Sazrah, un peu d’exotisme et de douceur venus d’Ariège. Cette jeune artiste de 23 ans sort un premier EP après plusieurs singles et des collaborations avec le toulousain Félix. Un univers assez feutré qui fait appel à plusieurs influences. On se laisse surprendre et prendre par sa voix et sa fraîcheur.
Sazrah Photo extraite du clip « Fragile »
Un mail arrive parmi beaucoup d’autres pour signaler une nouvelle sortie d’album : Sazrah, une inconnue. Petit clip sur les liens, les premières impressions sont bonnes… presque surprenantes. Car voilà : Sarah Zelmati a un beau grain de voix, chaleureux et empreint d’humanité. Un timbre qui fait un peu penser à Adèle en moins forcé, à Amy Winehouse pour la diction et le côté soul jazzy. Elle chante dans un anglais nickel et quand le français surgit, l’atmosphère est encore différente.
Son EP « Caught by time » sort aujourd’hui sur le label Pluginrecords où l’on retrouve aussi son comparse toulousain Félix. Le nouveau clip « Fragile » a été réalisé près du Mont Valier (Ariège) en pleine nature pour cette écologiste dans la peau. Un morceau riche, porté par une voix détachée, agrémentée de sons environnants. On y découvre aussi son univers pictural.
Sazrah – Fragile
Une production agréable qui sait mettre en valeur son grain de voix. Ce nouveau titre fait suite à un autre extrait sorti il y a un mois « Just trying ». Un mélange de percussions, basse et guitalélé -instrument à corde qui se positionne entre la guitare et le yukulélé- une voix qui sait se faire douce ou puissante.
Sazrah – Just trying
Auteur-compositeur-interprète, Sazrah possède un univers qui va de la néo-soul, à la pop electro jusqu’au R’n’B’. Ce premier EP enregistré à Toulouse et Paris est plein de promesses. Dans sa vie ariégeoise, Sazrah fait du dessin, des tatouages. Sa musique et sa voix ont l’art de se graver en nous.
Dame Géraldine est toulousaine. Auteur-compositeur-interprète mais aussi réalisatrice de ses clips, cette artiste sait tout faire. Son dernier EP « I will go » est un univers feutré porté par une très belle voix. Des influences jazz, classique, soul. Sa musique très cinématographique s’écoute en douceur.
Son univers est douceur, ses textes parlent d’amour, des ruptures, des envols, des choses et des moments de la vie. Dame Géraldine s’est posée dans la musique depuis l’âge de 7 ans. Son instrument de prédilection : le piano. Elle fait aussi des percussions et bien sûr, elle chante.
Des émotions qui passent
D’une voix bien placée, claire, limpide, tissée de velours, elle vit et respire la musique avec comme obsession : la transmission des émotions. Exigeante, perfectionniste, à la recherche des sons. Pas d’effet, des nappes de clavier-piano, quelques riffs de guitare un peu déchirés, la basse en rondeur, un dialogue avec le saxophone. Où l’on peut entendre toute l’étendue de sa voix. Voici « Just a long ride ».
Dame Géraldine – Just a long ride
Pop cinématographique
Son nouvel EP « I will go » est sorti en décembre. Mais Dame Géraldine s’est fait connaître en faisant de la musique pour des images (des courts métrages mais aussi des pubs). Elle crée son Sound cloud en 2012. C’est là qu’elle se fait repérer par Frédéric Dubois et le label international BMG Production Music. Ce site où elle poste régulièrement des instrumentaux mais aussi des chansons fait qu’aujourd’hui elle comptabilise plus d’1M d’écoutes. C’est souvent elle qui auto-produit les morceaux avec ses claviers numériques.
En écoutant sa musique, on a envie effectivement d’y mettre spontanément des images. Un climat cinématographique qui fait penser à des artistes connues comme Agnes Obel ou London Grammar, les Françaises Zazie et Juliette Armanet et Véronique Sanson pour le timbre et la douceur. Des sons où l’on imagine aussi des grands espaces comme c’est le cas pour ces 2 artistes islandais qu’elle affectionne : Olafur Arnalds & Nils Frahm. Un petit côté musique minimaliste pour mieux mettre en valeur sa belle voix et une technique de chant bien maîtrisée.
Dame Géraldine – I love you
Sur scène pour la première partie de Thomas Dutronc ?
