La scène se déroule devant la salle des fêtes de Belfort samedi. A l’intérieur, les militants UMP attendent patiemment Jean-François Copé, dans le cadre d’un meeting de campagne pour la présidence du parti. A l’extérieur, une poignée de manifestants offre des pains au chocolat, derrière une banderole « Stop à l’islamophobie ». Le ton monte avec l’organisateur du meeting, Damien Meslot. Devant notre caméra, le député se lâche: « Les Frères musulmans ont une vieille tradition de provocation ». Un « dérapage contrôlé » qui fait sortir de ses gonds l’un des manifestants: « Je t’emmerde, gros raciste ». Damien Meslot sourit. Il a réussi son coup. Le lendemain, sur le plateau de France 3, il dénonce, tout en nuance, des gens « dangereux pour la démocratie ».
Il y a d’abord Jean-François Copé qui, dans une campagne où il tente en vain de faire trébucher François Fillon, met la barre à droite toute, n’hésitant pas à dénoncer les « voyous » qui arrachent les pains au chocolat des enfants devant les collèges pendant le Ramadan.
Il y a ensuite les associations musulmanes qui montent au créneau et donnent à la « petite phrase » de Copé un retentissement ahurissant, à l’image du Conseil français du Culte musulman. Le CFCM porte plainte pour diffamation contre Jean-François Copé. Des distributions de pains au chocolat sont organisées un peu partout en France pour dénoncer « l’islamophobie » du secrétaire général de l’UMP.
Il y a enfin des élus de la République pour souffler sur les braises. En comparant les manifestants belfortains aux « Frères musulmans », Damien Meslot est tout aussi provocateur que ceux qu’il dénonce. Et le lendemain, le député UMP en remet une couche sur notre plateau: « Je trouve absolument scandaleux qu’un petit groupe violent veuille empêcher un meeting républicain de se tenir. On commence comme ça, et demain on veut forcer les femmes à porter le voile, on veut forcer à ce qu’il y ait des horaires différents dans les piscines. C’est le début de la fin si on cède à ces groupes violents qui ne représentent personne. »
Sur place, notre collègue journaliste n’a pas vu de violences, sinon verbales. Aujourd’hui, le collectif contre le racisme et l’islamophobie annonce qu’il va porter plainte pour coups et blessures contre Damien Meslot. Le député aurait voulu arracher à une jeune femme son panier de pains au chocolat, la blessant au petit doigt. Le mien me dit que certains feraient parfois mieux de s’abstenir, la politique en sortirait grandie.
Les images de l’altercation devant la salle des fêtes et la réaction de Damien Meslot, interviewé par Christophe Joly (Attention, contrairement à ce qui est dit dans le reportage, c’est le collectif contre le racisme et l’islamophobie et non Résistance citoyenne qui organisait ce rassemblement) La réaction de Moustapha Mansour, du collectif contre le racisme et l’islamophobie