Bernard Cazeneuve a obtenu mardi une large confiance de l’Assemblée, s’engageant dans son discours de politique générale devant les députés à faire que chaque journée de son court bail à Matignon soit « utile » pour « préparer l’avenir ». La déclaration du nouveau Premier ministre a été approuvée par 305 voix contre 239 et dix abstentions, parmi lesquelles figure la députée socialiste du Doubs Barbara Romagnan. Il s’agit de la seule membre du groupe PS à ne pas avoir voté la confiance au nouveau premier ministre.
Contactée par l’Express, Barbara Romagnan assure ne rien avoir contre Bernard Cazeneuve, mais revendique une cohérence: « La politique sera la même, je ne vais pas changer mon vote. Je ne vote pas contre, je m’abstiens ». Un choix qui lui vaut le titre de « la dernière des frondeuses » sur LCI.
Une semaine après la passation de pouvoirs avec l’ex-locataire de Matignon lancé dans la course à la primaire de la gauche, Bernard Cazeneuve a affiché l’« engagement »
de conforter « notre pacte républicain » et placer au coeur de son action « la notion de respect ».
Dans un discours de 45 minutes devant un hémicycle pas totalement comble et souvent dissipé, le chef du gouvernement, invoquant Mendès France et Jaurès, a exalté le « courage » et le « sang-froid » du pays face au terrorisme, et une « société vivante et solidaire », « très différente du portrait désabusé qu’en font les polémistes et les prophètes du déclin ».
Le chômage reste « évidemment » la priorité
En présence du gouvernement quasi complet et sous des sarcasmes réguliers de droite, il a défendu, à 130 jours du premier tour de la présidentielle et deux mois et demi de la fin de la session parlementaire, le bilan du quinquennat « à conforter jusqu’à la dernière minute ».
Se plaçant dans les pas des « réformes engagées par les gouvernements » Ayrault et Valls, il a appelé la majorité à être « fière de ce qui a été fait », et clamé que la lutte contre le chômage resterait « évidemment la priorité de ce gouvernement ».
De la politique sociale à la crise migratoire, le Premier ministre a attaqué les options de la droite en présence de son candidat pour 2017 François Fillon, aperçu à un moment de son intervention en train de dédicacer l’un de ses ouvrages. « On peut réformer sans abîmer, on peut moderniser sans détruire », a taclé l’ex-ministre de l’Intérieur.
« Défendre l’indéfendable »
Tranchant avec leur abstention pour le second vote de confiance au gouvernement Valls en 2014, les socialistes « frondeurs » ont marqué un « vote d’approbation » à M. Cazeneuve, pas d’« acceptation des choix qui ont divisé la gauche ». Une seule s’est abstenue, Barbara Romagnan, comme 7 écologistes contestataires.
Le patron des députés LR, Christian Jacob a dressé « un réquisitoire » d’un « quinquennat qui ne mérite aucune oraison », et prédit au Premier ministre « d’emmener les siens à une débâcle qui sera plus rude que celle de 1993« . Son homologue centriste Philippe Vigier a jugé M. Cazeneuve condamné à « défendre l’indéfendable » après une nomination née de « la débâcle » de François Hollande.
La droite en a profité pour réclamer une « puissante » alternance, récusant les accusations de gauche contre le projet de son champion sur la Sécu ou les fonctionnaires.
Marine Le Pen, présidente du FN, a vu dans ce discours une « tribune électoraliste et politicienne ». (AFP)
Le vote des députés de Franche-Comté:
Pour: Eric Alauzet (EELV – Doubs), Frédéric Barbier (PS – Doubs), Jean-Michel Villaumé (PS – Haute-Saône)
Contre: Marcel Bonnot (LR – Doubs), Annie Genevard (LR – Doubs), Jacques Pélissard (LR – Jura), Marie-Christine Dalloz (LR – Jura), Jean-Marie Sermier (LR – Jura), Alain Chrétien (LR – Haute-Saône), Damien Meslot (LR – Territoire de Belfort), Michel Zumkeller (UDI – Territoire de Belfort)
Abstention: Barbara Romagnan (PS – Doubs).
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