Dame Géraldine devait sortir cet EP depuis longtemps. Mais il y a eu évidemment le confinement. Il faut savoir que son nouvel EP est quasiment prêt. La perspective et l’impatience de retrouver son public se profile aussi. Elle participe d’ailleurs à un concours organisé par la ville de Fronton pour chanter en première partie de Thomas Dutronc le 26 juin. Si vous aimez cette artiste, vous pouvez voter pour elle jusqu’au 15 mai. C’est un peu l’usine à gaz mais il faut d’abord liker la page Facebook « Faites la Music » des organisateurs, liker la vidéo de Dame Géraldine et dire « Je vote pour elle » en commentaires.
Un nouveau clip bientôt
En attendant, elle continue de travailler, de réaliser elle-même ses propres clips. Le tout nouveau « Je flotte » fait pendant le confinement en home studio sortira dans les prochains jours. Dans cette chanson extraite du nouvel EP, on trouve des résonnances avec ce que nous vivons.
Images usées, ondes saturées, L’avant, l’après, ce curieux effet. Je crois, j’admets. Suis-je à côté? Latitude, longitude, Nord ou Sud d’incertitudes, J’avoue imaginer, La vérité.
Telle un peintre impressionniste, Dame Géraldine étend sa toile. Ses notes de piano ressemblent souvent à des gouttes d’eau qui se posent, aux bulles d’écume qui surnagent. Dans cette période un peu trouble, très compliquée pour tout le monde et notamment les artistes, Dame Géraldine arrive à flotter de ses notes légères, là où d’autres se noient. C’est déjà pas si mal.
Son premier disque, Suzanne Belaubre l’a fait toute seule, avec son ordinateur. « DIY » est un album atypique, minimaliste. Elle chante mais elle pourrait tout aussi bien peindre, danser ou lire ses mots. Une palette musicale avec plein de nuances.
Suzanne Belaubre aurait pu être pianiste classique. Mais à 16 ans sa passion pour l’ordinateur l’a conduite à faire de la production musicale avec la MAO et des pluggins. Elle avait sorti quelques titres sur un ancien label. En marge de ça, elle travaillait de manière plus spontanée sur des morceaux qui lui correspondent davantage. Lors d’un concert, elle rencontre l’un des dirigeants du label La Souterraine Benjamin Caschera. DIY (Do it Yoursel, fais le toi-même) est le résultat de tout ça.
L’osmose des mots et du son
Rarement à l’écoute d’un album on constate une telle prolongation des mots par les sons. Des mots introspectifs en prise avec l’environnement et la matière, des textes riches que la musique -ou plutôt des sons sortis de la MAO- vient souligner, comme on changerait une police de caractère, la couleur de l’encre ou mettre des choses en majuscule.
Suzanne Belaubre – Campagne
Ce n’est pas pour rien qu’elle a été lauréate du prix d’écriture Claude Nougaro, catégorie 15-18 ans. Des chansons piano-voix à texte, un flow de mots qui flirte avec le slam et le rap, elle les projette comme on met des couleurs sur une toile. Tout est à la fois très spontané et travaillé, un côté chanson classique mais aussi électronique et expérimentale. De la sagesse et des petits délires. Avec une certaine fulgurance dans l’alchimie des mots.
Contemplation et exploration des matières
Sans qu’il faille à tout prix trouver une explication, ces chansons assez courtes nous touchent. Comme des échos en prise avec les matières, proches de la nature et des sensations. On retrouve des répétitions, des collages comme en peinture où les mots et les sons sont mis en perspective. Avec beaucoup de samples, de bruitages organiques, de sons qui servent à la fois de mélodie et de rythme.
Elle joue avec ces matières sonores pour les sculpter et faire résonner les mots.
Suzanne Belaubre – Tout mélangé
Constellation d’art
Dans sa famille, l’art a été au centre de la vie. Elle s’est mise au piano dès l’âge de 6 ans, premier morceau composé à 10 ans. Puis vient l’American School of Paris, le studio des variétés où elle croise Arthur Teboul de Feu! Chatterton, comme elle avait partagé les bancs de classe de Bigflo et Oli. Télérama vient de tracer son parcours dans sa rubrique « Repérée ». Elle a partagé la scène en première partie de La Grande Sophie, Claudio Capéo, Mathieu Boogaerts, Magyd Cherfi, Art Mengo. En l’écoutant, on pense à Camille, Juliette Armanet ou Les Brigitte pour le grain de voix et les atmosphères.
