Y aura-t-il bientôt une place Yasser Arafat à Belfort? Le maire PS Etienne Butzbach aimerait associer le nom de l’ancien leader palestinien à celui d’Yitzhak Rabin, dont une place belfortaine porte déjà le nom depuis la fin des années 1990. Une provocation pour la communauté juive. « Pour lui, c’est le symbole des accords d’Oslo, pour nous, c’est le symbole d’un assassin », dénonce Laurent Hofnung, le président de la communauté juive de Belfort. Roger Cukierman, le président du conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a écrit à Etienne Butzbach pour qu’il reconsidère sa position.
Le projet du maire PS de Belfort, Etienne Butzbach, vise à rendre hommage aux efforts de paix du dirigeant palestinien et de l’ancien Premier ministre israélien, qui ont abouti aux accords d’Oslo en 1993 et leur ont valu d’obtenir un prix Nobel de la Paix l’année suivante.
La place en question porte déjà depuis la fin des années 1990 le nom de M. Rabin, assassiné en 1995, et le maire souhaite désormais lui associer celui de M. Arafat, décédé en 2004.
« Le symbole d’un assassin »
« Pour lui, c’est le symbole des accords d’Oslo, pour nous, c’est le symbole d’un assassin », a déclaré à l’AFP Laurent Hofnung, président de la communauté juive de Belfort, indiquant qu’il y avait « un large consensus » dans cette communauté sur la question.
« Arafat est quelqu’un qui a commandité des attentats contre des familles, contre des enfants, dans des hôtels, ou qui les a cautionnés. Même après les accords d’Oslo, quand il y a eu des attentats, il ne les a jamais vraiment désapprouvés », a-t-il poursuivi.
Dans son courrier adressé à Etienne Butzbach, Roger Cukierman, le président du CRIF, dénonce pour sa part une « initiative éminemment politique » et lui demande de reconsidérer sa position « eu égard à l’émotion suscitée par cette décision ».
« Nous n’avons pas à choisir entre les communautés »
Le maire de Belfort a précisé à l’AFP que la question serait probablement débattue l’automne prochain en conseil municipal. « La place est en cours de rénovation, et nous réfléchissons au fait de pouvoir associer le nom de Yasser Arafat à celui de Yitzhak Rabin, dans la mesure où la paix, c’est aussi le fait de ne pas diaboliser son adversaire », a-t-il expliqué.
Selon lui, seul le nom de M. Rabin avait été donné initialement par la municipalité parce qu’il était le seul décédé parmi les trois Nobel de 1994, dont faisait aussi partie l’Israélien Shimon Peres, toujours en vie et actuel Président d’Israël. « Mais il était évident que les deux autres protagonistes étaient associés dans cet hommage », a-t-il fait valoir.
La semaine passée, nos confrères de l’Est Républicain rappelaient que l’initiative municipale était en revanche bien accueillie dans la communauté musulmane.
« Lorsque la place Rabin a vu le jour », se souvient Moustapha Lounès, président de Résistance citoyenne, « nous avons parlé d’anomalie. Il n’y avait qu’une seule plaque, alors que les deux hommes ont reçu conjointement le prix Nobel. Aujourd’hui, nous sommes satisfaits de cette nouvelle. La Ville rectifie le tir ».
Et Etienne Butzbach d’assurer qu’il est « préoccupé que tout un chacun comprenne le sens de ce geste (…) La mairie ne peut être l’expression d’une communauté ou d’une autre, nous n’avons pas à choisir entre les communautés, nous devons représenter l’intérêt général ». (Avec AFP)
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