La France compte 238 sous-préfectures. Elles coûteraient cher et ne serviraient plus à grand chose… En raccourci, le débat c’est : faut-il les fermer ou pas ? Et si oui, lesquelles ?
En Franche-Comté, 5 sous-préfectures sont concernées par cette question. Aucun maire ne verrait d’un bon œil la suppression de « sa » sous-pref’…
Sale temps pour les 238 sous-préfectures françaises. Il y a 6 mois, la Cour des Comptes a rendu un rapport accablant pour les sous-préfectures : « ce niveau infra-départemental de l’administration de l’Etat devient de plus en plus inconsistant ». Et toc !
Le vice-président PS du Sénat et président du conseil général de la Drôme, Didier
Guillaume a estimé que des sous-préfectures devraient peut-être fermer pour lutter contre les « dou
blons qui coûtent cher » dans l’action de l’Etat et des départements (Source AFP). Et re toc !
C’est au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de trancher : il a déjà exclu tout « statu quo » sur l’implantation des sous-préfectures françaises. Le temps se gâte pour les sous-pref’… Une commission a été nommée pour étudier la question et… dresser la liste des sous-préfectures à supprimer.
Voilà pour le cadre général. Concernant la Franche-Comté, on compte 5 sous-préfectures : Dole, Saint-Claude, Pontarlier, Montbéliard, Lure. Seul le « petit » Territoire de Belfort n’a pas sa sous-préfecture.
Joint par téléphone, Arnaud cochet, le préfet de Haute-Saône, a longuement expliqué le contexte. A l’initiative de Raymond Poincaré (en 1926), une centaine de sous-préfectures a été supprimée, dont celle de Gray, en Haute-Saône. Depuis cette date, alors que la population a considérablement évolué, rien ou presque n’a changé dans le découpage administratif. En 1929, la population française était équitablement répartie entre la ville et la campagne : la moitié urbaine, l’autre rurale…
Ces dernières années, outre l’augmentation du nombre d’habitants, les missions des sous-préfectures ont également beaucoup changé. Maintenant, l’usager se déplace en préfecture ou sous-préfecture uniquement pour le permis de conduire et, dans certains cas, pour la carte grise. Dans les missions de ces antennes de l’Etat, reste le conseil et l’accompagnement des élus locaux, notamment ceux des petites communes qui ne disposent pas de services dans leurs mairies.
Et le prestige de la sous-préfecture. C’est souvent un très beau bâtiment qui fleure bon l’ancien Régime et qui possède un charme indéniable. La plus jolie sous-préfecture de la région ? Certainement celle de Lure !
Petit revue de détail : les sous-préfectures menacées de disparition et les autres…
Dans le Doubs :
A Montbéliard, on ne se sent pas concerné : de nouveaux bâtiments vont être construits, les architectes et leurs plans sont connus. La nouvelle sous-préfecture verra le jour « courant 2015 » affirme la Préfecture du Doubs. Le bassin de population de cette sous-préfecture, qui emploie 35 agents plus le sous-préfet, concerne 182 000 habitants. Oui, mais de nouveaux locaux n’excluent pas un rôle revu et corrigé des missions de l’Etat… A suivre malgré tout…
A Pontarlier, pas d’inquiétude non plus. Pour Gilles Jeannin, directeur général des services : « On n’a aucun information ni officieuse, ni officielle… Mais le périmètre a été étendu et, depuis 2 ans, on a aussi Morteau dans notre zone. Ce ne serait pas logique d’étoffer notre bassin de population et de supprimer la sous-préfecture. » Pas logique, non… mais l’Etat est-il toujours logique ?
Dans le Jura :
Jean-Claude Wambst, le maire de Dole, refuse l’hypothèse même d’une suppression qui « serait dommageable pour le territoire du nord du Jura. L’Etat s’éloignerait encore davantage… »
82 000 habitants vivent sur le bassin dolois. Et le maire juge que la sous-préfecture est un lieu fréquenté, notamment par les élus.
La situation est beaucoup plus difficile pour Saint-Claude. La menace de suppression existe depuis plusieurs années. Depuis 4 ans, même si ce n’est pas le cas, un « simple » conseiller d’administration pourrait occuper le poste de sous-préfet, sans en avoir le titre. Mauvais signe. D’ailleurs, Francis Lahaut, le maire, ne cache pas son inquiétude. Sa ville a déjà perdu son commissariat, la Banque de France, des services à l’hôpital, le conseil des Prud’hommes… La sous-préfecture, ce serait le coup de grâce de l’Etat. Pour lui : « Ce serait peut-être symbolique mais cette suppression renforcerait le sentiment d’abandon… »
Francis Lahaut compte sur le bon sens de la commission chargée de revoir la carte de France des sous-préfectures. Plusieurs points peuvent plaider pour Saint-Claude, pense-t-il, la sous-préfecture est en même temps en ville et s’étend sur une zone rurale, qui est de plus frontalière et montagnarde. Sans oublier que ce secteur, qui était fortement industrialisé, vit des heures économiques difficiles.
En Haute-Saône :
Lure est sur la sellette : ces locaux ne sont déjà plus ouverts au public. Si l’Etat la supprime « on sort les fourches ! » C’est dit en rigolant par le maire, Eric Houlley., mais c’est dit ! Lui fait ses calculs : avec 110 000 habitants, Lure ne peut pas être supprimée : c’est la moitié des Haut-Saônois !
De plus, un nouveau service, l’urbanisme qui dépend de la direction des territoires, vient de s’installer dans la magnifique sous-préfecture… et cette commune a déjà perdu tellement de signes extérieurs de l’Etat. Dernier en date : le tribunal de grande instance.
Alors la commission ad hoc va-t-elle sauvegarder la sous-préfecture de Lure, avec ses 13 agents et son sous-préfet ? A suivre…
De toute façon, le maire sera très vigilant. Il prépare déjà « les fourches »… Eric Houlley assistera au congrès des petites villes qui se tiendra à Castelnaudary les 13 et 14 septembre. Nul doute que ces suppressions dans l’air seront présentes dans les discussions…