Chaque chanson est une toile où le mélomane trouvera ce qu’il veut y chercher. Chacune a sa propre couleur et sa matière de sons.
Le webzine Opus Musique l’avait invitée en mars dernier pour une Session Opus à la salle des Illustres au Capitole de Toulouse. Au milieu des peintures.
Suzanne Belaubre – Les choses dorées (Opus Sessions)
Le Trio Delgrès sort aujourd’hui son second album. Une formation singulière au son unique, où se croisent rock, blues aux nuances antillaises, le tout chanté en créole. Un album engagé, comme l’indique le nom du groupe en référence à Louis Delgrès figure de la lutte contre l’esclavage. Le trio a sorti le blues de chauffe.
4:00 le nouvel album de Delgrès
Un trio de blues caribéen
Nous sommes en 2014. Le musicien Pascal Danaë qui n’est pas à son coup d’essai (il était membre d’un groupe afro brésilien qui remporta une Victoire de la Musique en 2015) rencontre un batteur groovy (Baptiste Brondy) et un joueur de sousaphone (Rafgee). C’est déjà une singularité. Le sousaphone ou soubassophone joue le rôle d’une basse contrebasse dans un trio classique. Le blues, c’est évidemment la guitare et celle de Pascal Danaë est souvent le dobro. Guitare emblématique du blues, inventée aux States par les Dopyera Brothers (d’où le nom dobro). Le leader de Delgrès est d’ailleurs devenu l’un des maîtres de l’instrument, lui le bluesman authentique que l’on définit souvent comme « le Robert Johnson de la Guadeloupe ».
Après plusieurs expériences, il lance le groupe avec son ancien batteur du groupe « Rivière noire ». Il est donc à la recherche d’une basse. Voici comment il présente cette quête sur le site officiel du groupe.« J’avais la vision d’une fanfare de carnaval, comme il y en a aux Antilles ou à La Nouvelle-Orléans, où le rôle est tenu par le sousaphone ». Après quelques recherches, il prend contact avec Rafgee, trompettiste diplômé du Conservatoire de Paris qui joue aussi de cet instrument apparenté au tuba-contrebasse. « Rafgee connaît mieux que moi la biguine et le quadrille, reconnaît Pascal. Il est le seul à pouvoir marier Moussorgski à la mazurka dans un orchestre mandingue. »
Le premier album « Mo Jodi » sort en 2018, le titre de cette chanson éponyme fait référence à Louis Delgrès, personnage central de la lutte contre l’esclavage aux Antilles. Ce colonel d’infanterie de l’armée française s’est appliqué la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir ». Il préféra mourir plutôt que de se soumettre aux troupes napoléoniennes qui venaient rétablir l’esclavage.
Nouvel album « 4:00 » en hommage à ces héros invisibles
Après le succès du premier, le nouvel opus était attendu. Les ingrédients et la singularité sont les mêmes : un blues original, chanté la plupart du temps en créole, des sonorités et des rythmes métissés, des paroles engagées.
On ne peut pas dire que les groupes de blues balisent la musique des Antilles principalement zoukée. L’originalité est déjà là. A l’écoute de ce nouvel album, le pont entre les Antilles et la Nouvelle Orléans fonctionne très bien. Rock bien noir, blues rustique et soul primitive rencontrent les rythmes antillais et les cuivres New Orleans. Les guitares sont toujours énergiques et énervées, les rythmiques complexes.
Sur Francetvinfo, le leader parle aussi de son engagement : « On est toujours dans le thème du héros, quelque part. Sur le premier album c’était un héros oublié, et là moi je parle plus des héros invisibles par le prisme de mon père qui a émigré de Guadeloupe en 1958. Finalement, les valeurs qu’on défend sont toujours les mêmes« .
Premier titre « 4:00 AM » (formule anglaise), « 4H00 du matin » en français, « 4 ed maten » en créole, très enflammé où le groupe est en tenue de bleu de chauffe. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt n’est ce pas?
4H, c’est l’heure à laquelle se levait le père du chanteur-guitariste, qui a quitté les Antilles pour venir travailler sur les docks du Havre. Delgrès est plus que jamais le porte voix et porte paroles de ceux que l’on n’entend pas : déracinés, classes laborieuses, minorités… Le dobro en gouvernail, les fûts bien agités et plein de pulsations du batteur, les cuivres improbables, ce second album vient confirmer l’originalité et le talent de Delgrès.
