Au départ, on est surpris par la différence physique. Première fois que je les vois côte à côte : François Sauvadet, grand et costaud et Marie Guite Dufay, petite, menue, presque fragile… Ne nous fions pas aux apparences. Elle va se montrer pugnace…
Beaucoup de responsables des milieux économiques dans la salle. Davantage de Franc-Comtois que de Bourguignons, me semble-t-il…
Des politiques, aussi. Chaque candidat est venu avec quelques uns de ses fidèles. Au total, un peu plus de 150 personnes.
Le débat commence sur les chapeaux de roue… Ils s’échappent dès le premier thème : le fonctionnement du conseil régional. Le haut-débit fait son irruption. Oui, elle a mis de l’argent, beaucoup d’argent : 135 millions d’euros. Lui parle de manque d’efficacité et de fibre optique mise sur les rails en 5 mois avec les 6 présidents des conseils départementaux (Le sien, la Côte d’Or et les 5 autres, de droite de la nouvelle région). Elle réplique « dorsale numérique entre Belfort, Besançon et Dijon… »… Les initiés comprendront !
C’est l’une des rares fois où le débat peut être difficile d’accès pour les néophytes…Sur la scène, les deux candidats s’affrontent, chiffres à l’appui.
Il l’accuse de ne pas avoir dépensé tous les fonds européens : 5,5 millions n’auraient pas été utilisés. Elle réplique qu’il méconnaît la procédure.
L’aéroport de Dole-Jura ? lui est pour à 100 %. Elle est plus réservée : selon elle, le modèle économique est non viable à terme, sans fonds des collectivités.
Chacun rivalise pour montrer sa connaissance du terrain. Il multiplie les « j’ai rencontré tel chef d’entreprise » ou » je suis allé à l’UTBM de Belfort », histoire de montrer son implication, sa connaissance des milieux économiques et leurs difficultés. Il parle de General Electric et de ses turbines si lourdes que l’avenir même du site est menacé. Il dit « j’ai rencontré », elle dit « j’ai fait »… Elle met en avant ses relations excellentes et de longue date avec les responsables, surtout la CCIR (Chambre de Commerce et d’Industrie Régionale), citée à de nombreuses reprises pour le travail accompli au cours des dernières années.
Il l’attaque sous l’angle politique « Les Ecologistes veulent toujours plus de contraintes environnementales… Vous allez être obligée de négocier un accord au soir du premier tour sur un coin de table… ». Elle répond davantage aux préoccupations des chefs d’entreprise et ne s’aventure surtout pas sur le terrain purement politique.
Les responsables économiques sont étonnés par sa connaissance des dossiers : « Ce n’est pas comme la dernière fois où nous l’avons rencontrée. Cette fois-ci, elle a préparé cette soirée. ». François Sauvadet les déçoit un peu : « Nous ne voulions pas de débats politiciens… »
Elle joue la carte du consensus. Elle peut s’appuyer sur un bilan. Et même si elle est sur la défensive, elle a quelque chose à présenter. Ce n’est pas toujours « tout rose » dit-elle mais elle maîtrise chiffres et dossiers. Et, pour une fois, elle n’a pas agacé les chefs d’entreprise en leur parlant de son dada : l’économie sociale et solidaire…
Souvent, elle dit : « si je suis présidente » ou « si nous sommes encore en responsabilité… »
Souvent, lui dit : « Quand je serai président… »
A entendre : les interviews de Jean-Luc Piton et Pierre-Antoine Kern, présidents des Médef Franche-Comté et Bourgogne, de François Sauvadet et de Marie-Guite Dufay