Philippe Gonon quitte donc le MoDem. Le centriste bisontin n’a pas supporté que son ancien patron, François Bayrou « cherche un poste » au gouvernement ou ailleurs. Sitôt sa lettre de démission envoyée, Philippe Gonon adhère à l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo. C’est avec cette nouvelle étiquette qu’il souhaite partir aux municipales de 2014 à Besançon. Mais alors que l’UDI a d’emblée marqué son ancrage à droite, lui se dit prêt à discuter avec tout le monde. « On ne ferme aucune porte », prévient-il, comme pour se prémunir d’une UMP tentée par un rapprochement avec le Front national. Interview.
Pourquoi avoir décidé de quitter le MoDem?
« Quand on applique une stratégie depuis six ans, qu’on la met en œuvre tous les jours, et que l’on s’aperçoit qu’elle n’est pas la bonne, il faut en tirer les conséquences. Soit le mouvement change sa stratégie, soit on change de mouvement. Un changement de stratégie n’était pas prévue par le chef de réseau, je n’étais plus tout à fait d’accord avec lui. Donc je vais dans une autre boutique qui me semble plus en rapport avec la réalité des choses. »
Cela veut dire que vous tournez le dos à François Bayrou, auquel vous étiez fidèle depuis des années…
« Quelqu’un a parlé à son propos d’ « isolement », je ne suis pas loin de reprendre le même terme. Sa main tendue, de manière prononcée, à François Hollande, ne me satisfait pas. Au-delà des mots et des postures, j’ai entendu des compliments appuyés à une politique qui n’est pas celle que nous préconisons. Donc soit il cherche un poste, soit je n’ai rien compris. »
Pourquoi avoir choisi de rejoindre l’UDI ?
« La famille des centres, c’est une grande cathédrale avec beaucoup de petites chapelles, qui donnent toutes sur la nef centrale. Nous sommes tous issus du même moule. J’ai beaucoup discuté avec les gens de la Gauche Moderne, du Parti radical, il n’y a pas de divergence absolue entre nous. Avec Didier Klein, que j’ai rencontré en août, on parle la même langue, on a la même vision des choses. »
L’UDI a revendiqué dès sa création son ancrage à droite, alors que le MoDem revendiquait haut et fort son indépendance. Ne craignez-vous pas de devenir un satellite de l’UMP?
« Dans l’UDI, il y a « indépendants ». On ne se laissera pas croquer facilement. Parler d’accord avec l’UMP est prématuré. Nous avons des valeurs et un projet, ville par ville, agglomération par agglomération, pour les municipales. J’aime bien le terme de Didier Klein de « négociations équitables ». Mais si l’UMP se rapproche du FN, nos valeurs reprendront le dessus. Un accord de l’UMP avec le FN nous ferait beaucoup tousser. »
Est-ce plus facile de se présenter aux municipales à Besançon avec l’étiquette de l’UDI qu’avec celle du MoDem?
« L’UDI, pour moi, c’est le rassemblement. J’ai voulu abandonner la stratégie d’isolement du MoDem. On essaye de rassembler depuis août autour de nos projets sur les villes et les agglomérations. Les gens que je contacte sont apolitiques, de droite, de gauche, du MoDem aussi… On ne coupe pas le cordon. »
Discutez-vous également avec l’UMP?
A lire aussi: Les centristes se lancent dans la course aux municipales Qui siégera dans la commission spéciale sur le Pavé dans la Mare? Philippe Gonon exige le départ du « truqueur » Yves-Michel Dahoui« Non. Pour l’instant, il n’y a pas de discussion. Mais on ne ferme aucune porte. Demain, on discutera peut-être avec des gens de droite ou des gens de gauche. Pour les municipales, on ne parlera pas du mariage pour tous ou du droit de vote des étrangers. On s’intéressera aux questions scolaires, aux transports, à l’accessibilité. Pour un handicapé en fauteuil roulant, il n’y a pas de politique d’accessibilité de droite ou de gauche. »