Dimanche, le FN a cassé la baraque. Il a qualifié ses binômes pour le second tour des élections départementales dans 49 des 62 cantons de Franche-Comté. Mais contrairement au scrutin européen de juin 2014, le Front national n’est pas la première force politique de Franche-Comté. Il n’est « que » 3e au niveau régional (28,6%), devancé par les binômes présentés par l’UMP-UDI, largement en tête (32,9%), mais aussi par les candidats du Parti socialiste (28,6%, comme le FN donc, mais 374 voix de plus pour le PS).
A droite, l’union fait la force
Les binômes présentés par l’UMP et l’UDI sont en tête de ce premier tour (32,9%), près de 3 points devant ceux du PS. Sans surprise, la droite réalise ses meilleurs scores dans le Jura (36,2%), où elle devrait reconquérir le conseil général, présidé depuis 2011 par le socialiste Christophe Perny. Elle est aussi en première position dans le Doubs (32,7%), et dans le Territoire de Belfort (32,4%). Deuxième en Haute-Saône, la droite y est néanmoins au-dessus de la barre des 30%.
Ces bons scores récompensent une union entre l’UMP, l’UDI et le MoDem réalisée quasiment dans tous les cantons. La droite a limité les candidatures dissidentes, et donc la dispersion des voix.
La Franche-Comté, ne l’oublions pas, est une région qui penche à droite. C’est l’une des seules de France à avoir voté Nicolas Sarkozy plutôt que François Hollande au second tour de la présidentielle 2012 (51% contre 49%). La droite a en outre la majorité des parlementaires: huit députés sur douze, sept sénateurs sur huit.
Aux élections européennes de juin 2014, la liste UMP menée par Nadine Morano avait recueilli 23,1% des suffrages francs-comtois, tandis que le score de la liste UDI-MoDem de Nathalie Griesbeck était de 7,90%.
A noter que des binômes divers droite ont réalisé de très bons scores, à l’image de Jean-Louis Millet-Christine Sophoclis à Saint-Claude dans le Jura, ou de Marie-Dominique Aubry et Benoît Thomassin à Vesoul (Haute-Saône).
Le PS résiste malgré tout
Les candidats présentés par le Parti socialiste et les quatre majorités départementales sortantes limitent la casse. Avec 28,6% des suffrages au niveau régional, ils sont plombés par leurs résultats dans le Jura (23,9% seulement). Les binômes présentés par le PS sont néanmoins à la première place en Haute-Saône (32,8%), ce qui devrait permettre à Yves Krattinger de conserver la présidence du Département.
Aux européennes, la liste PS menée par Edouard Martin n’avait recueilli que 13,5% des voix dans la région, tandis que François Hollande avait obtenu un score de 25,9% au premier tour de la présidentielle. L’implantation des conseillers généraux sortants a sans doute joué en leur faveur.
Le Front national fait presque jeu égal
28,8% aux européennes avec la liste de Florian Philippot et de la Franc-Comtoise Sophie Montel, 28,6% pour ces élections départementales moins d’un an plus tard. Le Front national, qui avait d’abord réussi son pari de présenter des candidats partout (61 binômes sur les 62 cantons de la région), confirme son implantation locale.
On observe que le FN est le plus fort là où la droite est la plus faible (29,7% en Haute-Saône), et qu’à l’inverse, le FN est le plus faible là où la droite est la plus forte (25,9% dans le Jura).
Premier dans 9 cantons au premier tour, le Front national devrait avoir ses premiers élus départementaux dans le Doubs, le Territoire de Belfort ou la Haute-Saône.
Il existe bien une gauche au-delà du PS
4,4% pour les candidats présentés par le parti communiste et ses alliés, 1,7% pour ceux d’Europe Ecologie-Les Verts, non soutenus par le PS. Derrière ces scores régionaux, une réalité: le Front de Gauche et EELV étaient absents dans de nombreux cantons. Dans les cantons où ils se présentent, les résultats sont tout autres. Dans le Jura par exemple, EELV et le PCF étaient unis sous la bannière « Majorité Citoyenne », avec le Parti de Gauche et le NPA notamment. Les résultats des 9 binômes vont de 8,4% à 24,4%, avec une moyenne de 15,7%. Voici le détail par partis:
Pour le Parti communiste et ses alliés : 9,6% dans les cantons où ils sont présents
- Dans le Doubs, les 12 binômes présentés par le PCF-FDG sont entre 4,4% et 11,9%. Le deux binômes du Parti de Gauche sont à 3,2% et 5%. Au total, ces candidats obtiennent en moyenne 8,4% des résultats de leurs cantons.
