24 Fév

Quand Jacques Grosperrin se souvient qu’il a embauché son épouse comme assistante parlementaire

Jacques Grosperrin (©f3fc)

Jacques Grosperrin (©f3fc)

Jacques Grosperrin certifiait qu’il n’avait jamais embauché son épouse comme assistante parlementaire. Mais le nom de Françoise Grosperrin apparaît sur la liste des collaborateurs rémunérés du Sénat. Il fait également travailler sa fille. Deux personnes de la même famille, c’est interdit. Les explications du sénateur du Doubs.

L’entrevue se déroule à sa permanence rue Bersot à Besançon. Jacques Grosperrin, sénateur LR du Doubs, est seul : Marie, son assistante parlementaire, est absente le vendredi après-midi. Mr Grosperrin n’a pas voulu d’une caméra.

Dans un premier temps, lors d’un précédent reportage, il avait admis qu’il avait embauché Alix, sa fille, comme assistante parlementaire, « compte tenu de ses compétences ». Il en a tout à fait le droit. L’embauche d’un seul membre de la famille de l’élu est autorisée, pas deux…

Problème : sur la liste des assistants parlementaires publiée sur le site du Sénat (voir plus bas) figure également Françoise Grosperrin, sa femme. Puis, quand l’affaire Fillon et l’emploi présumé fictif de Penelope éclate, son nom disparaît.

Quelles questions se posent donc : Françoise Grosperrin, épouse de Jacques Grosperrin, a-t-elle travaillé pour Jacques Grosperrin sénateur, oui ou non ? Bénévolement ou en étant rémunérée ? Combien de temps ? Avec quel contrat de travail ?

 

Du bénévolat ?

 

Jacques Grosperrin raconte : le statut de conjoint bénévole n’existe pas au Sénat. Selon le député Eric Alauzet, d’EELV, son épouse Dominique possède un badge pour accéder à l’Assemblée nationale. Elle travaille donc pour son mari mais sans aucune rémunération. C’est ce que raconte le reportage réalisé par Emmanuel Rivallain et dans lequel les deux hommes politiques parlent de leurs assistants parlementaires. Selon Mr Grosperrin, impossible de procéder de la sorte au Palais du Luxembourg.

 

Pourquoi le nom de Françoise Grosperrin sur la liste ?

 

Il n’en a parlé ni à nos collègues, ni à nos confrères de l’Est Républicain : il assurait qu’elle ne travaillait pas pour lui. Puis qu’elle le faisait bénévolement. Puis son nom apparaît dans les collaborateurs salariés. Oui, car, avance-t-il,  il n’a pas vraiment embauché son épouse. Elle travaille pour lui bénévolement depuis 10 ans, il l’a juste rétribuée trois semaines, en fait. Trois petites semaines.

Oui, il a bien embauché son épouse Françoise durant trois semaines du 12 janvier au 3 février. Elle a touché 1225 euros puis 536 euros en comptant les indemnités de fin de contrat. Durant cette période, elle a remplacé Alix, sa fille, en congés maternité. Deux personnes de la même famille ? « Oui, c’est permis, » affirme Jacques Grosperrin, «  je me suis renseigné auprès de l’AGAS (L’Association pour la Gestion des Assistants Parlementaires)…. Car Alix est, durant cette absence, payée par la sécurité sociale. »

D’ailleurs, Jacques Grosperrin sort un certificat de l’AGAS stipulant que, hors cette période de trois semaines, « Aucun autre contrat de collaborateur parlementaire n’a été conclu entre Mme Françoise Grosperrin et Mr Jacques Grosperrin depuis l’élection de ce dernier en qualité de sénateur. »

Sa femme a été embauchée en attendant une autre embauche qui, finalement, ne s’est pas faite. Voilà pour l’histoire.

 

La morale de l’histoire

 

Il est normal que, suite à l’affaire Fillon, nous fassions le tour des parlementaires, de droite comme de gauche, pour savoir si… par hasard… l’un d’entre eux… n’aurait pas embauché son fils… sa femme… voire les deux !

Si Jacques Grosperrin avait donné ses arguments devant la caméra, lors de ce reportage, bien des tracas auraient été évités. Forcément, le sénateur dit une chose, on en voit une autre, on est intrigué, la curiosité professionnelle, le besoin de savoir… vous nous connaissez, vous comprenez les journalistes. On se dit : «Si c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! »

 

Ses précisions sont claires, cette fois-ci. Les électeurs jugeront.

Dommage que la mémoire lui soit revenue si tardivement.

 

A voir le reportage sur les assistants parlementaires :

Assistants parlementaires: que font les élus de Franche-Comté?

 

La liste des collaborateurs parlementaires rémunérés publiée sur le site du Sénat. Début février, Françoise Grosperrin y figure. Ce n'est plus le cas aujourd'hui

La liste des collaborateurs parlementaires rémunérés publiée sur le site du Sénat. Début février, Françoise Grosperrin y figure. Ce n’est plus le cas aujourd’hui