09 Avr

Barbara Romagnan ne vote pas la confiance : « C’est un acte transgressif… »

Barbara Romagnan, députée PS du Doubs

Barbara Romagnan, députée PS du Doubs

Lundi, Barbara Romagnan m’avait dit qu’elle signait le pacte de majorité comme environ 88 autres députés socialistes mais qu’elle voterait la confiance à Manuel Valls. Du moins, c’est ce que j’avais compris… Mardi, elle n’a pas voté la confiance, elle s’est abstenue. Jointe au téléphone, elle s’explique.

 

Elle dit ne pas encore mesurer toutes les conséquences de cette abstention, « un acte transgressif, qui ne s’est encore jamais produit sous la 5ème République. » dit-elle.

 

 

La députée du Doubs est très sollicitée. Elle prend quelques minutes pour répondre au téléphone… Elle fait partie des 11 députés socialistes qui se sont abstenus pour le vote de confiance à Manuel Valls, hier après-midi. Elle était déjà dans le groupe des 89 députés socialistes qui avaient signé un texte, presque un manifeste, le « pacte de majorité » dans lequel, en début de semaine, ils demandaient une réorientation à gauche du gouvernement.

« La confiance, ce n’est pas automatique. On ne posait pas des conditions. On voulait simplement la séparation du pacte de responsabilité et la confiance. Dès l’instant où les deux étaient liés, je ne pouvais pas voter la confiance… »

Elle continue, explique, se justifie : « Il y a décalage entre la parole et les actes, entre ce qu’on promet et ce qu’on fait. Ma responsabilité, c’est de dire non. Il faut prendre en compte les résultats des élections municipales et respecter nos engagements. »

Elle prend comme exemple la politique économique : « Avec l’allègement de 30 milliards de charges pour les entreprises, quelles soient leurs tailles, leurs objet, rien ne nous garantit que cet argent ira dans les investissements et les augmentations de salaires. Les grands groupes, eux, vont augmenter les dividendes versés aux actionnaires… »

Mesure-t-elle les conséquences de cet acte ? « Oui, mais des conséquences graves il y en a aussi, si un décalage existe toujours entre promesses et actes. Et elle enchaîne : « Le non cumul, on le fait mais c’est pour 2017 ! Alors que nous avons un président à l’Elysée, alors que nous sommes majoritaires partout, au Parlement, dans les collectivités territoriales, on ne concrétise pas nos promesses. Par exemple, le droit de vote des étrangers, un débat que nous portons depuis 30 ans, on n’en parle plus… »

Jusqu’où pourra-t-elle faire entendre sa petite musique différente, elle qui s’est déjà abstenue sur la réforme des retraites ?

 « Je suis au PS depuis 20 ans, je n’ai pas l’intention de le quitter. Je transgresse la discipline de groupe, oui, mais pas les engagements du Parti Socialiste. »