06 Juin

Marseille : Gari Grèu, « Massilia c’est au delà de la musique »

Gari Grèu est le dernier des Maîtres de Cérémonie à avoir rejoint le groupe Massilia. Pour son plus grand bonheur. Sa vie a trouvé un sens et son engagement un écho profond et durable. A l’occasion du tout nouvel album, il nous parle de l’importance de Massilia.

Gari Grèu (à gauche) avec Papet J et Tatou Photo : Manivette records

Gari, c’est le minot du groupe. Avant d’y rentrer, son rappeur préféré c’était Papet J, son groupe, Massilia. En 1992, il réalise un rêve : partager le micro et ses idées avec le groupe.

« Massilia m’a sauvé la vie »

Chaque MC ayant ses projets solos, un disque de Massilia ne va pas de soi. Gari venait justement de sortir un album juste avant le confinement… « Ca nous a fait un bien fou psychologiquement de nous retrouver. On avait essayé de le faire il y a 2 ans mais finalement, là c’était la bonne occasion. A l’automne dernier Papet J avait un gros soucis personnel. Tout le monde a fait corps autour de lui pour le soutenir. Massilia c’est au-delà de la musique.

Papet J justement est arrivé avec le refrain de « Sale Caractère », premier single et titre de l’album. Moussu T valide et tout le monde se met au travail. Le disque prend forme très rapidement entre septembre et décembre 2020, des solos, des duos, des trios entre les MC. « On a posé des voix sur les rythmiques de KayaliK, en revenant au rub-a-dub primal. On écrit sur des instrumentaux comme les rappeurs. »

Avec Massilia, Gari a trouvé une raison d’être, l’envie toujours présente de prendre le micro avec un plaisir immense. « Massilia m’a sauvé la vie en lui donnant un sens culturel, intellectuel. Sans tout ça, je pense que j’aurais fait des conneries ».

Massilia au combat, l’aïoli en point d’équilibre

Depuis plus de 30 ans, Massilia ce n’est pas simplement des chansons mais un engagement permanent, des artistes acteurs du lieu où ils vivent. Le racisme, le capitalisme, la corruption, les conos, rien n’échappe à leur verve épique et leur verbe qui pique. Un combat et des idées qui ont parfois du mal à triompher.

« Ma ville tremble m’a ville est malade » chantait le Papet en 86. En 2021, Marseille est « A la rue » comme le décrit une chanson du dernier album très virulente. « Il pourrait y avoir un relent de fatalisme, mais on est des Maîtres de Cérémonie. On ne veut pas se forger une image, faire carrière. Nous sommes là pour apaiser la société. Tu vas chez Massilia pour regard aiguisé. Il n’y a rien de plus beau que de faire danser des gens différents, de faire monter l’aïoli pour qu’il y ait de l’osmose entre les personnes. On aurait plein de raisons de baisser les bras mais on ne le veut pas. « 

La mouche ne rate pas le coche

Le nouvel album « Sale caractère » est sorti le vendredi 4 juin 2021 et Massilia s’impatiente de retrouver la scène. « On va faire des micro-événements pour en parler, prendre du plaisir. Peut-être une déambulation dans Marseille avec un camion et une sono. Nous avions une vingtaine de festivals cet été; il n’en reste que 7. Je pense aussi à nos collègues DJ des discothèques qui sont au plus mal. Ca ne repart pas du tout. On sera là, va falloir reconstruire et comme d’habitude, le monde associatif sera en première ligne. » 

Dans cet album, Gari, interprète en solo « La mouche ». Un insecte qui met le oai,  « emmerde les milliardaires, qui fait la misère aux puissants« . Une métaphore de Massilia : « nous sommes là, face au capitalisme occidental. Il n’y a que la mouche qui puise nous sauver. »

La mouche Massilia pique régulièrement et rate rarement le coche. 

Massilia à part entière

Les exemples de groupes comme Massilia ne sont pas légion. « On n’est pas là pour se la raconter, pour subir le métier, faire carrière ou obtenir une Victoire de la Musique. Nous sommes conscients de la fonction que nous avons. On n’est pas là par piston mais par passion.  »

Tous les membres ont choisi d’adhérer, il y a eu ni casting ni calcul. Pas sûr que cette aventure artistique, humaine, sociale et politique soit possible maintenant. « J’espère que Massilia va durer longtemps. Au concert, toutes les générations se brassent. J’aurais rêvé d’aller à un concert comme ça avec mon père. »

Marseille traverse le temps et les épreuves. « Rien ne s’altère, nos valeurs restent les mêmes. Notre plus grande victoire est là. Les galères ont provoqué ça ». 

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