L’Europe n’a pas la cote auprès des Français. Pas étonnant : quand elle fait quelque chose de bien, on l’oublie. Quand quelque chose cloche dans le pays, c’est forcément de sa faute.
Avec ce Prix Nobel de la Paix, aussi beau qu’inattendu, le regard des Français peut-il changer ?
L’Europe est invisible
Avez-vous déjà vu un représentant de l’Europe à une inauguration ?
Pourtant, l’Europe finance beaucoup des réalisations. Souvent, elle apporte le petit pourcentage qui fait que le projet prend corps…
Connaissez-vous le nom de l’un de vos députées du Grand Est ?
Et après, vous voulez que le Français aime l’Europe…
L’Europe a le dos large
Quand surgit une difficulté, le politique a tendance à trouver rapidement un responsable : « C’est la faute à l’Europe ». Plus facile à dire, la formule contient 21 lettres, qu’un argumentaire développé et tellement plus accessible au citoyen…
La baisse du pouvoir d’achat, c’est la faute à l’euro, donc « C’est la faute à l’Europe ». Une nouvelle contrainte ? « C’est la faute à l’Europe !
De plus, ceux qui devraient être ses premiers défenseurs, puisque premiers bénéficiaires, les agriculteurs, représentent la catégorie socio-professionnelle la plus anti-Europe !
Les mieux servis grâce à la PAC ont voté majoritairement contre le TCE, le Traité Constitutionnel Européen, en 2005.
Il faut dire que le paysan français n’en est pas à une contradiction près : farouchement hostiles aux quotas laitiers au début des années 80, ils sont aujourd’hui farouchement hostiles… à leur suppression !
Et après vous voulez que le Français aime l’Europe !
L’Europe est une variable d’ajustement
Etre élu au Parlement européen n’est pas très difficile pour un politique français : avec le scrutin de liste, il suffit qu’il soit en bonne place sur la liste de son parti. En démissionner est aussi simple : il suffit qu’il obtienne un nouveau mandat. L’apparatchik dédaigne aussitôt l’assemblée européenne pour se ruer au Palais Bourbon. Le scrutin de liste ? Tellement moins bien pour l’ego qu’une élection uninominale au suffrage universel !
L’Europe c’est comme le conseil régional : un strapontin en attendant d’avoir mieux ! (Que Pierre Moscovici dise le contraire…)
Autre exemple éclairant : le Traité Constitutionnel Européen de 2005. Le Parti Socialiste explose sur cette question. Laurent Fabius prend la tête des « Nonistes » pour exister politiquement à gauche. Belle motivation, l’Europe !
Aujourd’hui, le même Laurent Fabius est Ministre des Affaires Etrangères. Etonnant, non ?
Et vous voulez que le Français aime l’Europe !
L’Europe reçoit le Prix Nobel de la Paix
C’est la bonne nouvelle de la journée. Quel beau prix pour une institution qui peine tellement à se relancer ces temps-ci. Quelle belle récompense !
N’y voyons pas qu’un remerciement pour les tâches déjà accomplies mais également un encouragement pour celles qui restent à accomplir et pour le rôle que l’Europe doit tenir sur la scène internationale.
L’Europe ? Déjà une réussite : depuis 60 ans, exceptée la Yougoslavie, nous n’avons pas eu de guerre sur notre sol.
Pour justifier mon côté pro-européen, la paix a toujours été mon premier argument. Il paraît que « c’est un argument des plus de 60 ans. »
Tant pis, j’assume.
La paix, rien que la paix, déjà un bel argument que d’autres habitants de cette planète nous envient tellement. Ne n’oublions pas.