Le Parlement européen se prononcera demain sur le projet de définition européenne de l’absinthe. La commission de la santé publique et de la santé alimentaire recommande aux députés de rejeter ce texte, notamment car l’un des composants, la thuyone, est « susceptible de nuire à la santé humaine ». Selon la commission, la définition proposée imposerait en outre aux producteurs d’« altérer leur recette ancestrale, abandonnant du même coup leur méthode de production traditionnelle ». Un rejet du projet européen laisserait le champ libre aux producteurs suisses, qui développent une IGP dans le Val de Travers. Les producteurs français craignent de ne plus pouvoir vendre leurs bouteilles sous le nom d’absinthe. La députée Annie Genevard a alerté ses collègues européens.
La situation est grave. Dans un communiqué, la députée-maire UMP de Morteau Annie Genevard indique qu’elle « a pris en urgence l’attache de ses collègues Députés Européens pour les alerter sur ce vote, en précisant l’enjeu capital pour les producteurs d’Absinthe de Pontarlier et de l’ensemble du pays. »
Les producteurs français demandent depuis des mois une définition européenne de l’absinthe, pour contrer l’initiative suisse. Nos voisins ont en effet déposé une dossier d’IGP (indication géographique protégée) pour l’absinthe du Val de Travers. Déjà, en novembre, le députée EELV du Doubs Éric Alauzet s’inquiétait de la situation et demandait au gouvernement d’intervenir au niveau européen.
Le projet de définition sera soumis au vote du Parlement européen ce mercredi. Le problème, c’est que la commission de la santé publique et de la santé alimentaire recommande le rejet du texte. La définition proposée imposerait en effet au moins 0,5 gramme d’anéthol et entre 5 et 35 milligrammes de thuyone (alpha et beta) par litre d’absinthe. Or, « certaines recettes traditionnelles ne prévoient pas un niveau minimal d’anéthol », note la commission, qui préfèrerait que « l’absinthe, en tant que catégorie de produit, pourrait être définie d’une manière qui respecte les variétés régionales plutôt que d’imposer aux producteurs de modifier leurs méthodes traditionnelles de production ».
Par ailleurs, la commission de la santé publique et de la santé alimentaire rappelle que « la thuyone contenue dans l’espèce Artemisia absinthium L. est mentionnée par le compendium des espèces botaniques qui contiennent naturellement des substances susceptibles de nuire à la santé humaine si elles sont utilisées dans les aliments ou les compléments alimentaires, publié par l’Autorité européenne de sécurité des aliments ».
La Parlement européen votera sur la question demain mercredi, à la mi-journée.