Le groupe organise une « release party digitale » ce vendredi 9 avril pour la sortie de notre nouvel Album 4:00 AM. Vous pouvez les suivre dès 19h30 pour échanger sur l’album et à 20h15 pour découvrir le tout nouveau clip « Aleas ».
2 albums et une planète musique conquise : le trio de Nottingham London Grammar est devenu un phénomène incontournable. En attendant la parution du petit nouveau « Californian Soil », plusieurs titres ont été dévoilés. Ils marquent une évolution plus électro, un son plus direct mais un résultat un peu décevant.
Photo : Facebook London Grammar
London Grammar c’est d’abord la voix interstellaire d’Hannah Reid, une atmosphère envoûtante, un gros son travaillé. « Pure emotion », ainsi débute le dernier single « How does it feel » sorti tout récemment. Un son plus moderne, moins ample et tournant, co-produit comme le reste de l’album avec Steve Mac, THE producteur de plus de 200 succès internationaux pour Ed Sheeran, Sam Smith, Pink, Bastille, One Direction…
London Grammar – How does it feel
Plus dansant, ce serait l’un des titres préférés de la chanteuse. Il marque en tous cas un virage confirmé par d’autres titres. Sans doute aussi le fruit de leur travail avec le célèbre DJ londonien George FitzGerald. Quelques semaines plus tôt, le groupe dévoilait le clip onirique « Lose your head » aux sons élégiaques et aux paroles assez sombres.
London Grammar – Lose your head
Des morceaux plus courts que les précédents, moins impressionnants dans le traitement du son, sans doute plus efficaces. Personnellement, ces singles me séduisent beaucoup moins que les 2 premiers albums « If you wait » (2013) et Truth is a beautiful thing » (2017). Leur troisième album sortira le 16 avril pour confirmer ou pas ces premières impressions.
Elle n’a que 13 ans. Zoé Morin est pourtant une artiste avec une personnalité artistique, engagée et mature. Elle écrit, elle compose et vient de sortir un nouvel album : « les flammes ». Un disque auto-produit qui dégage beaucoup de force.
Il faut laisser tomber les clichés. A 13 ans, Zoé Morin a déjà une vraie personnalité artistique, de l’assurance et du tempérament. Elle écrit, compose, interprète. On se dit alors que si elle fait de la musique, c’est certainement parce que ses parents en ont fait avant… Pas vraiment. Dynamique, surexcitée, « pour calmer le volcan mes parents m’ont inscrit dans une école de musique ». Elle a trouvé son domaine et un certain refuge.
L’album « Les flammes » qu’elle vient de sortir est le fruit de tout ça. Avec sa voix un peu nasale, elle balance ses textes avec une force assez incroyable. Une écriture pointu et directe et l’art de scander les mots qui fait beaucoup penser à Eddy de Pretto. La mort (« La dame en noir »), l’écologie, le féminisme (« les flammes »), ses textes parlent de l’air du temps, des convictions d’une adolescente avec l’aplomb et le culot d’une Greta Thunberg. Des mots lucides, teintés de noirceur ou d’optimisme où la poésie pointe son nez.
« Le but de mes chansons c’est de donner du plaisir à écouter, tout en prenant position ».
La vraie force de cet album et de Zoé Morin ce sont les textes et sa personnalité. Son disque auto-produit devrait rapidement lui permettre de trouver des personnes qui vont l’aider et l’accompagner dans son cheminement musical. En tous cas les bases sont là. A découvrir dans la nouvelle émission de France 3 Occitanie « C’est pas en Playback ».
Zoé Morin – « Les flammes » & « Je repense à lui » #C’est pas en playback sur France 3 Occitanie
Bruno Dibra, alias Renarde vient de sortir son premier EP. A l’écoute il y a pourtant beaucoup d’aisance et de maîtrise. De la pop matinée de rock indé bien léchée, produite et enregistrée. Le toulousain chasse sur les terres anglaises d’Arctic Monkeys ou Lloyd Cole, ou BB Brunes dans nos contrées.