- Dans le Jura, 6 binômes « Majorité citoyenne » sont à 16,9% de moyenne (avec le binôme PCF-EELV de Poligny), de 8,4% à 23,4%.
- En Haute-Saône, les 6 binômes PCF-FDG réalisent des scores compris entre 3,7% et 16,1%, soit 9,1% de moyenne.
- Dans le Territoire de Belfort, les 5 binômes PCF-FDG obtiennent entre 3,7 et 7,4%, soit 5,4% de moyenne.
Pour Europe Ecologie-Les Verts: 9,8% dans les cantons où ils sont présents
- Dans le Doubs, 4 binômes EELV obtiennent entre 6,1% et 11,9%, avec une moyenne de 8,6%. A noter que dans les 3 cantons où ils étaient en concurrence, les candidats EELV devancent ceux du PCF-FDG.
- Dans le Jura, un binôme EELV se présentait hors du mouvement Majorité Citoyenne. Il a obtenu un score de 12,2% à Mont-sous-Vaudrey. Avec les trois autres binômes avec un candidat EELV, la moyenne d’EELV est de 12,7% (sans le binôme mixte de Poligny, 21%, déjà compté pour le PCF)
- En Haute-Saône, les 3 binômes EELV sont entre 6,3% et 13,3%. La moyenne est à 8,6% dans ces trois cantons.
- Dans le Territoire de Belfort, EELV ne présentait pas de candidats propres.
- Surtout, les deux candidats EELV soutenus par le PS réalisent de très bons scores. C’est le cas de Claude Mercier (32,2% à Besançon 3 – Châtillon) avec une candidate DVG, et de Daniel Feurtey, 31,8% dans le canton de Bavilliers (Territoire de Belfort), avec une candidate PS.
Le MoDem existe encore
0,4% au niveau régional, c’est peu, très peu. Surtout quand on se rappelle que François Bayrou avait obtenu 8,7% des suffrages francs-comtois en 2012. Mais ces 0,4% sont obtenus avec seulement… 3 cantons ! Tous les binômes présentés par le MoDem seul l’ont été à Belfort, à l’initiative du conseiller général sortant Christophe Grudler, qui n’a pu s’entendre avec l’UMP et l’UDI du Territoire. Résultat: entre 7,3% et 20,5%, avec une moyenne à 13,9% et une qualification pour le second tour pour le chef de file du MoDem.
Par ailleurs, deux candidats MoDem se sont présentés dans le cadre d’une alliance avec l’UMP et l’UDI. Avec succès, puisqu’ils sont tous les deux en tête au premier tour. Dans le Territoire de Belfort, dans le canton de Bavilliers, Eric Koeberlé (avec une candidate UMP) obtient 35,4% des suffrages. Dans le Doubs, Odile Faivre-Petitjean, allié à l’UMP Alain Loriguet, est à 28%, dans le canton de Besançon-Thise (Besançon 4).
Fortunes diverses pour les « petits »
D’abord le Parti radical de gauche. Evincé de l’union de la gauche (PS-MRC-EELV) dans le Territoire de Belfort, le PRG a présenté ou soutenu 3 binômes. Les résultats sont médiocres: 1,1% au niveau départemental, 0,1% au niveau régional.
L’Union populaire républicaine a présenté seulement deux binômes, un dans le Doubs, un dans le Territoire de Belfort: 1,8% pour le premier, 3,2% pour le second. Le parti souverainiste de François Asselineau avait obtenu 0,4% des suffrages francs-comtois aux élections européennes de 2014.
Enfin, le Parti Egalité et Justice, qui se veut le « parti des banlieues » et dont le programme vise clairement à séduire les électeurs musulmans (Fête de l’Aïd jour férié, menus halals dans les cantines, abolition de la loi sur le voile obligatoire à l’école…) se présentait pour la première fois à une élection. Ses six binômes engagés en Franche-Comté obtiennent des scores compris entre 1,4% à 6,1%. Dans ces cantons, le score moyen du PEJ est à 2% (notre article sur ce parti ici).