10 Avr

RÉCIT/ À Valentin « Le Blog du Cyclisme en Franche-Comté » était dans la course

400 coureurs sur une ligne de départ. Je ne sais pas si vous voyez un peu le tableau ?!… Cette sorte de train en marche saturé de couleurs plus rapides les unes que les autres. Toute une palette qui s’élance dans la campagne… 400 histoires à exposer dans le même cadre d’une Comté idéale pour signer ce we de Pâques sportif d’une belle signature comme il faut. Bruegel l’ancien aurait adoré ! (J’hésite encore entre cette « procession au calvaire » ou ce « massacre des innocents »…)

Le départ du peloton/ PHOTO © Thérèse Roy-Lamboley

400 récits « homériques » possibles à raconter. 400 « courageux, le dossard accroché au maillot. Des anonymes le plus souvent… pour qui n’est pas de la petite famille assidue des coureurs cyclistes. Un paquet de gars affutés, confondus à l’intérieur d’un peloton « spectaculaire pour l’endroit » (loin de Roubaix, pas plus près des Flandres et carrément hors de portée de San Remo… vous pouvez vérifier par vous-même !) « Valentin » (un paquet de cœurs tout rouges un peu kitsch au bout d’une requête sur Internet pour essayer de comprendre de quoi il s’agit !) Le prix de Valentin. Un monument des amoureux du cyclisme sur route dans la région de Franche-Comté. Un blockbuster sur le calendrier régional des courses en ligne. Alors « le Blog du Cyclisme en Franche-Comté » a voulu se mêler à l’affaire, un beau numéro sur le dos pour vivre l’événement comme tout le monde. Un « numéro 1 » pas peu fier de sa place dans la hiérarchie posée dés le départ… mais sans trop vouloir la ramener non plus au milieu des tonnes de biscoteaux réchauffés sous les cuissards ennemis.
« Le blog du Cyclisme en Franche-Comté » dans la course
(Des regards en coin sur le matériel dernier cri du gars juste à ma droite avant le coup de pétard officiel. Du beau matos un peu partout dans les rangs. Des paires de roues montées sur des machines profilées, comme autant de couronnes enfilées sur quelques centaines de p’tits rois du jour…) Mon vélociste de la rue de Dole aurait adoré aussi… « Que du lourd ! » comme on dit. Même si l’expression s’applique en la circonstance à la pièce la plus légère que l’on souhaitât visser à son équipement préféré. Bon. Des roues… D’accord ! Des roues bien rondes et qui tournent ensemble dans le bon sens pour ne pas rester planté comme un con au milieu…

En course sous les couleurs de l’AMCB avec le dossard n°1

Des roues « qui vont bien », mais sans oublier le bonhomme, « le costaud ». Le gars « qui ne couine pas » à l’entrée de chaque bosse prévue au programme. Celle de « Valentin » justement ! Le clou du film du Monsieur Bruegel de tout à l’heure. Un genre de Bruegel… élevé à l’école des films à suspens du grand maitre de la discipline. C’est ça. Un artiste dans l’idée d’un Monsieur Hitchcock qui tiendrait la main du gars qui trace le dessin du parcours. Des petites bosses pour faire monter la tension dans le public, et une grande à la fin pour faire hurler les spectateurs dans la salle. Oui, un sacré tableau ! Une de ces toiles magnifiques, mais qui aurait tout de même pu être peinte à l’endroit au lieu de cette bise dessinée en pleine face du peloton ; cette sorte de soufflerie dantesque d’un bout à l’autre de la visite et qui finit par ne plus amuser personne dans les rangs bien alignés pour ne pas trop prendre la galère en pleine poire. « Un putain de vent de face » (pardonnez l’expression…), mais je vous le dis comme le l’ai ressenti à ce moment-là la langue sortie, ma machine parfaitement verrouillée « dans la roue » d’un coéquipier assez large d’épaules, à qui j’aurais bien promis mon « énorme » salaire du mois afin qu’il continue son métier jusqu’au bout sans rechigner.
Du vent… et des bosses.
Du vent… et des bosses. (Et on se demande bien ce qu’autant de gens peuvent venir chercher un beau samedi comme ça dans une profession si fastidieuse et qui en plus ne rapporte rien !) Que je vous dise aussi, qu’il m’est alors venue cette idée de convoquer sur le champ cette sorte d’association de défense des droits de l’homme, pour me plaindre officiellement d’un ensemble de sévices que certains organisateurs semblaient prendre plaisir à faire subir à un nombre si important de bonnes gens chaque dimanche de la saison. Non mais y’a quand même des lois qu’il faudrait encore veiller à respecter dans ce pays !…
Du vent, des bosses, et quelques alpinistes pour apprécier l’exercice à sa juste valeur. Enfin des alpinistes du côté des rochers de Fontainebleau pour être précis. Parce qu’il faut reconnaître que ce « Valentin » dont je vous cause n’a pas tout à fait l’altitude requise pour figurer sur la plaquette publicitaire des grands cols de légende… (Quoique qu’il faudrait aussi convenir que la taille ne fait pas toujours la qualité de l’objet… Tout le monde sait ça !) Une belle bosse d’à peine quelques hectomètres, mais qu’il faut consentir à gravir la bouche ouverte, même si c’est assez moche sur la photo. Une de ces catégories de réjouissances où il n’y a plus aucun ami qui compte… Une de ces douceurs à déguster tout seul, parfaitement concentré sur le sujet de sa douleur heureusement passagère. Un de ces plaisirs solitaires dont on pourrait allégrement se passer un grand jour pareil de solennité ; ses dernières forces abandonnées à la foule arc-boutée sur les bords de l’image tremblante du décor.
« L’école des Flandres »
Un tour pour voir, un deuxième pour se rendre compte vraiment… Et tout à remettre sur le métier une nouvelle fois au cas où personne n’aurait encore compris. Des dizaines de kilomètres à parcourir dans la géométrie d’une boucle. Le tout pour revenir plus facilement au point exact d’où l’on était parti deux heures plus tôt. L’attraction dominicale pourrait en faire sourire beaucoup, qui préfèrent généralement les promenades au musée où les séances de dilettantes aux terrasses des cafés. Ce beau tableau sur le ton flamand ou d’une rigoureuse école des Flandres, peint la veille d’un jour historique sur Paris-Roubaix. Le tableau d’un bon « Prix » pour parler d’un sport qu’on aime jusqu’à s’en barbouiller de couleurs les yeux et ses plus beaux souvenirs de l’année.
JLG