La voix bien placée sonne dans la douceur et l’élégance. Bruno Dibra est originaire d’Albanie mais c’est dans le sud-ouest qu’il a posé ses valises. Dans le Gers, puis Montauban et désormais à Toulouse. « Courts métrages » est son premier EP 5 titres. Il n’est pas sorti du bois par hasard. Un travail de production avec Jeremy Dune du label Nuances Recordspour sélectionner 5 morceaux sur 20 maquettes et les produire comme il faut. Ils ont loué une maison dans le Gers transformée en studio d’enregistrement. Pour la partie cordes et cuivres, ils ont fait appel à Quentin Lachapèle, un arrangeur basé à Londres auteur lui aussi d’un très bon travail.
Premier extrait « Perdu d’avance » qui sonne à la fois un peu vintage et moderne. Les cordes sont là, rythmique efficace, chœurs nostalgiques et interprétation solide de la meute de musiciens.
Renarde – Perdu d’avance
Sous des apparences volontairement légères, tout est réfléchi, abouti avec des textes plus sérieux qu’ils n’y paraissent. Ca sonne Gainsbourg / Biolay pour les cordes et l’inspiration mais c’est très baroque dans l’esthétique y compris visuelle. « Courts Métrages » est effectivement très cinématographique et on n’a pas de mal à mettre des images dessus. Il faut souligner le talent de l’artiste (1er EP quand même !) et le travail de production et de mix de Jeremy Dune à la fois sobre, élégant et approprié, sans faute de goût.
Renarde – Une fin au silence
Nouvel extrait : « Une fin au silence » toujours rythmé par les cordes et les guitares, toujours sous influences orientales. Bassiste autodidacte à la base, Bruno Dibra a aussi fait beaucoup de guitares et batterie sur l’album.
Beaucoup d’assurance donc chez cet artiste nourri de musique traditionnelle albanaise (pas évident à l’écoute) et de variété pop-rock française des années 60-70 (là ça s’entend beaucoup plus). Un nouveau clip sortira en avril sur le titre « À L’ Envers ».
Louise Attaque en pause, Gaëtan Roussel poursuit son exploration solo avec un quatrième album. Plus intimiste et acoustique, « Est-ce que tu sais » explore le monde intérieur. Plus que jamais il révèle le talent d’un artiste aux gimmicks implacables avec une production raffinée. Côté textes, ses mots ont toujours une forte résonnance avec le vécu quotidien.
Photo : site Facebook Gaëtan Roussel
Voilà plus d’un an que Gaëtan Roussel travaille sur cet album. Un an, début du confinement, propice à l’introspection, retour à soi, aux choses simples. Pourquoi pas sa vieille complice : la guitare acoustique. Des musiciens à la pointe, un orfèvre pour la production son et les mots de Gaëtan Roussel pour un disque qui fait du bien.
L’efficacité des mélodies
A la fin de la première écoute, les mélodies sont déjà en tête. Gaëtan Roussel n’a pas son pareil pour marteler des phrases -musicales ou pas- qui vous resteront en tête. Dans les rythmiques comme dans les ballades, dans les choses tristes comme dans celles porteuses d’espoir, l’artiste touche. Petit bijou de son dernier album : Les matins difficiles.
Gaëtan Roussel – Les matins difficiles
Simples, efficaces, parfois un peu sophistiqués, les mélodies de l’artiste sont surtout touchantes et obsédantes. Le son est peaufiné par l’orfèvre Maxime Le Guil qui a travaillé pour Hans Zimmer, Morrissey, Melody Gardot, Justice… Du côté des musiciens, on retrouve l’excellent bassiste Laurent Vernerey, Reyn aux claviers, complété par les touches du complice de Cali : Augustin Charnet. On reconnaît bien la patte de l’artiste toulousain qui participe à plusieurs morceaux, ravi de l’expérience. « Je suis tellement content d’y avoir participé. J’avais carte blanche! J’ai enregistré des parties additionnelles qui ont été réalisés et mixées par Maxime Le Guil. C’était essentiellement des synthés, claviers, percussions. C’est un très bel album. Il y a une très belle variété des sources qui donne un côté très organique. Gaëtan Roussel est vraiment à part dans sa manière de travailler les thèmes, les gimmick qui reviennent et qui restent. Ca rend les morceaux immédiatement très populaires. »
Il participe au titre « Je me jette à ton cou », où l’on retrouve Daniel Auteuil pour le clip.
