« Si tu ne prenais pas de coups, ta candidature ne représenterait aucun intérêt. » Voilà ce qu’une proche de Nathalie Bertin lui a dit. Nathalie Bertin, candidate du Parti Radical dans la 5ème circo du Doubs, joue le rôle du chien dans un jeu de filles, pardon dans un jeu de quilles… Et la candidate UMP Annie Genevard se retrouve sur la défensive alors que cette élection aurait dû se jouer, pour elle, sur du velours.Ah ! si Jean-Marie Binétruy s’était représenté… Mais le député UMP n’a pas voulu rempiler pour un 3ème mandat.
Ah ! si Patrick Genre, le maire de Pontarlier, avait accepté sa proposition de recevoir le fauteuil en héritage. Mais il n’est pas tenté par l’Assemblée Nationale.
Oui, je dis « héritage ». Dans le Haut-Doubs, ce n’est pas l’élection législative elle-même qui suscite l’intérêt mais la désignation par le parti majoritaire de droite de son candidat. Cette terre est si traditionnellement à droite que tout suspense est tué dès le début. Vous connaissez le candidat de droite, hier du RPR ou de l’UDF, aujourd’hui de l’UMP ? vous connaissez le gagnant. Pardon d’avance à Liliane Lucchesi (PS), François Mandil (EELV) et les autres…
Nathalie Bertin, la Pontissalienne
Donc, Jean-Marie Binétruy ne se représente pas. Après avoir proposé la place à Patrick Genre, qui la refuse, il la propose à Annie Genevard qui l’accepte. La procédure est enclenchée à l’UMP. Paris la désigne, les militants l’entérinent.
Et patatras, voilà Nathalie Bertin qui vient jouer l’empêcheuse de voter en rond… Elle aussi s’estime légitime : n’est-elle pas encore la suppléante de Jean-Marie Binétruy ? N’est-elle pas adjointe chargée des affaires sociales et de la politique de la ville à Pontarlier ? N’est-elle pas ancienne conseillère régionale UMP ? Elle raconte : «Je me suis posée deux questions. Si tu n’y vas pas auras-tu des regrets ? Oui. Si tu perds en ayant tout donné auras-tu des regrets ? Non. Alors, j’y vais. »
Nathalie Bertin l’assume : « Une primaire à droite, on n’en mourra pas ! »
Annie Genevard, la Mortuacienne
Annie Genevard, maire de Morteau, conseillère régionale, présidente de la communauté de communes, est donc la candidate UMP pour les 10 et 17 juin prochains.
Elle « déplore la division et cette candidature de désunion ». Et elle insiste : elle a respecté la procédure en vigueur à l’UMP. Michel Vienet, l’un des responsables du parti, abonde dans son sens. Il n’a pas apprécié que certains aient annoncé que l’UMP est « menée d’une main de fer par Binétruy et Vienet. » Il ajoute : « L’UMP dans le Doubs est démocratique » (Ailleurs, je suppose aussi…) Et ne se fait de souci pour l’élection : « Les électeurs de droite ne font pas de politique. » Confiant, il ajoute « Ils voteront l’étiquette UMP. »
Pourtant, certains à droite jugent qu’Annie Genevard a beaucoup reçu en héritage, qu’elle n’a pas dû beaucoup se bagarrer pour obtenir ses mandats. Pas de références ici à sa maman, Irène Tharin, ex-députée du Doubs et maire de Seloncourt. Non, mais à Jean-Marie Binétruy qui lui a laissé son siège de maire de Morteau et qui souhaite lui transmettre celui de député. Autre supporteur de taille pour la maire de Morteau : Patrick Genre, le maire de Pontarlier, qui préside même son comité de soutien. Et le maire de Pontarlier juge « inopportune » la candidature de son adjointe, Nathalie Bertin.
Et ne parlez pas, à Annie Genevard et à Patrick Genre, de rivalités entre Pontarlier et Morteau : « ces querelles de clochers sont dépassées ! »
En route vers la primaire
Actuellement, chaque candidate compte ses soutiens, avec un net avantage à Annie Genevard, en attendant que Nathalie Bertin dévoile ses batteries… et pas de cuisine !
Quand je qualifie la situation dans le Haut-Doubs de «bagarre de filles », Annie Genevard me reprend: «combat démocratique» dit-elle… Soit, nous allons suivre avec beaucoup d’intérêt ce «combat démocratique».
Et en cas de triangulaire au deuxième tour, quelle attitude ? Elles l’affirment toutes les deux : ne pas faire gagner la gauche… Voilà au moins un point sur lequel elles sont d’accord…