Cohue des grands jours ce matin au conseil départemental du Doubs : c’est l’élection du président. On sait que ce sera une présidente, Christine Bouquin… Pas de suspens mais tellement de choses à remarquer, noter et vous raconter… Et c’est la première femme à être élue présidente dans le Doubs et même en Franche-Comté !
Bien avant l’ouverture prévue de la séance à 9 heures, c’est la foule des grands jours dans le hall devant la salle Joubert (président de 1964 à 1982). Les hôtesses du Département proposent au bar café, thé et viennoiseries, une tradition avant chaque séance.
On s’embrasse beaucoup. Beaucoup plus que d’habitude. La présence accrue des femmes peut-être ? Christine Bouquin, robe noire et blanche, veste noire, fait la bise tout le monde, à droite, à gauche et aux journalistes… Elle rayonne, même si elle avoue qu’elle n’a pas dormi cette nuit…
On s’embrasse pour se congratuler, se féliciter encore. La droite n’y croyait qu’à moitié à cette victoire. Certains sont tellement contents d’être là. Un peu ébahis…
Parmi les élus, beaucoup de têtes nouvelles, quelques visages connus seulement. Je connais surtout les Bisontins : Philippe Gonon, Michel Vienet, Françoise Branget, Odile Faivre-Petitjean et Marie-Laure Dalphin font leur entrée au Département. Réélue, Annick Jacquemet aussi est là… dans un joli ensemble noir avec veste blanche.
Annie Genevard, maire de Morteau et députée UMP du Doubs, a fait le déplacement, accompagnée de son prédécesseur, Jean-Marie Binétruy.
Les larmes de Danièle Nevers
On s’embrasse aussi pour se réconforter. Danièle Nevers pleure, un peu à l’écart. La conseillère départementale de Baume-les-Dames a été réélue in extremis dimanche mais le département a basculé : « C’est tellement injuste. » dit-elle. Les collaborateurs du cabinet sont tristes, eux aussi. Pour eux, c’est Pôle Emploi dès aujourd’hui. La fin de plusieurs années de travail, d’investissement en temps et en énergie… et le chômage au bout.
Certains conseillers départementaux de gauche, réélus dimanche, ne se réjouissent pas de leur victoire personnelle. Elle a un goût amer. Ces rescapés de la débâcle vont siéger dans l’opposition, après avoir exercé des responsabilités durant 11 années. L’un m’avoue : « J’aurais préféré perdre mon canton et que le Doubs reste à gauche… »
Le vote sans surprise
La séance va bientôt commencer. L’un de ses collaborateurs va chercher Claude Jeannerot qui était resté dans son bureau jusqu’à maintenant. Il est tendu, le visage grave. Le moment est douloureux pour lui.
Dans la tribune réservée au public et aux journalistes, plus de place. Je me fais refouler « Question de sécurité, il y a déjà trop de monde ». J’entre quand même (ben oui !) pour en ressortir aussitôt. Je m’installe dans le hall de la salle Joubert, pour suivre la séance avec les agents du Département qui regardent l’événement sur un poste télé. Les services retransmettent l’élection sur internet. Jérémy Chevreuil la commente, de France 3 Franche-Comté, en direct…
Le discours de l’ex-président, l’appel, oui tous les conseillers départementaux sont là, le vote présidé par le doyen d’âge, Claude Jeannerot et le benjamin comme secrétaire, Pierre Simon, le résultat sans suspens…
Martine Voidey, PS, maire de Voujeucourt et conseillère départementale de Valentigney recueille toutes les voix de gauche : 12.
Christine Bouquin, maire de Charquemont et conseillère départementale de Maîche, toutes celles de droite : 24.
Christine Bouquin devient donc la première femme à présider le Doubs et la première à ce poste pour l’ensemble des 4 départements de Franche-Comté.
Emotions
Quelques phrases à retenir, quelques moments d’émotion aussi…
Christine Bouquin a bien évidemment évoqué Claude Girard, président UMP du département de 1999 à 2004. Elle faisait partie de ses proches. Il est décédé la veille du second tour des élections cantonales de mars 2004, date de la bascule de droite à gauche. Elle rappelle que Claude Girard l’avait désignée pour prendre sa succession. Une espèce d’onction supplémentaire, en plus de celle des urnes, pour légitimer sa présence à cette place…
Elle regrette son fils, 28 ans, qui est à Paris pour son travail, ne soit pas présent. Il avait pu venir dimanche mais pas aujourd’hui… Sitôt élue, elle s’éclipse pour lui téléphoner.
Moment d’émotion quand elle embrasse le benjamin, Pierre Simon, 34 ans seulement. Le conseiller municipal de Pontarlier est aussi attaché du groupe UDI au Sénat. Elle rappelle qu’elle aussi a été benjamine de cette assemblée…Des larmes brillent dans leurs yeux.
Elle donne une accolade très affectueuse à l’ex-président Claude Jeannerot, lui glisse quelques mots à l’oreille… quelques mots que j’imagine de réconfort.
Un élu de gauche s’inquiète pour Danièle Nevers. Je vais parler à l’élue de Baume-les-Dames, lui rappeler un bon souvenir. Je l’ai déjà vue perdre des élections et en rire ! En 2008, elle venait de rater le Sénat à 9 voix, battue par Jean-François Humbert, alors UMP. Ce dimanche soir-là, elle descendait les marches, acclamée par les militants de gauche, elle était tout sourire malgré la défaite ! Le PS avait arraché deux des trois sièges de sénateurs, le troisième manqué de justesse. Et c’était la liesse ! A ce souvenir, elle rigole : « Oui, mais moi, je ne voulais surtout pas aller à Paris et laisser mon canton… » Bref, cette défaite sonnait comme une victoire alors que cette fois, elle a gagné mais elle se retrouve dans l’opposition.
Plusieurs fois, on entend ces petites phrases : « C’est la démocratie » ou « C’est l’alternance…«
« Eh oui, c’est la politique », comme on dirait « C’est la dure loi du rock and roll… »
Et désormais, c’est une femme qui mène la danse…
L’interview en longueur de la nouvelle présidente, Christine Bouquin :
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