Les sons de l’album sont magnifiques. Les claviers notamment très « orgue de cathédrale », les cordes de Clément Libes qui portent à l’élévation, les rythmiques discrètes.
La justesse des mots
Si les mélodies restent, les mots s’entêtent. Rattachés à des thèmes de société, Gaëtan Roussel a l’art d’écrire avec beaucoup de résonnance. Des mots justes, qui parlent à beaucoup de gens, pétris d’humanité, tantôt empreints de mélancolies comme « La colère »
Chaque jour il faut s’y faire Elle revient toujours la colère Chaque jour elle nous effleure Je crois qu’elle vient de l’intérieur
tantôt légers comme le bonheur dans Est-ce que tu sais
Est-ce que tu sais Que quand les fleurs se fanent Elles nous laissent leur odeur, leur amour Là, ici et tout autour ?
Des moments contrastés, parfois au sein de la même chanson. Une sorte de mélancolie lumineuse. Mention spéciale pour le très beau « Tu ne savais pas ».
Gaëtan Roussel – Tu ne savais pas (version acoustique)
Rarement un artiste dégage autant de puissance et de fragilité. Des textes introspectifs d’une grande intensité auxquels on s’identifie. Ce quatrième album solo est un petit bijou musical et un joyau d’humanité.
Reportage France 2 : A. Le Quéré, J-P. Magnaudet, M. Petitjean, F. Cardoen
« Agapimú » est un tube des années 70 en Espagne qui est devenu l’un des hymnes version 2020 de l’Espagne confinée. A l’instar de « Resistire » du célèbre Duo Dinamico, l’immense succès d’Ana Belén a vécu une seconde jeunesse. Un pur miracle du confinement.
Ojete Calor, les auteurs de la reprise Agapimú Photo : Site Ojete Calor
Mars 2020, l’Europe se retrouve confinée, pays après pays. Les artistes cherchent un moyen d’exister et de divertir un public lointain. Début avril, l’Espagne se distingue par 2 vidéos miracles qui resuscitent des tubes de variétés presque oubliés.
Une semaine plus tard, un autre duo bien barré et loufoque va lui aussi secouer la péninsule ibérique. Son nom : Ojete Calor. Aníbal Gómez et Carlos Areces décident de reprendre une chanson d’une icone de la chanson espagnole des années 70 : Ana Belén. En mode confinement et écran partagé, le duo apparaît à l’image avec … une chaussette et la vraie Ana Belén. Un événement en Espagne.
Ojete Calor feat Ana Belén – Agapimú (2020)
« Agapimú » ce n’est pas de l’espagnol mais du grec qui signifie « mon amour ». Des paroles un peu chaudes, pas vraiment confinées. Evidemment, passée par les fourches caudines du duo, il ne reste plus grand chose de l’amour initial. Les 2 zozos emplumés feront tout de même danser l’Espagne.
Ana Belén – Agapimú (1979)
D’autres le feront depuis les balcons comme Alberto Gestoso et Alexander Lebron Torrent du côté de Barcelone. Avec du Yann Tiersen et Céline Dion.
Sur ces mêmes balcons, au début du confinement, en Espagne comme dans d’autres pays européens, on applaudissait le soir le personnel soignant. Un an plus tard, ces marqueurs ont disparu. Tout semble rentré dans l’ordre.
En fin d’année 2021 Eric Fraj va sortir un double CD intitulé « La Vida ». 50 ans d’une vie faite de chansons, de découvertes, d’échanges. Le chanteur occitan (mais pas que) a commencé très jeune. Un demi-siècle plus tard, ses mots et ceux des poètes qu’il interprète ont toujours du souffle et de la force.
Pochette de l’album à paraître Graphisme : Didier Mir
Eric Fraj n’avait pas 15 ans lorsqu’il s’est retrouvé sur scène pour chanter en public. Quelques temps plus tard, c’est le Grand Théâtre de Bordeaux rempli comme un œuf qui l’attend, en première partie de Claude Marti. L’artiste a pris la vie à pleines dents, entre chansons, échanges et rencontres. Son double CD « La Vida » qui sortira en fin d’année n’est pas une anthologie ou un best off comme en voit beaucoup mais 32 chansons issues de spectacles ou inédites. « La vida, chaque chanson est une facette, une ramification de la vie, de la mienne mais pas seulement. Je n’avais jamais enregistré ces chansons. J’avais envie de le faire car elles ont bien supporté le poids du temps ». Eric Fraj lui aussi a bien traversé le temps.
