Les pourcentages réalisés par les partis sont intéressants.
Les nombres de voix apportent également des enseignements.
En mains : calculette, résultats de la présidentielle de cette année, des législatives de 2007 et d’hier soir, je vous propose quelques observations et pistes de réflexion…
C’est certain, il faut aimer les calculs.
Hier soir, pour le premier tour des élections législatives, la Franche-Comté a voté à 36,5% pour la gauche, à 38,85% pour la droite et à 15% pour le Front National.
Après, regardons chacune des formations politiques sous un autre angle : celui du nombre de voix.
Le Front National : il s’installe
Le FN arrache seulement une triangulaire, alors que le parti de Marine Le Pen en espérait davantage. Seule Sophie Montel s’est qualifiée (sur la circonscription où Pierre Moscovici est sortant et en ballottage favorable pour dimanche prochain).
Les scores des candidats FN sont nettement inférieurs à ceux obtenus par leur chef de file Marine Le Pen le 22 avril : de 3 à 9 points de moins. La déperdition la moindre est celle de Sophie Montel justement : elle bénéficie incontestablement de sa notoriété de responsable du FN dans la région.
Concernant les voix, entre le premier tour de la présidentielle et hier soir, le FN en a perdu la moitié (il passe de 142 000 à 74 000 voix).
En revanche, il triple ses voix entre les législatives de 2007 et celles de 2012 (de 26 000 à 74 000 voix).
Ce n’est plus une simple progression. Souvent troisième force politique ces dernières années, on ne peut que constater que le parti d’extrême droite s’installe – et confortablement – dans le paysage politique franc-comtois. Des FN au deuxième tour, c’est déjà arrivé une fois (et une seule) en Franche-Comté. En 1993, deux candidats du MRC (Mouvement Républicain et Citoyen) avaient sauvé leurs sièges de députés sortants dans des triangulaires avec le FN : Jean-Pierre Michel, dans la deuxième de Haute-Saône et Jean-Pierre Chevènement dans la deuxième du Territoire de Belfort.
L’UMP : la casse est limitée
Dans tous les départements, les scores de l’UMP sont beaucoup plus faibles pour ce premier tour des législatives qu’il y a 5 ans : l’UMP perd pratiquement le quart de ses voix entre 2007 et 2012 (de 233 000 à 180 000 soit 53 000 voix évaporées).
Autre comparaison : les chiffres du premier tour de la présidentielle le 22 avril dernier et ceux d’hier soir avec des résultats contrastés entre départements.
Pour le Jura, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort, les candidats UMP totalisent davantage de voix que Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle.
En revanche, ce constat n’est plus vrai pour le Doubs.
J’avance une explication : pour les 3 départements, une réelle prime au sortant a fait son effet. C’est le facteur personnel de ces candidats très bien implantés.
En ce qui concerne le Doubs, deux cas sont à examiner. La succession de Jean-Marie Binétruy explique qu’Annie Genevard (en ballottage très favorable) ait fait moins de voix, handicapée de plus par le bon score d’une candidate de droite dissidente, Nathalie Bertin.
Et concernant la 4ème, Charles Demouge avait la difficile tâche de défendre les couleurs UMP. Face à lui : Pierre Moscovici, le nouveau ministre socialiste de l’Economie et la chef de file FN de la région. La 5ème et la 4ème ont amoindri le nombre de voix UMP dans le Doubs.
Le PS : une hausse mais…
Mettons de côté le Territoire de Belfort. Difficile de prendre ce département pour comparaison : la moitié des circonscriptions (soit une !) a comme candidat un MRC soutenu par le PS … A noter qu’Anne-Marie Forcinal, PS, recueille plus de 2000 voix supplémentaires entre le premier tour de 2007 et hier soir.
Premier constat : une hausse substantielle des voix entre les législatives de 2007 et celles de 2012 (de 124 000 à 155 000 soit 31 000 de plus).
Pour le Doubs, les candidats socialistes ne font pas aussi bien que François Hollande au premier tour de la présidentielle. (99 000 voix contre 74 000).
En revanche, les voix PS sont plus nombreuses hier que le 22 avril pour le Jura et la Haute-Saône.
On sait que la gauche est en progression dans le Jura. En Haute-Saône, là aussi la prime au sortant joue peut-être son rôle : Jean-Michel Villaumé est l’un des deux députés PS sortants, l’autre étant Pierre Moscovici.
Quand je vous disais qu’il fallait aimer les chiffres….