Le dernier budget du quinquennat pour l’enseignement supérieur et la recherche, en hausse de 850 millions d’euros, a été voté lundi en première lecture à l’Assemblée nationale, malgré l’opposition de la droite pour qui les problèmes structurels ne sont pas résolus. Chargé des questions scolaires au sein de Les Républicains, la député du Doubs Annie Genevard a estimé que « les annonces budgétaires en faveur de la recherche et du supérieur n’effacent pas toutefois une réalité structurellement difficile à laquelle cette augmentation ponctuelle ne saurait répondre ».
Le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Thierry Mandon, qui a rappelé dans l’hémicycle qu’il s’agissait du troisième budget de l’Etat, s’est réjoui de la « forte hausse des crédits » pour 2017.
« 850 millions d’euros, c’est, d’après les études que nous avons faites, la plus forte hausse budgétaire sur le périmètre (…) depuis 2000 », en mettant de côté « l’année particulière de passage à l’autonomie des universités », a-t-il dit, rappelant que quelque 380 millions supplémentaires reviendront ainsi aux universités, 280 millions pour la recherche et 85 millions pour la vie étudiante.
5000 créations de postes depuis 2012
Ces moyens supplémentaires permettront notamment de financer toutes les mesures décidées par le gouvernement au titre de la masse salariale dont le dégel du point d’indice des fonctionnaires voulu par le Premier ministre, ainsi que la création de mille emplois, portant à 5.000 la création d’emplois dans l’enseignement supérieur depuis 2012.
En plus de ces financements, 100 millions d’euros sont destinés à faire face à l’augmentation du nombre d’étudiants (+30.000 à la rentrée), alors que la France compte environ 2,59 millions d’étudiants, à la fac, en classe prépa, dans les BTS et IUT ou les écoles.
Côté recherche, outre les mesures salariales, le projet de budget permettra notamment de financer la création de 400 postes de chercheurs, a souligné Thierry Mandon.
La droite et le centre ont voté contre, Annie Genevard estimant notamment au nom de LR que « les annonces budgétaires en faveur de la recherche et du supérieur n’effacent pas toutefois une réalité structurellement difficile à laquelle cette augmentation ponctuelle ne saurait répondre ».
Un « choc démographique »
Organisations étudiantes et présidents d’université dénoncent régulièrement le sous-investissement dont souffre la fac française, coincée entre des frais d’inscription peu élevés (184 euros pour les licences) et l’insuffisance, à leurs yeux, de l’engagement
de l’Etat.
« Nous aurons une rallonge significative sur le budget 2017, mais cela vient après quatre années de stagnation des moyens. Le gouvernement a pris acte du choc démographique, mais avec un peu de retard », estimait en septembre le président de la Conférence
des présidents d’université (CPU) Jean-Loup Salzmann.
Objectif 3% du PIB
Par ailleurs, à moins de sept mois de la présidentielle, François Hollande a appelé jeudi à porter de 2,25% à 3% en dix ans la part du produit intérieur brut consacrée à la recherche et au développement.
« Cette augmentation est possible, réaliste, atteignable et elle doit être partagée au-delà des sensibilités politiques, au-delà des alternances », a considéré à Caen le locataire de l’Elysée. Il a également fait valoir qu’il avait, depuis 2012, « veillé, même dans cette
période si difficile pour nos finances publiques, à préserver les moyens de la recherche ».
Des coupes budgétaires visant des organismes de recherche avaient suscité une levée de boucliers au printemps, notamment de cinq Prix Nobel mais aussi chez les socialistes, avant que le président ne revienne partiellement dessus. (AFP)
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