C’est marrant, il se passe toujours quelque chose dans le Territoire de Belfort. Quand ce ne sont pas les querelles entre les deux ennemis intimes Christophe Grudler (MoDem) et Damien Meslot (UMP), c’est la bagarre entre PS et MRC. Un véritable conflit avec coups bas et attitudes qui ne volent pas haut. Pour ces législatives, on prend les mêmes et on recommence : le duel Butzbach-Ackermann est annoncé
Au début, il y avait le Parti Socialiste. L’un de ses leaders, Jean-Pierre Chevènement, est parti voler de ses propres ailes en entraînant une très grande partie des militants. C’était il y a 20 ans, quand même. Une poignée de socialistes sont restés. Bien esseulés. Ils ont « résisté ». Les bagarres électorales entre les frères ennemis ont commencé. Elles n’ont jamais cessé.
Un nouvel épisode se prépare. Le duel : Étienne Butzbach, maire chevènementiste de Belfort, contre le socialiste Yves Akermann, président du conseil général.
Quand Solférino écoute trop Chevénement
Comme d’habitude, Jean-Pierre Chevènement a négocié « en direct » avec la rue de Solférino. Il a obtenu quelques circonscriptions en échange de son retrait de la course à la présidentielle. La 2ème du 90 est « réservée » à un MRC, interdiction à un socialiste de s’y présenter. C’est, historiquement, le fief de Jean-Pierre Chevènement, même si elle est « occupée » par Michel Zumkeller, radical valoisien soutenu par l’UMP, depuis maintenant 10 ans.
Les socialistes ne l’entendent pas de cette oreille
Yves Ackermann, le président socialiste du conseil général, se porte candidat. D’ailleurs, il a été élu par les militants socialistes du Territoire pour se lancer dans la course. La menace d’exclusion du PS ? « Bof, à mon âge… », répond Yves Ackerman, « Même exclu du PS, je serai toujours plus fidèle que les ralliés de la dernière heure. Et le groupe parlementaire devra être fidèle. » L’attitude de Paris le met en colère : « Les instances nationales qui désignent les candidats, c’est dépassé. De plus, le MRC c’est un groupuscule auquel Solférino accorde trop d’importance. » Le groupuscule appréciera !
Le passif qui ne passe pas
Et surtout, Yves Ackermann avoue qu’il en a marre d’avaler, depuis tant d’années, des couleuvres, voire des boas…
Il estime : « J’ai une certitude, c’est de m’être fait avoir… » Aux dernières législatives, en 2007, il affirme s’être retiré de la course pour laisser sa place à Jean-Pierre Chevènement en contrepartie d’un siège au Sénat. Problème : Chevènement a été battu aux législatives et… s’est présenté aux sénatoriales où il a été élu en battant le président du conseil général… Yves Ackerman s’est retrouvé « floué » : « C’est difficile de travailler avec des amis en qui on ne peut pas avoir confiance… »
Autre grief, entre autres : Étienne Butzbach a été tête de liste PS-MRC aux dernières régionales mais n’aurait pas renvoyé l’ascenseur pour les cantonales suivantes. La liste des rancunes accumulées en 20 ans est longue…
Faux et archi faux, s’insurge Etienne Butbach, même sil reconnaît que le MRC « a eu dans le passé des comportements face au PS que je ne partage pas. » Mais il ajoute qu’Yves Ackermann n’a pas respecté sa parole durant les municipales de 2007.
Bref « C’est celui qui dit qui y est… » Et d’ajouter que « Jean-Pierre Chevènement est dur en affaires mais (qu’)il respecte la parole donnée. »
Politiquement, pour le maire de Belfort, il est important que « les lois n’édulcorent pas les promesses électorales. Une force de gauche doit être réunifiée pour accompagner le changement… » Selon lui, une majorité présidentielle doit être constituée, « un parti du Président », précise-t-il.
Le FN en embuscade
Étienne Butzbach d’insister: « Yves Ackermann porte une lourde responsabilité, s’il va jusqu’au bout. » Eh oui, dans cette circonscription, une donnée est importante : le Front National. Au premier tour de la présidentielle, le FN a recueilli 23,3% des voix sur cette circonscription.
Si vous ajoutez un candidat Vert et un Front de Gauche… La donne d’une primaire entre PS et MRC n’est pas que pittoresque. Elle est risquée.
En cas de duel vraiment fratricide, le PS et le MRC pourraient s’entretuer et laisser au second tour l’UMP face au FN. Elle aurait bonne mine « la gauche réunifiée », non ?
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