalidé ce vendredi matin l’élection du député Ian Boucard (Les Républicains) en juin dernier. La juridiction en charge de vérifier la régularité des scrutins donne donc raison au MoDem Christophe Grudler, qui avait déposé une requête en annulation après sa défaite de 279 voix lors des dernières législatives.

Faux tract de la France Insoumise, imprimé et distribué par Les Républicains (DR)

Faux tract de la France Insoumise, imprimé et distribué par Les Républicains, appelant à « combattre le nouveau monarque » (DR).

Pour le Conseil constitutionnel, Ian Boucard « a fait réaliser et distribuer, dans les derniers jours de la campagne électorale officielle, deux tracts dont la présentation matérielle les faisait faussement apparaître comme émanant respectivement des partis « La France insoumise » et « Front national » sans l’accord de ces formations politiques ». Lesdits tracts, estiment les juges constitutionnels, incitaient à « une participation active au second tour de scrutin en faveur de M. BOUCARD ». Imprimés à 10.000 et 15.000 exemplaires, ces tracts sont « de nature à avoir créé une confusion dans l’esprit d’une partie des électeurs et à avoir influé sur le résultat du scrutin ».

En revanche, Ian Boucard n’est pas déclaré inéligible, ce que demandait Christophe Grudler, pour la simple et bonne raison qu’il a déclaré les dépenses liées à ces faux tracts dans ses comptes de campagne !

Christophe Grudler veut jouer « la démocratie contre la voyoucratie »

Désormais, une nouvelle campagne électorale s’annonce. Et le ton est donné dès aujourd’hui. Ian Boucard comme Christophe Grudler annoncent qu’ils seront à nouveau candidats.

« J’ai bâti une opposition réaliste et sans concession sur les valeurs qui sont les nôtres: le mérite, le travail, la famille et la justice sociale », se targue Ian Boucard, soutenu illico par celui dont il fut l’assistant parlementaire, l’ancien député et toujours maire de Belfort Damien Meslot, mais aussi par le député de l’autre circonscription du Territoire de Belfort, Michel Zumkeller. Pour ce dernier, Ian Boucard « en 6 mois a déjà accompli un important travail de parlementaire et incarne par ses compétences et son engagement, l’avenir de notre Département ». Michel Zumkeller appartient, rappelons-le, au groupe UDI-Agir, la droite constructive, plutôt favorable, comme le MoDem, au gouvernement. Mais Michel Zumkeller n’avait pas eu de concurrent LR face à lui lors des dernières élections, alors…

Quant à Christophe Grudler, n’allez surtout pas lui faire remarquer que bien souvent, une législative partielle confirme le scrutin précédent, même quand l’élu a été invalidé. « Là c’est différent, assure le conseiller départemental MoDem. C’est de la tricherie organisée. Ce sera la République contre les tricheurs, la démocratie contre la voyoucratie ».

Une union de la gauche anti-Macron ?

Au delà d’un nouveau duel entre Christophe Grudler et le clan de Damien Meslot, l’issue de ce scrutin, qui sera programmé probablement début février, dépendra aussi de l’offre politique. 

Troisième du 1er tour avec 17,4% des suffrages, Jean-Raphaël Sandri (Front national) n’a pas encore fait part de ses intentions.

En revanche, à gauche, ça bouge. Anaïs Beltran, 4e du 1er tour avec 12,2% des voix, a bien l’intention d’y retourner.

5e avec 9,1% des suffrages, le MRC Bastien Faudot (qui avait le soutien du PS) milite pour « une candidature unique à gauche, avec La France Insoumise ». Et pour montrer sa bonne volonté, il ne fait pas de sa propre candidature un préalable.

Quant au Parti socialiste, la fédération départementale assure dans un communiqué faire « le pari de l’intelligence collective », et plaide pour « une convergence sincère, la plus large possible ».

Ce n’est de toute façon qu’à ce prix-là que cette partie de la gauche pourra peser dans ce scrutin.

Les résultats de la législative des 11 et 18 juin.