Pourquoi les radicaux de gauche, qui avaient la possibilité de présenter un « candidat d’union » soutenu par le parti socialiste, ont-ils décidé de passer leur tour dans la 2e circonscription du Jura? Le patron du PRG dans le département, Francisque Bailly-Cochet, explique qu’il a mis « son orgueil de côté » pour « l’intérêt général »: « Les socialistes faisaient la gueule. Ils étaient tous sur le pied de guerre pour partir en dissidence », regrette FBC. Interview.
La 2e circonscription du Jura avait été réservée par le Parti socialiste au Parti radical de gauche. Vous avez pourtant décidé de ne pas vous présenter et de n’être « que » suppléant derrière le socialiste Raphaël Perrin. Pourquoi?
Vous savez, les tractations entre partis sont toujours délicates. Le Parti socialiste a réservé 35 circonscriptions au PRG. C’était clair, l’accord était signé. Dans le Jura, la 2e circonscription était concernée. C’est la circonscription où j’habite, donc j’étais le candidat légitime. J’ai demandé à être investi, mais le PS ne voulait pas. Les socialistes faisaient la gueule. Ils étaient tous sur le pied de guerre pour partir en dissidence. La gauche est revenue en force dans cette circonscription depuis les cantonales. Plusieurs conseillers généraux étaient prêts à partir avec le soutien du PS.
C’est donc la peur des dissidences à gauche qui vous a fait reculer?
Je suis radical, je parle donc au nom de la raison. Il y a 5 ans, la circonscription était déjà réservée au PRG et ça s’était très mal passé. Un truc de dingue : les quatre premiers étaient des candidats de droite*. C’était une catastrophe. On m’a fait comprendre que je n’étais pas le meilleur candidat. Le meilleur candidat, c’est Raphaël Perrin. Il est conseiller général et maire. Grâce à son investissement d’élu sur le terrain, il peut faire basculer la circonscription, d’autant que Marie-Christine Dalloz a été fragilisée par les dernières élections. On doit se battre pour l’intérêt général. Je n’ai pas voulu passer en force. J’ai mis mon orgueil de côté. C’est difficile aujourd’hui de faire comprendre aux gens qu’un non-élu puisse devenir député.
Comprenez-vous les critiques de certains socialistes qui estiment que les militants auraient dû désigner le candidat comme dans les autres circonscriptions ?
La circonscription est réservée au PRG, donc les militants socialistes n’ont pas besoin de voter. Le choix du candidat relève des radicaux. On a estimé que je n’étais pas le meilleur pour gagner, donc on met le meilleur. Je reste candidat suppléant et Raphaël Perrin se présentera comme candidat divers gauche soutenu par le PRG.
Avez-vous reçu des contreparties ?
Les magouilles, ce n’est pas ma conception de la vie politique. Je n’ai rien à négocier, ni mes idées, ni mes valeurs. Je suis peut-être trop vrai, trop pur pour faire de la politique mais je ne changerai pas. Je peux me regarder dans la glace le matin. Ca a été difficile de passer numéro 2 mais il n’y a pas photo. Raphaël Perrin peut gagner. Je me battrai à 100% derrière lui.
*Elisabeth Boyer n’avait recueilli que 9,37% des suffrages au premier tour. Marie-Christine Dalloz (UMP – 22,14%), Yves Garnier (UMP – 14,77%), François Godin (DVD – 10,57%) et Jean-Louis Millet (MPF – 10,27%) la devançaient.