Les années 70, un vent de liberté fait suite à mai 68. Il porte sur le devant de la scène la chanson occitane. Sur son premier 45 T vinyle, 3 chansons. 2 dont il a signé paroles et musique et l’autre qui fait écho au « Blowing in the wind » de Dylan signée par Jean Rigouste, poète et écrivain occitan. Agrégé de philo, locuteur des langues occitane, catalane, espagnole et française, Eric Fraj est un amoureux des mots, qu’il sait servir et faire sonner de sa voix grave et parfaitement timbrée. Découvreur des lettres, il rencontre un jeune auteur occitan qui aura les honneurs de l’émission « Apostrophes » : Robert Marti. « Mes musiques collent bien à ses paroles. Il faut travailler pour avoir l’impression que musique et paroles ne font qu’un. Il y a la musicalité du poète. Il y a quelqu’un qui me parle et qui me touche. »
Marti/Fraj, l’alliance de la poésie exigeante va donner quelques chef d’œuvres comme « Venècia » (Venise) ou encore « Las agassas an begut le solelh » (Les pies ont bu le soleil). Des mots forts, expressifs, poétiques, servis par une musique riche, la voix souple et chaude du chanteur.
Guillaume Lopez qui est devenu son alter ego musical voit en lui un passeur de mots : « Il m’a amené une ouverture d’esprit. C’est un peu mon maître à penser, quelqu’un de singulier, sincère, un poète magnifique. Il sait mettre les mots ensemble pour qu’ils aient du sens. »
Eric Fraj – Marinièr avec Guillaume Lopez et Thierry Roques réalisation Amic Bedel
Dans le double CD à paraître, on retrouvera d’autres auteurs. Le grand écrivain occitan Jean Boudou évidemment, Eric Fraj lui-même mais aussi des troubadours (Rambaut de Vaqueiras), des auteurs français comme François Villon, chanté par Ferré. Eric Fraj a traduit en occitan « Ballade des menus propos » qui traduit en occitan devient : « Balada dels dires menuts ».
On y retrouvera aussi évidemment la langue catalane dont il est locuteur, avec 2 textes de Pere Figueres qu’il a mis en musique. Ces 2 chansons ont été interprétées lors d’un concert commun au Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles de Toulouse en octobre dernier.
Une vie de rencontres
Eric Fraj a multiplié les expériences et les rencontres. Il a ainsi partagé la scène avec des grands artistes qui sont comme des frères et sœurs en humanité : Vicente Pradal, Lluis Llach, Colette Magny, Claude Marti, Guillaume Lopez, Paco Ibanez, Angel Parra, Rosina de Pèira ou Claude Sicre pour ne citer qu’eux.
Pour ce double disque, il a réuni plusieurs musiciens complices qui baignent dans des influences musicales qui sont les siennes : la chanson traditionnelle, la variété, le flamenco, la musique latino-américaine. C’est Morgan Astruc (arrangements, guitare et palmas) qui va faire le lien entre les 2 formations qui vont jouer sur le disque. Côté batterie, Simon Portefaix ou le percussionniste Hervé Chiquet. Evidemment, on retrouvera Guillaume Lopez, le complice de toujours qui signera des arrangements ainsi que flute, cornemuse et voix. « Guillaume a composé quelques chansons. Il a pris la tête d’une équipe. J’aime bien son « duende », son feeling. Il a de la sensibilité et une imagination folle. Il fait des impros extras. C’est un grand technicien, un grand pro dans la composition et les arrangements. J’aime son éclectisme qui correspond au mien. »
A l’accordéon, Thierry Roques, musicien indispensable et véritable caméléon qui se glisse dans tous le styles, Clairveau Ramsamy à la contrebasse, le tout sous la houlette de Mingo Josserand qui signe la prise de son, les arrangements, piano Fender et claviers.
Toute la richesse musicale d’Eric Fraj est là. « La vida » avait donné lieu à un spectacle en octobre 2018. Le disque sera différent avec des inédits, des nouveaux arrangements.
A l’image de la pochette, l’arbre est toujours vert, quillé, planté. Les ramifications sont nombreuses et la vitalité musicale d’Eric Fraj intacte.