Le sénateur et président socialiste du conseil général du Doubs était l’invité du journal régional dimanche. Il est revenu avec Florence Cicolella sur l’actualité de la semaine, notamment les menaces qui pèsent sur les arrêts francs-comtois du TGV Lyria. « Je ne lâcherai pas », a-t-il promis, considérant que c’est ni plus ni moins « l’avenir touristique et économique du Haut-Doubs » qui est en jeu. Mais il fut aussi beaucoup question de cumul des mandats. Et Claude Jeannerot n’en démord pas: être patron d’un Département lui permet de faire mieux son travail de parlementaire.
« Tu aurais dû rappeler que si une loi est adoptée, tu t’y conformeras ». A l’issue du journal, on en parle encore. De quoi? du cumul des mandats bien sûr. C’est l’un des membres de son cabinet qui glisse cette phrase à l’oreille de Claude Jeannerot à la sortie du studio. « C’est une évidence », lui répond l’élu. « Oui, mais tu aurais dû le dire ».
Au cours de la minute et demie que le sénateur et président du conseil général du Doubs a passé à répondre sur la question du cumul des mandats, cette précision n’a pas été faite, et elle aurait en effet été utile.
Car il faut bien l’avouer, Claude Jeannerot n’a pas semblé très enclin à abandonner l’un de ses deux mandats. « Je n’ai pas honte d’être à la fois sénateur et président de conseil général », clame-t-il.
Le courrier que Martine Aubry a envoyé à tous les parlementaires socialistes, leur demandant d’être « exemplaires » avant même l’adoption de la loi promise par François Hollande? Il assure ne pas être concerné: « Rien ne m’a été demandé à moi. Je n’ai jamais pris un tel engagement ».
Au contraire, l’élu estime que ses deux casquettes se complètent et même qu’un mandat alimente l’autre: « Ceux qui m’ont désigné au Sénat, les maires et les conseillers municipaux, ne l’ont pas fait en dépit de mon statut de président du conseil général, mais ils m’ont choisi précisément parce que j’étais président du conseil général (…) Quand je m’exprime dans l’hémicycle du Sénat, c’est tout le territoire que je porte. Je ne suis pas un sénateur « hors-sol ». »
Certes, Claude Jeannerot concède qu’il est « nécessaire de réformer le système ». Pas forcément parce qu’il est mauvais et limite le renouvellement (social, générationnel et féminin) des élus, mais « parce que les électeurs l’attendent, et puis parce que c’est l’engagement du Président de la République ». On a connu des argumentations plus motivées…
Tous cumulards !
Bien sûr, Claude Jeannerot est loin d’être un cas isolé parmi les parlementaires de la région. Sénateur et président de conseil général, Yves Krattinger l’est aussi. Et le Haut-Saônois est aussi président de la communauté de communes du Pays Riolais. Parmi les députés, on peut aussi citer l’exemple de Jean-Michel Villaumé. Le député-maire d’Héricourt s’insurgeait en juin 2010 contre les cumulards, il voulait même proposer une loi. Une fois réélu en juin dernier, il décide finalement de ne pas montrer l’exemple et reste maire de la 2e ville de Haute-Saône.
Dans l’œil du cyclone, les élus socialistes ont en quelque sorte le tort d’appartenir à un parti qui veut faire bouger les lignes sur ce terrain. Mais à droite, ce n’est guère mieux, avec par exemple, deux députés UMP également maire de ville-préfecture. A Vesoul, Alain Chrétien est en plus président de la communauté d’agglomération. A Lons-le-Saunier, Jacques Pélissard l’est également, et il occupe en plus le prestigieux siège de président de l’influente association des maires de France, ce qui lui confère, sans nul doute, le titre de champion régional du cumul. A tel point qu’on s’interroge: comment peut-il tout faire?…
Avec de tels exemples, on se demande également qui va la voter, cette fameuse loi limitant le cumul des mandats.
L’interview complète de Claude Jeannerot, avec Florence Cicolella