Le Labyrinthe des gardiens, tome quatre des « Mémoires de Lady Trent » de Marie Brennan nous conduit dans le désert, étudier les dragons, leurs mœurs et la manière dont ils survivent à l’aridité…
Cette saga étudie scientifiquement les dragons, espèce sauvage chargée de mystères… Elle a été publiée en France de 2016 à 2018 et forme un pilier incontournable de librairie. (Le premier tome a remporté le prix du roman étranger aux Utopiales 2016)
Située dans un univers qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’Angleterre Victorienne – chaque récit nous entraîne dans cet imaginaire, constitué de vastes îles continentales. Chaque expédition vise une contrée où vit une espèce de dragons et où chaque peuplade semble entretenir un rapport caché avec cette espèce qui occupe un sommet de la pyramide écologique… avec les humains.
Ce motif rend cette quête passionnante, mais l’essentiel semble aussi résider dans un motif réaliste : l’étude des sociétés du dix-neuvième siècle du point de vue de la femme. Isabelle Camherst, future lady Trent, surmonte les obstacles que les sociétés lui opposent en l’emprisonnant dans un sérail qui la caractérise. En matière de marginalisation, la société victorienne du Scirland n’a rien à envier aux contrées que la saga nous fait visiter.
Isabelle Camherst est associée à Tom, jeune homme dont la modestie suffirait à lui interdire la reconnaissance de l’université. Ces deux marginaux s’épaulent l’un l’autre dans leur défi commun : mener des expéditions au long cours pour étudier les différentes populations de dragons.
Dans le premier tome, Isabelle épouse lord Camherst, passionné lui aussi de dragons, et participe à sa première expédition en tant qu’épouse… et dessinatrice. Après le décès de son mari, la jeune veuve prend son propre envol et s’engage dans une carrière scientifique. Bien que la société, l’université et tout le Scirland soient hostiles à son projet, Isabelle, intrépide, curieuse, désireuse de vivre sa vie sans avoir à rendre de compte, suit une vie aventureuse, tandis que l’étude des dragons l’amène à se pencher sur un antique peuple, les Draconiens et les rapports mystérieux que ceux-ci entretenaient avec les mythiques dragons.
Dans ce quatrième tome, Isabelle et Tom sont envoyés en Akhie développer un élevage pour le compte des militaires… Dans cette contrée désertique, dirigée par un puissant sheik, les Akhiens ne reconnaissent aucun pouvoir à cette étrangère… Mieux, les hommes refusent de parler aux femmes, et lady Camherst est contrainte de demander à Tom de traduire ses paroles et de la représenter. Pourtant le frère du Sheik se révèle être l’homme dont elle est précédemment tombée amoureuse : Suhail, archéologue, dont les recherches historiques se lient avec les dragons du désert…
J’avoue lire à mon gré cette saga, et ne lire qu’en 2021, ce quatrième tome et comme je n’ai pas lu l’ultime épisode de cette saga, je ne pourrais pas « spoiler » le secret des dragons… mais je ne peux que témoigner du plaisir très vif que j’éprouve à plonger dans cette évocation pleine de mordant, de piquant et d’ironie…
Note biographique sur Marie Brennan : née en 1980, diplômée d’Harvard, Marie Brennan a co-présidé la Harvard-Radcliffe SF Association, étudié l’archéologie, l’anthropologie et le folklore à l’Université de l’Indiana avant de devenir écrivain.
Bernard Henninger
Portrait de Marie Brennan : © Bernard Henninger, les Imaginales 2018.