Combien le Tour de France nous coûte-t-il vraiment ?
Tiens, juste pour comme ça… (Le côté journaliste du gars sûrement !) Je me suis renseigné auprès des responsables de l’arrivée du Tour à Porrentruy pour savoir, ce qu’il pouvait en être réellement du coût d’un passage du Tour de France pour le contribuable suisse. Un peu plus de 900 000 FCH soit environ « 700 000 euros » dépensés pour accueillir l’étape du 8 juillet. Un chiffre disponible dans le canton du Jura depuis plusieurs semaines. Une transparence à toute épreuve. Je vous dis ça, car du côté français, il ne m’a été si facile de glaner l’ensemble des infos précises et définitives pour répondre à la question du coût total dépensé en Franche-Comté pour accueillir la grande boucle cette année 2012. Une somme à la louche donc… qui dépasse très largement le million d’euros si l’on considère l’ensemble des dépenses engagées.
PHOTO © JL Gantner
Interviewé sur le sujet, Denis Vuillermoz (vice président du conseil régional, l’élu jurassien chargé des sports et du tourisme) explique qu’il ne connaît pas lui-même le nombre de dépenses qu’il faut réellement prendre en compte pour dégager l’idée d’une ardoise globale. (Outre l’addition réclamée par ASO, Amaury Sport Organisation : 90 000 € HT pour une ville-Arrivée et 50 000 € HT pour une ville-Départ… Il faut évidemment rajouter un coût technique pour les collectivités concernées comme les travaux de voirie, quelques aménagements de chaussées ou la mobilisation de personnel dédié tout ou partie au passage du Tour pendant de longs mois qui précèdent l’organisation proprement dite de la manifestation. « 350 agents mobilisés pour la seule étape d’Arc & Senans-Besançon et 400 le jour même »). Un bon million et demi au minimum… en réalité, assez flou sur le plan comptable car en vérité, certains de ces travaux correspondent à des besoins bien réels sur le terrain, comme la pose d’un enrobé tout neuf « qui aurait de toute façon fait l’objet, tôt ou tard, d’un financement par le contribuable » nous assure le Conseil général de Haute-Saône. Le département de Franche-Comté qui aura le plus investi dans l’événement avec cet aménagement du sommet de la Planche-des-Belles-Filles. 500 000 € déboursé pour réaliser la partie spécifique d’une zone d’arrivée dans la station, auxquels se sont rajoutés 70 000 € pour la RD 16E (La réfection générale de la chaussée, celle des bas-côtés des 6KM d’ascension, et puis le goudronnage d’une piste verte sur une distance de 400M. Cette pente raide qui offrira le spectacle d’une fin d’étape entre Tomblaine et la Haute-Saône dont « tout le monde » parle depuis la découverte officielle du tracé 2012 dévoilé à Paris l’automne dernier). Au total le département aura tout de même dû casser sa tirelire à hauteur d’au moins 827 000 € pour se payer la pub d’un Tour de France retransmis selon les estimations d’audience habituelles à environ 1 milliard de téléspectateurs à travers le monde (570 000 € de travaux, 107 000 € TVA comprise pour la société du Tour, et encore 150 000 € pour les frais d’accueil du public et de la presse internationale).
Pendant les travaux à Lombard, sur la RD17 entre Arc & Senans-Besançon/ PHOTO © JL Gantner
Dans le département du Doubs, beaucoup de travaux ont dû être réalisés sur l’itinéraire tracé depuis la Saline d’Arc & Senans. En 2004, Besançon avançait le chiffre de 400 000 euros déboursés pour l’organisation du Contre-La-Montre comptant pour la 19e étape de la 91e édition du Tour. 55KM qui pour la petite histoire avait été couvert en 1H et 6 minutes par l’américain Lance Amstrong à plus d’une minute de son principal concurrent Jan Ullrich. Cette année 2012, pour l’étape du CLM entre Arc & Senans et Besançon, le Conseil général du Doubs à communiqué sur un chiffre de 250 000 € concernant des travaux à effectuer sur une section de la RD17 entre Lombard et Quingey, ainsi que sur la RD 107 à Abbans-Dessus. « 4KM en tout. Des travaux assez limités » annonçait-on au département dans le courant de l’hiver dernier. En réalité, nombreux sont ceux qui ont pu compter quelques kilomètres supplémentaires, à Champagne s/ Loue par exemple, où toute la voirie du village a été entièrement refaite (Bon, des habitants heureux d’avoir enfin une belle route toute neuve !) Mais aussi sur la route de Boussières pour rejoindre Thoraise, et encore ces gravillons à l’entrée de Roncenay sur la route de Montferrand ou un morceau de bande de roulement de quelques centaines de mètres déjà « défoncée » sur le Chemin d’Avanne à la hauteur de la station d’épuration de Besançon… Un cout à la charge du département ou des communautés e communes, c’est selon ! Difficile d’établir une liste exhaustive…
Plus d’un million et demi donc… et certainement beaucoup plus, si on fait les comptes jusqu’au bout. Une addition qu’il convient de répartir dans les 3 départements concernés (La Haute-Saône, le Territoire de Belfort et le Doubs) pour lesquels la Région dit s’être fendue d’un « barème » de subventions basé sur le type d’étape (100 000 € pour une ville-arrivée, 25 000€ pour un départ. Soit 100 000 € pour la haute-Saône, 125 000 pour le Doubs et 25 000 pour le Territoire de Belfort). Une aide totale de 250 000 € dont j’avoue avoir eu bien du mal à savoir quand « la subvention » aurait effectivement été « négociée », et si la décision d’un soutien régional avait été prise avec chaque collectivité concernée en amont de leurs candidatures ? « Oui, bien sûr ! La région a négocié » m’a répondu Denis Vuillermoz, face caméra, le 22 juin dernier. Où il faut alors comprendre qu’on a discuté ferme autour d’une table entre la présidente Marie Guite Dufay et les élus amateurs de réjouissances cyclistes du mois de juillet, pour savoir qui aurait quoi et sur quelle base exactement ?!…. Difficile à s’imaginer cette sorte de cuisine tardive Square Castan, alors que tout le monde est bien conscient d’une obligation des collectivités à fournir un prévisionnel en bonne et due forme avant de se lancer dans des projets d’investissements majeurs avec de l’argent public. Mais bon !… Pour finir et quelles que soient les discussions de trésoriers qui ont cours sur le zinc, la Franche-Comté aura son Tour, le 99e de son histoire, qualifié « d’historique » cette année 2012 avec 3 jours de spectacle sportif du plus haut niveau sur les routes de la région entre le massif vosgien et celui du Jura. Quelques 160 KM de course en Franche-Comté, soit pour reprendre la conversation de bistrot de tout à l’heure : Une dépense d’environ 10 000 € du Kilomètre parcouru. À ce prix là, les deux régionaux de l’étape, Thibault Pinot et Arthur Vichot ont intérêt de profiter de l’investissement pour faire honneur à notre porte monnaie. JLG