11 Mai

LA ROUTE/ des premiers plateaux du Doubs

Le principe d’une rubrique photographique pour partager nos carnets de route. Un livre de bord photographique pour partager nos plus beaux voyages sur l’asphalte.

La route… celle « des premiers plateaux et de l’ensemble Loue-Lison ». Voilà pour le côté topographique général de la ballade. Pour être précis : « Une des routes » parmi une quantité d’itinéraires et de variantes possibles au sud de Besançon. 120KM pour cette fois. Pour un dénivelé total d’un peu plus de 1700m. Autant dire un parcours de montagne. Une succession de bosses plus ou moins longues et difficiles à franchir qui font la réputation de ce secteur géographique, un des plus intéressants du département du Doubs pour la pratique de la bicyclette.

C’est-à-dire que par un temps aussi beau, aujourd’hui. La première sensation de chaleur un peu forte sur l’asphalte après toute cette pluie… Aucun chasseur de macadam n’aurait voulu rater ça ! Cette idée : qu’une journée pareille sans pouvoir avaler quelques kilomètres sur sa bécane ne serait envisageable qu’au prix d’un terrible supplice à endurer ; la pire des tortures. 30° au compteur ce 11 mai. Et quelques heures de libre avant de rejoindre le départ du Tour du Jura, l’événement cycliste du week-end dans la région de Franche-Comté.. À peine 5 K pour quitter définitivement le Centre-ville de la capitale comtoise, et ma monture file maintenant en pleine nature. Un ciel bleu d’aquarium et mes deux roues bien dans l’axe d’un voyage dans les gammes de verts tendres et les tableaux de floraisons printanières. Ça sent bon le bitume et tout un bouquet de fleurs de champs. Un tracé logique écarté des flux principaux de bagnoles. Cette sensation indescriptible d’avoir cette route pour soi. La comté comme je l’aime bien à cette époque de l’année. Rien de droit pour circonscrire l’horizon. Un paysage noué, plissé, torsadé autour de dépressions souterraines invisibles. Un grand écran naturel tordu de partout et une route, franche, rigoureuse qui fend le spectacle en deux. Une impression de liberté unique. Celle de l’attitude du coureur cycliste bien posé sur sa machine pour fendre l’air et ses fragrances sans laisser de traces derrière lui. Un sillage tout ce qu’il y a de plus respectueux du décor et de l’environnement. Fontain, Merrey-le-Château, Montrond… Kilomètre 23. La route se rétracte pour percer la forêt et franchir les Monts de Chaux en direction de Malbrans. Clérons au Kilomètre 30. Son château sur la Loue, et cette pente qui se redresse. Une des plus belles varappes du parcours. 4KM environ entre 6 et 8% pour rejoindre Amondans. (un point d’eau à la sortie du village).

kilomètre 22 / À la sortie de Montrond-le-Château

kilomètre 23 / Avant Malbrans, les Monts de Chaux

kilomètre 25 / Sur la route de Cléron

kilomètre 30 / En quittant Cléron

kilomètre 30 / En quittant Cléron

kilomètre 65 / Entre Vuillafans et Échevannes

Une petite descente pour se refaire la cerise avant l’épreuve la plus difficile. Une rampe d’envergure au quarantième kilomètre. Le « calvaire » de la montée vers le plateau d’Amancey… Bolandoz, Reugney, Amathay-Vésigneux… La route traverse le plateau vers l’Est puis plonge au fond d’un escarpement calcaire jusqu’à Vuillafans « Un des plus beaux villages de France » dans la vallée de la loue. Le clou de la ballade est droit devant. Entre Ornans, la ville natale du peintre Gustave Courbet et les falaises de Mouthier-Haute-Pierre. Un enrobé impeccable sur près de 5 KM. La plus grande ascension de l’étape. Presque un col alpin… En tout cas, cette sorte d’illusion «d’y être !»

kilomètre 67 / La montée de Vuillafans

Le village de Vuillafans

kilomètre 68 / La dernière épingle avant Échevannes

Une remontée, suspendue à ses tumultes intérieurs. Cette température excessive qui vous brise les jambes. Le décor lancinant de chaque côté de la selle. Je crois que j’écoutais un morceau de Sigur Rós à ce moment-là « Suð Í Eyrum » C’est le nom de l’enregistrement en question. Bon oui : Peut-être un peu dur à prononcer, mais si… irréel ! Un assemblage assez strict de percussions vertigineuses sur une envoutante ligne de piano. Un morceau de rock progressif islandais sur une playlist étudiée tout exprès pour accompagner mon périple, et cette couleur brûlante qui déchire le ciel sous les relances. L’effort est redoutable dans les fréquences cardiaques les plus sensibles à la douleur. Ce plaisir, atmosphérique, du temps qui passe cramponné aux abimes. Échevannes Kilomètre 100.

kilomètre 90 / La Brême, en quittant Ornans

Durnes, Saules et la grande descente sur Ornans avant de récupérer un morceau de vélo-route dans la vallée de la Brême. Une dernière escalade exigeante à ce stade de la virée pour retrouver un point d’appui solide sur les hauteurs proches de Besançon. Le choix (il en est d’autres plus commodes, mais bien moins sympathiques…) d’emprunter cette forêt de bois vieille et de la Grand-Combe par le sinueux chemin qui mène à la Vèze sous les futaies. La fin du parcours peut s’effectuer en rejoignant les premiers escarpement du départ entre Fontain et Argel. JLG

Sur la route des premiers plateaux du Doubs/ PHOTOS & GRAPH © Jean-Luc Gantner