Le député UMP du Territoire-de-Belfort Damien Meslot vient de rendre un rapport remarqué sur la réorganisation de l’armée. Avec sa collègue socialiste Geneviève Gosselin-Fleury, députée de la Manche, il pointe les dysfonctionnements du logiciel Louvois, chargé du paiement des soldes. Damien Meslot estime que ce « scandale » est dû notamment à la réduction des effectifs de l’armée. « C’est une politique que j’ai assumée, mais on a été trop loin », reconnaît-il.
Dans leur rapport parlementaire, Geneviève Gosselin-Fleury et Damien Meslot relèvent d’abord que les objectifs fixés par le pouvoir politique ont été atteints. « Les baisses d’effectifs correspondent à ce qui avait été prévu et la réorganisation des régiments en bases de défense est plutôt une réussite », note le député belfortain.
Pourtant, malgré 54.000 suppressions de postes, les dépenses de personnel continuent de progresser. « L’armée a eu tendance à supprimer les bas échelons plutôt que les généraux », révèle Damien Meslot, qui a découvert quelques conséquences inattendues des restrictions budgétaires: « Dans certains régiments sous-dotés, les soldats sont obligés d’acheter leur papier toilette ou leurs produits d’entretien ». C’est sûr, on n’imaginait pas nos militaires devoir s’encombrer de telles contraintes domestiques.
130 millions d’euros versés en trop
Surtout, ce sont les dysfonctionnements du logiciel Louvois qui ont interpellé les parlementaires: « D’un côté, plus de 130 millions d’euros ont été versés en trop et de l’autre, plein de militaires ont reçu des soldes à zéro. Quand vous êtes en train de servir la France en Afghanistan et que votre femme vous appelle parce qu’elle ne peut pas payer la cantine des enfants, vous imaginez?, s’insurge le parlementaire. Si ce n’était pas des militaires, il y aurait eu des manifs partout. Ils sont restés très réservés et c’est tout à leur honneur ».
Pour Damien Meslot, ces « erreurs » sont devenues un « scandale » car « personne n’a voulu reconnaître sa responsabilité ». Il dénonce une « mise en œuvre aberrante » de Louvois par la direction des ressources humaines du ministère. A l’époque, Nicolas Sarkozy est le Président de la République, François Fillon le Premier ministre, et Hervé Morin le ministre de la Défense. « Oui, c’était nos amis, mais j’essaie d’être honnête avec les militaires, assume Damien Meslot. On a tendu la ficelle jusqu’à l’extrême limite. Il aurait fallu moins la tendre ».
« Tout s’effondre car on n’a plus les moyens »
Aujourd’hui, le gouvernement Ayrault prévoit la suppression de 24.000 postes supplémentaires d’ici 2019. Désormais dans l’opposition, Damien Meslot milite pour une réaugmentation du budget militaire: « On a été trop loin dans la réduction des effectifs, et on a porté l’effort sur le soutien plus que sur l’opérationnel. Du coup, tout s’effondre car on n’a plus les moyens. Il faut arrêter de réduire le format de l’armée ».
Quant à Louvois, les bugs « sont corrigés au fur et à mesure ». « La seule solution », pour Damien Meslot, qui indique qu’il faudrait trois ans pour remplacer le logiciel défaillant.
A lire aussi:Livre blanc de la Défense: « Il faudra faire avec » pour Jean-Pierre Chevènement Damien Meslot s’oppose à une intervention en Syrie
Livre Blanc: Alain Chrétien redoute « un vrai déclassement stratégique de la France » Mali: « Il ne s’agit pas d’une ingérence » pour Jean-Pierre Chevènement
Damien Meslot s’inquiète pour l’avenir de l’armée